© Marie Planeille

« Mustang, plus grand groupe français des quinze dernières années », cela a été suffisamment écrit et répété pour qu’on n’y revienne pas ici. Au printemps, « Memento Mori », l’un des meilleurs albums de l’année, se ressaisissait de la couronne avec une classe folle.

Pour autant, le talent de Jean Felzine ne s’exprime pas qu’avec son groupe ; mentionnons un premier EP solo contenant certains de ses plus beaux titres. Puis, on y vient, il y eut « Pique-Nique » premier album écrit à quatre mains par Felzine et sa compagne Johanna – « Jo » – Wedin en 2017. Au moment de sa sortie, on l’avait un peu paresseusement négligé (derrière l’armure, le rock-critic n’est qu’un homme). Et pourtant, ils ne sont pas légions à pouvoir aligner sur un même album une quinte du niveau de Un Jour De Plus Un Jour De Moins, Idiot, Le Jeu, Chanter, Baiser, Boire et Manger, Les Hommes (Ne Sont Plus Des Hommes). Malgré un ou deux titres dispensables, c’était évidemment cent lieues au-dessus des groupes pour lesquels on les avait vus ouvrir.

Mais ce « Jo & Jean », très compact (dix titres, une grosse demi-heure de musique), surpasse le précédent. Déjà, déjà, déjà, il y a Jamais envie de, titre plein de méchanceté sexy, dont le texte, à la fois drôle et mornement désespéré, parle de ces couples de trentenaires qui ne baisent plus (« Il n’a jamais envie de/Ça ne le rend pas malheureux/Il n’est pourtant pas si vieux/Elle se sent laide dans son pieux/Il perd déjà ses cheveux/Il n’a jamais envie de »). Partons de la cave : rythmique mécanique et octaves disco à la basse posent les fondations, complétées par des tricotis de guitare cristalline joués note à note à partir du premier couplet. Un pont vient durcir considérablement le ton et fait basculer toute la suite vers une surchauffe permanente, en même temps que le chant se fait à la fois plus angoissé et plus sauvage, amenant la conclusion à un sommet de tension presque intolérable. Il faudrait compter les mois, et plus sûrement les années, pour retrouver un single nous ayant rendu aussi hystérique à sa sortie (probablement Dimanche des Liminanas ou The Last Hangman des Hotel Lux). Ecouté au volume approprié, le morceau est largement aussi grand que, mettons, Heart Of Glass. Ce niveau.

Il faut pouvoir suivre derrière un titre pareil ; ils y parviennent. Aux Etoiles en Feu, ballade à la Carole King qui s’incruste au fil des écoutes, et Femme de l’Année, sans démériter, pâtissent un peu de succéder au machin infernal qui les précède, mais (Tu As) Gâché Ma Vie, écrit à deux (voir à ce sujet l’entretien), lancé par une introduction à la guitare brevetée Felzine sur un tapis de percussions, est un modèle de construction, quasi mathématique. La beauté du texte est de faire alterner des moments de dialogue d’un couple en déroute (« Tu as gâché ma vie (chanté par Jo)/Je t’aime (chanté par Jean) ») avec des passages où le désastre semble décrit intérieurement du point de vue de la fille seule. La fin de l’album ne mollit pas. Sexe Objet, adaptation française transparente du Sex Objekt de Kraftwerk, est superbe, largement au niveau de l’original. Le côté clinquant de Slavery fait un peu tiquer à la première écoute (il y a même du slap), avant de toucher d’une manière très particulière : c’est à la fois le titre le plus eighties, le plus joyeux et le plus nostalgique. Quand le mal vous quitte, disco-rock scintillant et menaçant, dans la même veine que Jamais envie de, tient surtout par un refrain parfait, sur l’un de ces rythmes vaguement ska que Felzine et Wedin affectionnent. La production de Louis Sommer (pour les deux premiers titres) et d’Adrien Durand (pour le reste) n’est pas pour rien dans le triomphe, moderne voire synthétique, mais pas désincarnée (un exemple parmi d’autres : les guitares de Sexe Objet ou de Eternel Retour sonnent incroyablement). Dernière précision utile : il s’agit d’un album à parts égales. Outre qu’elle a écrit (ou coécrit) plusieurs des titres, régulièrement le chant de Jo Wedin emporte tout ; c’est une voix très pure (ascendance Diana Ross), qui ne l’empêchait pas pour autant de reprendre sans effort un vieux classique Deep soul de Wendy Rene sur le précédent album. Aucun des deux n’aurait pu faire cet album sans l’autre.

