Le passeur/prescripteur, mythe emblématique du saint journalisme, déserte le papier culturel. Aux côtés des blogueurs acharnés offrant des mutant sounds perdus, quelques plumes savent où regarder. Encore jeunes souvent, ils sont les futurs héros ; immigrés-web de ce qu’on aimera appeler encore les rock-critics. Dans cette drôle de crèche, au milieu des bœufs et des ânes, Joseph Ghosn guette les bons signaux, descendus d’un ciel encombré.

Tu peux y aller comme au début, yeux rivés à l’écran, agrippé au stylo. Tu peux lister à l’ancienne comme lorsque tu avais tout à découvrir. Le blog de Joseph Ghosn c’est quand même la grande mine. Moi qui aimais creuser pour me trouver plus beau que les avaleurs de tubes radioscopiques… J’ai raté une marche ou quoi ? Pépites oubliées, découvertes de France et d’ailleurs, artistes inconnus mais passionnants… c’est à se prendre pour un aveugle. En bannière de son blog, une femme gémit entre torture et petite mort. Au-dessous on peut lire « Nous ne sommes plus nous-mêmes ». Je crois que je voulais rencontrer Joseph Ghosn uniquement pour qu’il me dise le nom de cette inconnue gémissante.

« Ecrire c’est un truc que j’ai toujours aimé faire ».

Né en 1971 à Beyrouth, Joseph grandit au Liban en lisant beaucoup. Tout y passe, de la bande dessinée à Lautréamont et les poètes surréalistes. Etre écrivain, c’est quand même fascinant:  « J’aimais presque autant les histoires que l’on racontait autour d’eux, que les livres qu’ils faisaient ». Avec la guerre, sa famille s’installe peu à peu en France. Son adolescence sera parisienne. Sciences-Po, Normal Sup : « J’ai fait tous mes mémoires sur des objets un peu en marge, un peu parallèles » : la représentation de la ville dans les comics, le sampling naissant… Des prédilections s’affirment, et lui commence à acheter beaucoup de disques, puis enchaine des concerts. Il lit les Inrocks, le NME. Dans ces concerts, dans ces boutiques, il croise des rédacteurs de Magic qui lui proposent d’écrire. Pendant plus de quatre ans il s’affute, souvent sur des demandes de dernière minute. « J’aime bien le côté deadline, quand tu es au bout du truc, c’est une énergie assez belle ».

Sur son blog, j’aime particulièrement ses récits de souvenirs, les émanations subtiles d’écoutes lointaines, de rencontres passées. L’un notamment m’a marqué, évoquant un hiver new-yorkais et sa rencontre avec le batteur Rashied Ali – batteur de jazz ayant accompagné des pointures comme Jimmy Smith, Pharoah Sanders ou Coltrane, excusez du peu. Et Ghosn de confirmer son intérêt pour le face à face:  « Rencontrer les gens a toujours été important. Quand tu rencontres un artiste, ça te remet les idées au clair. Tu comprends souvent, quand tu fais ça depuis longtemps et que tu te demandes « Pourquoi je le fais ? », « A quoi ça sert ? », tu te dis « Je sais pourquoi ». Tu sais que c’est important, parce que ce que cette personne-là fait est important, et que si je peux au moins le faire découvrir à une ou deux personnes, ce sera déjà ça de gagné en transmission. C’est important pour moi ».

