Le label américain Light In The Attic publie un recueil d’ambient japonais des années 80. C’est sublime mais on ne peut en écouter que la moitié en streaming. Pour entendre le reste, il faudra banquer.

Produit star chez les vieux hipsters férus de jazz éthiopien ou de psyché turc, l’ambient japonais 80’s restait une denrée rare. Si la rumeur avait bruissé jusqu’ici que des petits génies nippons manipulaient il y a plus de trente ans la « musique d’ambiance » avec autant de doigté que Miyazaki peaufinait ses mangas, il était assez difficile de s’y retrouver dans ce domaine ultra-spécifique. Dénicheur d’artistes disparus à grand coup de rééditions depuis 2001 (Betty Davis, Lizzy Mercier Descloux, Sixto Rodriguez, Lewis…), le label de Seattle Light In The Attic comble enfin ce trou.

Résultat de recherche d'images pour "Kankyo Ongaku"Avec sa compilation « Kankyo Ongaku : Japanese Ambient, Environmental & New Age Music 1980-1990 », il y a désormais un solide point d’ancrage en la matière. Sélectionné avec maestria par Spencer Doran du duo électronique d’Oregon Visibles Cloaks, ce pan entier du patrimoine musical japonais se relève enchanteur. C’est peu de le dire.

Attention toutefois car, pour des questions de droits – particulièrement rudes au Japon visiblement –, seuls 10 titres sont disponibles sur les plateformes de streaming alors que la compilation compte 23 morceaux en CD et 25 sur l’opulente édition vinyle. Il en sera ainsi « pour le moment » indique le label quand on lui pose la question.
Il faudra donc débourser entre 30 et 60 euros voire bien plus selon les versions – déjà largement épuisées – pour l’écouter en son entier. Il n’a pas encore été débusqué ici, c’est dire si les propos qui vont suivre seront tronqués. Il serait pourtant dommage de s’en passer tant les 10 titres proposés font envie.

De la pub pour des clim’

Dans les années 80, le Japon à l’économie toute puissante a vu dans le « Kankyo Ongaku » (la « musique environnementale ») un bon moyen marketing de vendre ses produits hi-tech en toute relaxation. L’avant-garde au service de la consommation. Reprenant ainsi le principe de « Furniture Music » du français Erik Satie ou de « Music For Airports » de l’Anglais Brian Eno, les décideurs ont allongé les Yen pour produire une musique qui aidera à vendre des montres (le titre Seiko 3), ambiancer des magasins Muji, voire même promouvoir des climatiseurs Sanyo ! C’est ainsi que des grands noms comme Haruomi Hosono (Yellow Magic Orchestra) ou Ryuichi Sakamoto – dont les titres ne sont pas disponibles en streaming, forcément – font partie de cette anthologie zen dont la plupart des morceaux ne sont jamais sortis ailleurs qu’au Japon. Et presque tous les musiciens présents ici sont totalement inconnus en Occident.

Le mariage entre un tel pays et une telle musique paraissait assez évident, d’autant que les artistes en question injectent une touche japonaise patente à l’ambient « classique ». Sur le magnifique Variation III de Masashi Kitamura + Phonogenix, les bruits de plage se mêlent aux nappes de synthés et à une instrumentation traditionnelle, un élément aquatique qui se retrouve sur Praying For Mother / Earth Pt.1 d’Akira Ito. Entre méditation New age (Ishiura), percussions et chants (Ear Dreamin’) ou de magnifiques combinaisons entre nappes de synthés et touches de piano (Still Space de Satoshi Ashikawa, Glass Chattering de Yoshio Ojima ou Blink d’Hiroshi Yoshimura), l’ensemble est d’une immense beauté. Ca donne vraiment envie de creuser un peu plus dans le domaine. Il reste maintenant à trouver l’argent pour écouter tout le reste.

Kankyo Ongaku : Japanese Ambient, Environmental & New Age Music 1980-1990 // Light In The Attic

11 commentaires

  1. pour etre complet je recommande aussi les reeditions nippone suivantes :
    Hiroshi Yoshimura ‎– Music For Nine Post Cards chez Empire of Signs
    chez les bataves de music from memory : Kuniyuki Takahashi : Early Tape Works vol et 2
    et le Yasuaki Shimizu ‎– Kakashi chez les helvètes de We Release Whatever The Fuck We Want Records

  2. je recommande aussi les japonaiseries suivantes HOSONO & YOKOO – COCHIN MOON (une tres grosse tuerie) et le HIROSHI YOSHIMURA – PIER & LOFT et l’integral de MIDORI TAKADA en solo et avec le Mkwaju Ensemble et aussi le Mariah – takata No Hibi reedité par le label new yorkais Palto Flats.
    ET JE SOUHAITE QUE L’ON SE SOUVIENNE AVANT TOUS DE MES COUPS DE COEURS ET SURTOUT PAS DE MES COUPS DE GUEULE ( car avant tout et surtout depuis 30 ans je suis un passeur qui soutiens et promouvoi à ma bien modeste échelle des centaines d’artistes)

  3. Ma vie est une ode au support physique.et je m’en contre fiche que peux titre soit disponible en streaming .il y a une practisité a l’emploi de spoty machin et consorts mais je les boycottes j’aime trop l’objet physique

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