L’événement justifiait bien un long entretien avec le couple le plus classe de Paris (on les verrait bien jouer live dans un film, façon Nick Cave dans Les Ailes du Désir). C’est aux Trois Baudets qu’a lieu la rencontre avec les Gabin & Morgan de notre époque.

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Dans la presse, vous évoquez pas mal votre lien avec la soul en général : c’est quoi votre rapport à cette musique ? Comment vous en êtes venus à ça ?

Jo : Moi, c’est ma famille je pense, mon père, et ma mère aussi d’ailleurs, mais surtout mon père, qui est un collectionneur de disques. Il avait beaucoup de disques de soul. Et avec tout ce que j’écoutais moi-même, qu’on entendait à la radio et tout ça… Y avait Roberta Flack, beaucoup de Roberta Flack, beaucoup d’Aretha Franklin, il n’y avait pas encore de Minnie Ripperton, ça c’est moi qui aime bien. Hum… Beaucoup de blues aussi, mais ça, je peux pas vraiment dire parce que c’est moins mon truc.

Jean : Moi, si je réfléchis, c’est Johan de Mustang qui m’a un peu mis dans la soul. Comme souvent, les bassistes, ils aiment bien ce qui chaloupe un peu et donc lui s’est passionné pour ça assez tôt, au début de Mustang : il était très branché Stax, tout ça. Il nous a gravé des disques (il devait y avoir Dictionary of Soul d’Otis Redding) et puis je me suis mis à écouter beaucoup de compilations, plutôt que des albums de soul. Y avait une compilation Mojo en particulier, où y avait plutôt de la soul de Chess, avec un peu d’Etta James, il devait y avoir aussi Marlena Shaw, des trucs comme ça. C’est plus tard, peut-être avec toi Johanna, que je me suis mis un peu plus à la soul du nord. J’étais pas très Motown ; comme souvent, on trouve que (prenant une voix affectée) « Stax, c’est plus crédible, c’est plus rock ! », et avec le temps, je préfère la soul la plus brillante, celle où il y a plein de violons, où les chanteurs ont des voix angéliques et des choses comme ça. Plus tard, j’ai eu une grosse phase où j’étais très soul Nouvelle-Orléans : (se tournant vers Jo) tu te souviens, c’est quand on s’est rencontrés.

Jo : Ouais, du coup, tu m’as fait découvrir des trucs.

Jean : Les tout premiers trucs d’Aaron Neville en particulier, j’aime beaucoup, c’est devenu un de mes chanteurs préférés.

Jo : Ou des trucs comme les Delfonics, et même le R&B 90s, tout ça, j’adore aussi.

L’album tourne beaucoup autour de la question du couple. Est-ce que c’est quelque chose qui était prévu ou qu’est-ce que ça s’est trouvé comme ça ? Même la reprise de Kraftwerk, on a l’impression qu’elle a été choisie pour s’intégrer dans ce thème. Il y a presque une idée de concept-album.

Jean : Oui, c’est un peu le cas.

Jo : Ouais, mais j’ai l’impression que c’est venu en route. Des fois, on travaille ensemble et des fois, on travaille chacun de notre côté et on présente soit une idée, soit même un morceau. Il y a des morceaux que Jean a faits et d’autres que j’ai faits. Un des morceaux par exemple, Still My Man, je l’ai fait il y a des années, je devais le faire pour moi et après on s’est dit que cette chanson allait très très bien dans le disque. Jamais envie de, c’est aussi un morceau un peu ancien finalement.

