Quand l’un des illustres mais obscures personnages de la scène hip-hop américaine, ex-filtré du crew Das Racist, décide d’annoncer sa mort sur un nouvel album, c’est une délicieuse paresse qui exulte : une ode à la branlette et un acte à la résurgence politique certaine.

Ca y est c’est officiel : Kool A.D is dead. Triste et heureuse nouvelle de voir ce trublion du paysage indé de la west coast muer sa chair musicale rappeuse en une ode rock désarticulée où l’oisiveté horizontale est une ineffable source d’inspiration. Ainsi le prolifique garçon épate autant qu’il sidère grâce à une production léchée qui croise les genres avec une insolente facilité. Il y a la petite bossa ensoleillée I don’t wana du nuthin at all, le rock énervé et viscéral sans sourciller Love Is Everything, le tout porté dans une onde lo-fi brinquebalante proche du new-yorkais Eric Copeland. Direct, punchy, mélodique, écorché, souillé, les pistes transcrites étalent des influences identifiées par la Terre entière comme celui du renouveau du rock n’ roll, baie de San Francisco oblige.

Sortir ainsi de sa zone de confort pour surfer sur de nouvelles vagues sonores rappelle que faire du bon son est avant tout une source d’inspiration et d’audace, ce à quoi l’italo-cubain semble être repu au regard de ses dernières sorties, pas moins de six sur l’année 2016 dont quatre cet été… Artistiquement schizophrène, cet amoureux de musique balance ses skeuds gratos sur la toile (en digital hein…) dans une Californie épicentre de la domination d’un hypercapitalisme trusté par les Google et autre Apple. On appréciera le pied de nez fait à ce monde hésitant entre totalitarisme et obsession du partage for free.

Egalement inspiré par les thématiques raciales dans lesquelles son pays s’est engouffré et constitué, Victor Vazquez est aussi un graphiste qui n’hésite pas à tirer le portrait de cultes occultes pas vraiment fendards, KKK en tête de file.

On ne saurait donc que trop vous conseiller de plonger dans la vaste discographie de cet hybride personnage, dont ce  »Kool. A.D is Dead », baptisé en référence au célèbre  »De La Soul Is Dead », a tout pour rafraichir les oreilles encrassées et prolonger le continuum espace-temps inhérent à une scène établie depuis les 80’s. Et si la dose n’a pas été assez conséquente, les tsunamis O.K et Zig Zag Zig émaillés chacun d’une centaine de pistes, assouviront plus qu’il ne faut les âmes de mélomanes aventureux. Des plaisirs gratuits de la sorte ne sont pas souvent permis, on tient peut-être le Richard.D.James de la musique dite urbaine.

Kool A.D. // Kool A.D. is dead // Sorti le 5 juin

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