Puis ce sera le début de la période Inrocks. Huit années débutées par l’envie de défendre la musique électronique. « Mais finalement je me rends compte que ce que j’ai le mieux défendu et le mieux porté, c’est la bande dessinée. Ca a vraiment crée une brèche, je crois ».
2008, Internet nous chronophage. Joseph Ghosn quitte les Inrocks, chez qui il faisait partie des premiers à bloguer. Hors de cette aventure collective, il peut désormais dire « Je » sans plus se poser de question. Parti pour comprendre les enjeux d’un journalisme qui investit le réseau, il devient directeur éditorial des sites des magazines de Condé Nast France (GQ, Glamour, Vogue). Le mainstream par Joseph Ghosn, ça donne des listes de produits culturels de la rentrée où Kanye West côtoie un split album Zola Jesus/L.A. Vampire: « Je n’ai pas essayé de pervertir le truc. Je pense que ce serait naïf de vouloir le faire, qu’il vous pervertit bien avant. C’est un peu comme quand on me demande « Comment tu peux t’intéresser à autant de choses, comment tu peux parler de livres, de disques ?.. ». Mais je suis comme tout le monde, je peux lire un livre, voir un film… Toucher à plusieurs choses est essentiel dans ma manière de m’exprimer. Pour ce qui est du rapport mainstream/underground, je vois les relations entre les deux. Ce qui m’intéresse en tant que journaliste c’est de savoir comment on fait un journal, comment on fait un site, comprendre comment on peut parler à un lecteur et lui faire découvrir des choses. C’était exactement la même problématique dans les Inrocks en fait, où tu te demandes « Comment je fais pour parler à plus de monde pour survivre ? ». Dans GQ, c’est « Comment je fais pour faire découvrir des choses un peu différentes, comment je les traite ? ». Pour moi, c’est la même curiosité et j’ai toujours été aussi intéressé par la musique  mainstream, en tout cas ça m’intéresse d’écrire dessus et d’écouter Radiohead ou du rap, ça ma toujours apporté. Si sur mon blog je parle de trucs un peu pointus, de drone, c’est parce que je m’y intéresse maintenant. Peut-être que dans trois ans ça aura changé. Il y a plein de trucs que je ne connais pas et je suis toujours en quête ». Le drone… La quête. Ca m’a quand même fasciné, sur ce blog : l’omniprésence des genres en pentes raides ou en longues traversées.

« Nous avons conscience du temps »

C’est ce que répète Neal Cassady à Kerouac tout au long de la route. L’interview se poursuit, on parle des moments qu’on ne prend plus, de l’attention raccourcie. Il me dit que l’hyper-accessibilité offerte par la dématérialisation a déclenché cet appétit immense d’emmagasiner. Le réseau est là et la production envahit une capacité d’écoute qui n’a pas bougé. Quels disques nous accompagnent encore et pour combien de temps ? Quelle signification leur donne-t-on ? Le drone ou le minimalisme, musiques du temps long, exigent de l’auditeur qu’il s’immerge, qu’il le veuille. « The Electric Harpsichord par Catherine Christer Hennix, une élève de Pandit Pran Nath, c’est un des plus beaux trucs que j’ai entendu, une hyper belle expérience’’. Mais pendant 25 minutes, tu n’écouteras que ça. Accaparer l’esprit et l’espace ; voilà de la musique engagée.

« J’aime bien l’idée d’être écrasé dans le son » ajoute-t-il, « qu’une chanson me frappe, me prenne tout de suite – comme dans la pop – ou me mène quelque part ». Le flot, l’impact physique. Les droniciens ne sont donc pas des arnaqueurs infoutus de jouer les notes à une cadence raisonnable ? « L’idée d’escroquerie existe partout mais la première escroquerie c’est quand vingt-cinq groupes font la même chose que Britney Spears ou Kanye West. Le drone, il suffit de prendre un peu de temps pour entendre la beauté du truc ». Le sublime au mérite.
Et pour explorer les zones glissantes, on commence par quoi : le bon goût inné ? Direct le Velvet ? Quasiment. « Quand je suis arrivé en France, la première année il y a eu une espèce de déclencheur ». C’est le début des clips. Les chances d’en voir sont encore plus grandes à minuit. « J’essayais d’être réveillé à ce moment-là. Je sentais que c’était un peu dans son époque. A l’époque j’écoutais les trucs qui passaient à la radio. Le premier que j’ai acheté c’était Prince. Purple Rain. (…) J’avais un cousin qui vivait en France, hyper branché New-Wave, fan des Stranglers. Le dimanche d’après je vais chez lui, un truc important, une ouverture dingue. Clash, le Velvet, peut-être les Sex Pistols. Plein de choses de l’époque. Il m’emmène dans un magasin qui s’appelait New Rose et m’achète un album des Stranglers et un album de The the ».