Jean : C’est un des premiers. On la jouait déjà sur scène il y a trois ans.

Jo : Et après, on a fait le morceau suédois et Eternel Retour, et on s’est dit qu’on allait faire un EP. C’est venu au fur et à mesure ce truc d’en faire un concept-album. Jean : On s’est rendu compte en tout cas que les deux voix, le fait d’être un homme/une femme, c’était pratique pour faire des dialogues en chanson, et avoir chacun un point de vue différent dans la chanson. C’est le cas même dans la reprise de Kraftwerk. On s’est dit qu’on pouvait exploiter ça sur tout un album, parce que le premier, comme c’était destiné à la base à être des chansons solo de Johanna, c’était des trucs peut-être moins perso, où moi j’avais moins de place, c’était un peu différent.

Comme l’album est sorti après #MeToo, il y a tout un commentaire autour de ça dans la presse : est-ce que vous ne craigniez pas qu’on en parle comme un sujet de société plutôt que comme un truc musical ?

Jean : Du moment qu’on en parle, moi ça me va  ! Je sais pas ce que t’en penses (se tournant vers Jo). On en parle tout le temps de ces histoires-là, on se fâche tout le temps à ce propos-là, parce qu’on n’est pas d’accord.

Jo : Oui, très très souvent. Et même pour des petites choses en fait. Je pense que c’est déjà parce qu’on a des gros caractères et parce que je suis suédoise. Pour moi, c’est un choc de cultures d’être en France en fait.

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C’est quoi la différence entre la France et la Suède par rapport à ça ?

Jo : Ben déjà, les sujets qu’on aborde aujourd’hui en France sur l’égalité, tout ça, ça commence à être vieux en Suède maintenant, ça fait longtemps qu’on parle de ça.

Jean : Ils en sont au retour du machisme en Suède !

Jo : Aha ! Et donc ce genre de discussions… Par exemple, nous, on peut même se fâcher sur des choses… Jean, si je peux me permettre, il est fier de faire de la cuisine, de faire le ménage et tout ça et pour moi, c’est normal qu’on fasse ça tous les deux en fait, ça ne serait pas du tout une fierté en Suède pour un homme de faire ça. Ça fait pas forcément un choc culturel, mais ça fait partie des choses sur lesquelles on se comprend pas trop quoi.

Jean : Y avait un truc aussi, c’est qu’il y a eu beaucoup de disques qui sont sortis qui parlaient de tout ça, mais c’était toujours un peu dogmatique. Nous, l’avantage qu’on a, c’est qu’on peut mettre en scène cette contradiction : j’ai un droit de réponse ! Et c’est assez amusant d’en faire des chansons.

« Dès qu’on est dans le territoire de la chanson française, il faudrait être dans la suggestion, il y a des choses qui sont interdites, on ne sait pas trop pourquoi ».

Dans le dernier Burgalat, y a une chanson qui s’appelle L’Homme Idéal, un truc autour de ça aussi, et c’était la première fois que je me disais : ah enfin, quelque chose de bien là-dessus. Et pareil pour votre album. Parce que sinon, on a l’impression que c’est Angèle ou ce genre de trucs.

Jean : Ben, y a un côté fonds de commerce, c’est un peu comme la révolution dans les années 1960. Un artiste comme Sonny Bono, qui devait être vraiment très à droite et qui devait aimer le pognon et tout ça, il se laissait pousser les cheveux longs, il faisait semblant d’être un troubadour un peu dylanesque. Aujourd’hui, c’est le féminisme.