C’est par ce cousin qu’il découvrira ces endroits, ces ailleurs que la FNAC où l’on garde encore l’excitation. A l’époque on choisit sans savoir, sans écouter. Psychocandy est juste là. Tous les samedis, il est à la porte des disquaires la main en visière, à guetter l’outre-manche. Aujourd’hui il y retourne, guidé par les mêmes sensations, les envies de disques, de cassettes, de vinyles, de beaux livres… Attaché au fond à l’imprimé, à l’objet. « Je suis collectionneur sans l’être. J’accumule, souvent j’achète en double et je les donne à mes amis. J’aime bien que ça tourne, faire passer les objets ». Comme il le faisait à la fin du collège, des échanges étranges avec des amis. Le free-jazz qui croise du hardos ou les Bérus.

Lire la presse… Aller dans des… magasins de disques ?

Nerfs de la guerre, les coutumes de l’époque pour celui qui voulait creuser. « Tellement XXème siècle » murmurent nos juke-box mentaux mutés en playlists infinies. Les blogspots déterrent plutôt bien mais pour les groupes contemporains ? Comment gratter les uniformes couverts de giclette hype, voir derrière l’orthodoxie Pitchfork ?

« C’est du travail. Si je n’écoutais que ce dont parle Pitchfork ou les Inrocks ou les autres, je me ferais un peu chier. Je fais confiance à mes amis, tout le monde écoute des choses ; il y a des magasins dans lesquels je vais, mieux que tous les magazines. Quand j’ai commencé à acheter des disques, comme on ne pouvait pas tout tester, je me fiais beaucoup à des journaux mais aussi à un label, à des marques en fait. J’achetais beaucoup les disques de Creation. J’aime l’idée que dans un label, tu arrives dans une maison, une famille. J’aime encore plus découvrir un label qu’un groupe ». Parce que c’est trouver d’un seul coup une pléiade de musiciens, comme un mouvement en périodes, en virages. Puis ça fait réévaluer. « Quand Dylan Ettinger sort un disque, qu’il dit « Vangelis, c’est super » tu te dis « Ah tiens, j’ai peut-être raté quelque chose » et tu retournes en arrière. J’adore l’Histoire et l’idée qu’elle s’écrive différemment à cette époque ». Chez Joseph Ghosn, on trouve presque tous les labels excitants d’aujourd’hui, de Not not Fun à De Stijl. Des boutiques pointues, comme Bimbo Tower, des labels méconnus – La Station Radar -, des fanzines – Nazi Knife –, ont la parole sur son blog, pour des tops de fin d’année à se demander où on était.

« D’une manière générale, soit tu te cantonnes à ce que tu connais et tu délimites ton territoire, soit tu pousses et tu ouvres des portes. Donc les trucs de drones, j’y suis arrivé parce que j’ai écouté Spacemen 3 ». Il le raconte dans son livre sur La Monte Young, l’effet drogué des accords mantras sur Dreamweapon ou Rollercoaster, reprise du 13th Floor Elevator. Il voit l’origine pop, le but immédiat qui se fait allonger à la répétition, éclater à l’expérimental. Il écoute aussi quelques Allemands, technophiles ambient. « Je vois le lien entre Spacemen3 et Skullflower ». La durée l’intéresse. Il est mûr pour l’improvisation brûlante.