Jo : C’est marrant, il y a quelques années, avant que ça explose vraiment, j’avais fait le festival Les femmes s’en mêlent et on m’avait interviewé pour une petite télé locale et l’intervieweur me demande si j’étais contente d’être là. Et moi, j’ai dit : oui, je suis contente, sauf que je trouve que ça ne devrait pas exister Les femmes s’en mêlent ! Parce que ça fait comme si les femmes étaient à part, elles ont leur petit festival pour elles… Ils l’ont pas mis dans le reportage, parce qu’on avait l’impression que je disais que Les femmes s’en mêlent, c’était de la merde. Et c’est pas ce que je voulais dire, c’était super aussi mais ça avait été mal compris.

Jean : Le curseur est là-dessus, peut-être que c’est nécessaire…

Jo : Moi, je pense que c’est nécessaire…

Jean : Après, quand je vois des sexes de femme affichés comme si c’était extraordinaire… Si on mettait des photos de bite, tout le monde trouverait ça dégueulasse !

Jo : Oui, mais bon, il faut voir le problème plus loin. Moi, je peux en parler parce que je suis une fille. C’est vrai que maintenant, c’est plus simple de faire de la musique, personne va me dire : ouh là là, tu sais faire ça ! Avant, t’étais jamais prise au sérieux. Maintenant, même si un mec pense ça, il n’ose pas le dire. Du coup, tu te sens moins mal à l’aise et tu prends plus de place. Parce qu’il y avait un manque, quand même, de femmes qui prenaient de la place dans la musique, ou dans plein de trucs en fait. Donc moi je pense que c’était nécessaire. Après, je trouve pas qu’Angèle soit une icône du féminisme. Mais y a rien de mal dans ça.

Non bien sûr. Je suis prof aussi, et c’est assez frappant la différence, elles sont beaucoup plus éclairées là-dessus – mais les mecs aussi – que nous à leur âge.

Jean : L’autre fois, j’ai vu un petit couple dans le métro, c’était assez marrant, ils devaient avoir 17 ans je dirais. Le mec, c’était un grand type avec les bras trop longs (rires de Johanna) et je sais pas pourquoi, à un moment donné, il a le malheur de prononcer le mot « mariage » et la gamine s’est mise carrément à le tabasser : mais qu’est-ce que tu parles de mariage, t’es con ou quoi ?! C’était assez marrant.

Y a un bouquin de Simon Reynolds qui vient d’être traduit en français (Sex revolts. Rock’n’roll, genre & rébellion) et qui parle de ça, par exemple des textes de certaines chansons des Stones : Stupid Girl, Under My Thumb…

Jean : Et Some Girls, elle est gratinée aussi. Mais moi, je l’adore. Je trouve qu’il faut que ça ait le droit d’exister ces trucs-là. Il faut qu’on ait le droit d’avoir Some Girls, mais il faut aussi qu’il y ait des filles qui disent : enculé, Mick Jagger, avec ta petite bite, ta gueule, enfin tu vois ? Il faut que les deux aient droit de cité.

Jo : Oui, oui, c’est sûr.

Je vois pas trop ce serait quoi l’équivalent chez les femmes.

Jean : Ben, dans le R&B, y a des chansons…

Jo : Des chansons comme Short Dick Man et des trucs comme ça.

Jean : One Minute Man de comment déjà ?

Jo : Mais on a en général plus le droit d’être un peu vache dans le rap, le R&B. Dans la pop normale, les gens… Je sais pas pourquoi d’ailleurs, c’est un peu ridicule.

Jean : Ben c’est très policé. Dès qu’on est dans le territoire de la chanson française, il faudrait être dans la suggestion, il y a des choses qui sont interdites, on ne sait pas trop pourquoi. Alors que dans le rap, y a tous les droits. Mais tant mieux. Faut avoir tous les droits.

Jo : Après, encore une fois, je pense à ce qu’on dit autour de la « cancel culture » et tout ça, et je peux le comprendre : je suis contre, mais je peux le comprendre, parce que je connais des histoires de femmes, dans la musique ou ailleurs, qui ont refusé de faire quelque chose ou quoi et du coup, elles ont été « cancelées » entre guillemets. C’est une sorte de « cancel » aussi de dire : bon, ben si tu suces pas ma bite, ben tu feras pas ça. Je ne connais pas beaucoup d’hommes qui ont été sujets à ce genre de chantage. Il y a aussi un ras-le-bol général qui fait que ça explose en fait.