Au milieu des journaux, une interview de Kevin Martin cite Dark Magus, un live électrique de Miles Davis au Japon… et Black Unity de Pharoah Sanders, qu’il retrouve au début des années 90 dans un magasin de disques, bien sûr. A côté de Pharoah, un autre pharaon qui va l’obséder. Stereolab en concert avait des textures, une énergie qui l’imprégnait semblablement. « Pas dans l’écoute mais le ressenti ». Ce qui l’amène vers le krautrock mais aussi Sun Ra, ledit pharaon dont le nom est partout. Sur une compilation du label de Sonic Youth ; chez Spacemen3 qui reprend Starship du MC5, dont les paroles sont de lui.

Vous en voulez encore? On pourrait aussi citer le Top ten from the jazz underground de Thurston Moore, dans Grand Royal, défunt magazine des Beastie Boys. Toujours chercher, entendre, échanger ces disques rares. « Tu écoutes des choses puis ton oreille évolue et tu peux en écouter de plus en plus dures, les comprendre et les assimiler ». Mettre un disque d’Alice Coltrane sans problème et trouver ça beau. « C’est parfois dur à partager. C’est parfois étonnant, on s’attend à écouter une musique très dure et non, c’est hyper arrangé, avec des musiciens incroyables. Ca tourne. Le New York Art Quartet c’était très marquant, notamment un morceau avec Leroy Jones où il déclame un poème et la voix te rattache à la réalité. Pharoah Sanders il y a ça aussi, ça tourne ».
Etourdi, littéralement, Ghosn perçoit dans le free-jazz une même transe que dans la techno. Tout s’assemble dans le vortex. Ca fait sens. « Parfois la reprise ou la copie est peut-être plus belle que l’original. On a quelqu’un qui est à l’origine de quelque chose à un endroit, d’un genre. J’aime bien connaître les interprétations qui sont filtrées et donnent quelque chose d’un peu différent. J’aime bien savoir par exemple comment le reggae et le dub donnent, des années plus tard quelque chose, en Allemagne et dans la techno allemande, qui s’appelle Basic Channel, et de comprendre. Ca fait des passerelles. Quand tu découvres Basic Channel en premier, d’un coup ils te mettent des Jamaïcains sur leur disque et tu connectes d’où ils viennent, tu remontes. Je suis plus dans cette dynamique que de me dire « Je vais écouter tous les genres et tout connaître ». Son truc c’est construire, rassembler les pièces, renouer les liens brisés des puzzles soniques.


En vérité, il semble prêt pour tout groupe hors-norme. Pop étrange. Bill Orcutt, le free-bluesman. Le rock cut-up de Mahogany Brain groupe du mythe Bulteau, poète, musicien, découvreur de Houellebecq, précurseur de la No-Wave… Mahogany Brain dont un des labels fut Shandar. Label mené par feu Daniel Caux, échangeur d’autoroutes lancées vers les frontières, mélangeur d’intersections au free, au minimalisme et à l’art contemporain. Bienvenue sur un territoire cartographié par des notes de pochette. Où on se souvient que des concerts regroupaient dès l’affiche les noms MC5 et Sun Ra. « Au Liban, j’ai grandi en parlant à la fois arabe, français, anglais. Pour se tenir au courant de la culture il fallait chercher, être à l’affût, vouloir connaître plein de trucs. (…) C’est peut-être un peu con d’écouter juste le dernier Kanye West. C’est bien de l’écouter mais… ».

« Tout n’est pas du sucre » me dit-il.