« Un type comme Katerine a changé la façon dont on écrit dans ce pays, en se débarrassant de tout un héritage quand même un peu casse-couilles ».

Qui est-ce qui vous inspire dans les songwriters, français ou américains ? Parce que le réalisme, notamment pour les titres qui parlent de cul, c’est pas un truc très français. Il y a un peu un surmoi poétique dans l’écriture, de Brassens jusqu’à Bashung, ou alors c’est la version érotico-soft type Gainsbourg.

Jean : Moi, ni l’un ni l’autre. J’ai pas ce problème-là. Je ne me sens pas influencé, ni par Gainsbourg ni par la grande chanson française très écrite. Et toi (s’adressant à Jo), c’est plus la pop américaine, donc c’est un problème qui existe pas vraiment. Moi, les auteurs de chansons que je préfère, ils sont surtout américains ou anglais.

Jo : C’est parce qu’on chante en français, peut-être que si on chantait tout ça en anglais, ça sonnerait complètement différent et on ne penserait pas à Gainsbourg et compagnie.

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Ouais justement, en français on n’a pas du tout l’habitude d’entendre certains trucs. Donc je me demandais si vous vous étiez posés la question.

Jean : Ça se fait assez naturellement. Mais moi, je reste persuadé qu’il reste plein de choses à faire en chanson française, plein de trucs à défricher, des mots à utiliser, des manières d’écrire… Qu’on le veuille ou non, un type comme Katerine a changé la façon dont on écrit dans ce pays, en se débarrassant de tout un héritage quand même un peu casse-couilles. Et surtout d’un classicisme qui a pas vraiment existé, qui est un peu un fantasme : est-ce que Brel, c’est si classique que ça ? Je suis pas sûr, y a quand même des trucs un peu étranges dans ce qu’il a écrit. Sa façon d’incarner les chansons sur scène, c’était pas non plus Charles Trenet – que j’adore par ailleurs -, il avait son truc à lui.

Jo : C’était marrant, parce que quand on achetait des disques avec mes copines, j’étais jalouse d’une, parce que ses parents avaient des disques français et je trouvais ça incroyablement exotique Françoise Hardy ! Maintenant quand j’écoute… Bon, c’est un héritage, il y a des belles chansons, mais j’écouterais pas ça chez moi. A l’époque, je trouvais ça incroyable. Et la langue française, je trouvais que c’était très beau.

Je trouve que Françoise Hardy, ça tient encore…

Jean : Il y a plein de façons de faire des beaux trucs en français.

Jo : Oui, c’est sûr. Moi, ce que j’aime bien avec nous, c’est qu’on essaie quand même de mélanger les deux et c’est pas 100% français. Bon, ça ne pourrait pas comme je ne suis pas française. C’est pour ça que j’ai voulu travailler avec Jean aussi, parce que je trouve qu’effectivement, il explose les barrières.

Jean (voix à la Stallone) : Je repousse les barrières, aha  ! Faut le mettre en accroche !

Jo : Avant de faire de la musique ensemble, j’aimais sa manière de chanter et de faire sonner les mots, je l’ai dit un million de fois. Des fois, je pourrais entendre ça dans une chanson américaine, c’est ça qui est intéressant, de pas faire le truc français comme il faut, mais d’essayer de mélanger tout.

Jean : Y a un truc aussi, c’est que pour les premières chansons qu’on a faites, comme tu débutais avec le français, il fallait qu’on se limite à des choses assez simples, voire un peu naïves.

Jo : Oui, aussi, ouais. Et pourtant Les hommes ne sont plus des hommes, c’est super dur à chanter…

Et au niveau de la langue ? Aux débuts de Mustang, Jean, tu étais très opposé au fait de chanter en anglais.

J : Moi, j’ai jamais rien écrit en anglais, je saurais pas écrire une chanson en anglais !

Jo (à Jean) : Bon, t’as jamais essayé.

Jean : Non, ça m’intéresse pas.

Jo : Tout ce qui est anglais, c’est moi. J’adore toujours ça, je vais faire un disque pour moi en anglais, parce que je trouve que c’est une très belle langue aussi. Je pourrai pas toute ma vie chanter en français.

Et comment vous décidez pour telle ou telle chanson de mettre un peu d’anglais ici, un peu de suédois là ? Pour la première chanson, c’est assez clair, c’est un peu le thème du couple…

Jean : Ben, c’est ça, c’est qu’elle m’engueule en suédois, et puis moi je réponds en français, donc ça s’imposait.

Jo : J’avais commencé un bout en suédois en fait au tout début, et du coup, on s’est dit : pourquoi pas faire une réponse en français ? Et pareil pour Les Etoiles en Feu, j’avais commencé en anglais…

Jean : Et on s’est dit, on va faire le refrain en français.

Jo : Et j’aime bien aussi faire anglais/français, je trouve ça assez beau, ça marche bien. (S’adressant à nous) Je sais pas ce que ça fait à ton oreille, si ça fait bizarre.

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Non, non, pas du tout. Mais c’est étonnant. Je me souviens pas du tout d’avoir entendu des trucs comme ça…

Jean : Les trucs de boys band non ? Les 2b3 ?! Il y a pas une chanson des 2b3 où ils font ça ?

Vous avez dit que l’album, au niveau du style musical, c’était une sorte de terrain commun, c’est-à-dire soul-pop seventies. Est-ce qu’à l’inverse il y a des choses dans les goûts de l’autre que vous supportez pas ?

Jean : La country, toi, c’est pas ton truc, à part Dolly Parton.

Jo : C’est pas que je supporte pas, mais les trucs ouais profondément country comme ça, vraiment…

Jean : Moi, j’adore George Jones, quand je mets Georges Jones, ça la soûle…

Jo : Ouais, ça, j’ai du mal. Mais Dolly Parton, c’est pas juste que j’aime bien, j’adore. On écoutait ce matin d’ailleurs,  et chaque fois, ça donne les larmes aux yeux presque, elle a une voix tellement expressive. C’est vrai que la country, je n’adore pas.

Jean : Et un truc que toi t’aimes et que moi j’aime pas ? Y a pas grand-chose, moi j’aime bien ce que tu me fais écouter… Mais toi, t’es plus diggeuse, moi je suis pas un grand mélomane non plus, j’écoute pas énormément de musique, je ne vais pas digger des trucs pendant des plombes, je creuse quelques obsessions perso mais je suis pas non plus à guetter les nouveautés. Et surtout, j’écoute pas tellement de musique que ça.

Sur la production, comment ça s’est trouvé ? C’est à la fois assez disco, j’ai pensé à Minnie Ripperton parfois en l’écoutant, mais en même temps je trouve pas que ça sonne référencé.

Jo : Non, ça sonne pas comme Minnie Ripperton.

Jean : Peut-être qu’on aurait bien voulu !

Jo : Ce sont des influences, moi je me sens proche d’elle, parce que j’ai une voix très aiguë et que je peux monter très haut, mais sur cet album, c’est pas vraiment le cas, à part peut-être sur Femme de l’Année. Bref, je pense que c’est aussi dans les trucs vocaux que je suis influencée par elle. Mais ça sonne pas Minnie Ripperton. Enfin, un petit peu les guitares…

Jean : On voulait qu’il y ait un peu d’acoustique sur les trucs de soul, ça c’était un truc qu’on voulait. Des violons, enfin des faux hein, des string machines, des choses comme ça. On voulait pas trop de synthétiseurs, il y en a moins que sur le premier disque. Parce que le synthé, faut voir que souvent, quand on produit des disques avec pas trop trop d’argent, ça peut être un pis-aller. On voulait des percussions aussi.