Et le mainstream nique l’amer ? Chez moi aussi ça tourne. Fini les gravats jazz-rock, les dégoulinures fusion, je sors des ruines dans la cité-sthétique désenclavée, ça pulse, elle est d’une architecture en force mouvante. Les temples indiens sont reliés aux pyramides noise par des tyroliennes free. Elles surplombent des fleuves de drone frémissants. Une histoire de ponts, un câble qui traverse une même énergie que… WIRE ; le magazine anglais, qui a de façon peu étonnante une ligne semblable au blog de Joseph Ghosn, un défrichage tant diversifié qu’orienté par une même compréhension de la musique. « J’adore lire des choses qui donnent envie d’écouter » dit Joseph. Lui a toujours voulu faire des livres, un espace à investir lorsqu’on veut être critique. C’est aussi pour y consacrer son énergie qu’il est parti des Inrocks. « Ecrire trois pages sur La Monte Young, pourquoi pas mais ça a été fait il y a 30 ans dans toutes les revues d’art contemporain ». Internet ne suffit pas.

Des livres, Joseph Ghosn en a écrit plusieurs : Romans graphiques et La Monte Young chez Le Mot et le Reste. Dernièrement, Mahogany Brain chez Caedere. Il fait aussi une revue – Impossible – avec Dupuy & Berberian ; et du drone sous le nom de Discipline…  Puis il y a ce livre sur Sun Ra qui est en cours. Et d’autres projets, sur lesquels il reste discret. On parle encore un peu. De Sonic Youth. De la renaissance du format cassette et son sens pour ceux qui ont connu l’underground de la fin des années 80. Il est intarissable, j’ai envie de le lancer sur tous les groupes, tous les genres, tous les objets.

C’est en partant que je me souviens. Merde, j’ai oublié une question, évidemment la plus importante. La fille sur son blog, la gémissante qui nous accueille:  je ne sais toujours pas qui elle est.

Photos: David Arnoux
http://josephghosn.com/

15 commentaires

  1. Evidemment, c’est peut-être un peu alambiqué mais comprends moi, si je règle mon article à ta manière, je risque d’être un peu court : ‘’En fait cette bannière les gars, vous affolez pas, c’est juste une pute asiatique’’. C’est vrai, c’est efficace… mais un peu court.

  2. Pas « juste une » mais « une », pour la manière du petit commentaire… Ni « les gars » d’ailleurs.

    En revanche, une « pute asiatique », oui. Pardon, c’est bourrin et vulgaire. Pourtant, c’est la réalité si tu la cherches.

    Toutes mes excuses alors, il fallait ajouter que cet article sur J. GHOSN m’a intéressé.

    merci.

  3. C’est bien enfin que Joseph accepte son côté libanais, d’ailleurs, pourquoi n’a t il jamais gardé son vrai prénom : Yussuf ? Intéressant l’article, je vous conseille Wilfried Paris pour le prochain. Merci Gonzaï.

    Fragolin #1er

  4. Ah, pute par d’Agata ? Source ? Parce que si on check l’url de l’image elle-même, c’est « cropped-femme-scorpion.url » (truc comme ça). On remarque, après un passage sur google, qu’il y a plusieurs images similaires sur le blog, donc que c’est un film. Google bis -> La Femme scorpion est un film japonais réalisé par Shunya Ito, sorti en 1972. Ce qui serait quand même mieux !

    Super article en tout cas, je crois que c’est bien le moment de virer Gonzaï de mes favoris, histoire de faire un peu de place. Non franchement, même si je n’aime ni le free jazz ni le drone ni Wire (enfin j’y comprends rien) j’irai voir ce blog.

  5. moué… encore un insider-sucker de mainstream qui va nous faire croire qu’il défend l’underground parce qu’il a écouté Spacemen 3… putain il bosse à Conde nast !!!! Pffff… la pire engeance bobo de la CULture2merde ! ça me rappelle certains Technikarteux qui se sont barrés là bas… Vive Benoit Sabatier lui s’est barré à Marseille et écrit des livres overground (tjrs mieux que le mène-trime) Certains bossent dans-et-pour le mainstream donc parce qu’ils n’ont pas les couilles de vivre avec le RSA et faire du CASH dans les squats avec l’art vivant et crevard. Je vous conseille aussi Julien Bécourt aka EVA REVOX dans Vice et chronic’art ! TH

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*
*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

partages