Jo : Après, c’était le réalisateur qui nous a poussés aussi. De temps en temps, j’aurais voulu faire encore un peu plus de chœurs, plus de voix, et lui voulait vraiment un truc épuré et il a poussé pas mal pour ça.

Jean : De toute façon, on a travaillé assez vite. Il y a eu deux sessions, il y a d’abord eu les deux premiers titres (Jamais envie de et Jag vill inte höra, qu’on a faits avec Louis Sommer, qui est aussi bassiste, qui nous a accompagnés sur scène et qui a joué le solo de clarinette basse sur Jag vill inte höra, et puis tout le reste du disque, on l’a fait avec Adrien Durand à Montreuil, où on l’a vraiment fait live, avec le percussionniste, le batteur, le bassiste, tout ça.

En même temps, j’ai pas l’impression que l’album souffre d’un manque de moyens.

Jean : Non, non, je crois pas ! On s’est bien fait chier pour que ça sonne !

Jo : Les musiciens (Maxime Daoud à la basse et Cyprien Jacquet à la batterie – Nda) étaient super, ils sont très très bons. On avait de la chance de travailler en studio avec eux, sinon on aurait pas pu le faire en trois jours comme ça.

Comment ça s’opère la répartition des titres ? Parce que vous avez tous les deux des projets solo, et pour Jean il y a Mustang en plus, donc comment ça se passe ?  

Jo : Ça peut arriver qu’on fasse un morceau et qu’on se dise : peut-être que celui-là est mieux pour le duo. Mais souvent, on se dit explicitement : maintenant, c’est pour le duo. Dans ma tête, je fais plus comme ça.

Jean : Y a pas de chansons que je voulais pour Mustang ou pour mon solo là-dessus, c’était des chansons faites pour nous.

Jo : Il y avait une chanson que tu voulais.

Jean : Ah ouais ? C’était quoi ?

Jo : Celle qui est sur ton prochain solo, je chante dessus. Tu voulais la mettre sur le disque, mais moi je voulais pas !

Jean : Y a des trucs qu’on a apportés chacun de notre côté : j’ai apporté Jamais envie de, tu as apporté Still My Man, Aux Etoiles en Feu, et il y en a qu’on a vraiment écrit sur le tas, comme Jag vill inte höra et (Tu as) Gâché Ma Vie.

Jo : Oui, celles-là, on s’y est mis ensemble.

La jalousie est un thème très présent en soul (ou en country), c’est pas tellement le cas dans l’album.

Jo : On n’est pas très jaloux en fait.

Jean : Non, chacun baise à côté tranquillement, aha !

Jo : Non, ça c’est pas vrai en plus. Non, on est pas très jaloux. Moi, je l’étais un peu au début, mais c’était parce que c’est le début. Peut-être, au début, tu as peur…

Mais même en tant que thème, sans que ce soit lié à votre expérience…

Jean : Moi, je suis pas trop pour reprendre un thème de soul, parce que c’est dans la soul. Je préfère essayer de faire de la soul – parce que c’est pas vraiment de la soul non plus – mais pour faire des chansons qui parlent de choses qui nous concernent, pas de l’exercice de style quoi.

Jo : Ben là, je vais faire un duo avec un Américain, et c’est vraiment le truc basique de jalousie : il a le cœur brisé, c’est très émotionnel et tout ça. Moi, j’aime bien ça aussi.

Jean : Nous, ce qu’on recherche à deux, c’est qu’on ait des parties vocales un peu expressives, c’est quand même l’essentiel de ce qu’on essaie de faire. Dans le duo, ce qu’on veut, c’est des trucs qui sont cools à chanter à deux voix.

Jo : Oui, et des sujets qui nous intéressent un peu ensemble quoi.

Jean : On nous parle beaucoup des textes, mais c’est pas vraiment le cœur de ce qu’on essaie de faire. C’est surtout des belles mélodies, des belles grilles d’accord.

Mais le texte peut être un prétexte pour chanter d’une certaine manière : pour être lyrique, c’est plus logique de chanter une grosse chanson d’amour que d’autres trucs.

Jean : Oui, oui, bien sûr.

Jo : Des fois, moi, je fais un texte à partir d’un yaourt que je fais qui sonne bien, ça m’inspire et je trouve le thème à partir de ça. « Idiot » est venu comme ça en fait.

Jean : C’était un yaourt de Johan, c’est Johan qui a composé la chanson.

Jo : Voilà, exactement.

Est-ce que le fait de chanter ensemble a modifié votre façon de chanter ?

Jean : Ah oui, moi je chante pas pareil avec Johanna. Parce qu’il faut que les voix s’alignent. Je dois me prendre la tête pour trouver des contre-chants pas possibles, pour te suivre dans tes tonalités et tout ! Comme Johanna fait souvent la lead, je me retrouve à devoir faire la tierce mais en-dessous, et on se prend un peu la tête pour que ça fasse un joli paquet. Y a finalement pas mal d’écart entre nos deux voix. En tout cas, moi c’est sûr que je chante pas pareil qu’avec Mustang.

Jo : Je fais un peu moins avec nous ; je rajoute plus de vibes, de chœurs, des trucs comme ça, quand je suis seul. Avec nous, c’est quand même un petit peu plus sobre. Et c’est pas pareil aussi de chanter en français, c’est plus dur qu’en anglais. Des fois, c’est plus dur de faire sonner un mot en français.

Parce que t’es arrivée quand en France du coup ?

Jo : Il y a quinze ans. On s’est rencontrés en 2012, on a commencé à faire des concerts en 2013-2014. On a fait un EP en 2015, l’album en 2017 et puis le deuxième maintenant.

Jean : Ouais, ça fait longtemps…

Jo : Mais on veut oublier que ça fait longtemps !

Vous évoquez souvent le fait que vous n’êtes pas dans un rapport Pygmalion/muse, mais que vous formez un couple créatif, comme ceux du Brill Building. Vos inspirations dans ce domaine ?

Jean : J’aurais dit les Everly Brothers, parce que pour les deux voix, c’était vraiment l’idée. Faire les Everly Brothers mixte !

Jo : Moi, j’écoutais pas trop ça. Honnêtement, j’ai pas trop réfléchi à ça. Parfois, y a aussi des belles voix ensemble et c’est juste des chœurs, surtout dans la soul music d’ailleurs, y a toujours des chœurs partout.

« On rend service à tout le monde, tout le temps… Je sais pas combien de fois j’ai fait des chœurs gratos ».

Vous avez pensé à mettre des chœurs dans l’album ?  

Jo : C’est pas facile à trouver. Il y a des choristes de ouf en France, mais si tu les veux, il faut payer très cher. C’est sûr que moi, j’aimerais bien en concert un jour avoir des choristes, ce serait génial.

Jean : Et moi, j’aimerais bien avoir 100 000 balles pour faire un disque ! Et on met des violons et on paie correctement tout le monde, et on fait jouer chaque instrument à des gens dont c’est le métier. C’est un petit peu la philosophie d’Adrien qui a réalisé l’album, il fait travailler beaucoup de musiciens et il aime bien les musiciens. On dit souvent « requin de studio », comme si c’était péjoratif, alors que le Wrecking Crew, c’était des requins de studio, mais c’était des gens qui avaient un jeu et un goût exceptionnel. L’expertise à tous les niveaux, ça doit être génial. Les vrais choristes, c’est une expertise, comme les vrais percussionnistes, un batteur n’est pas forcément percussionniste, c’est un boulot…

Jo : Non, c’est sûr.

Jean : Et les disques de soul qu’on préfère, ce sont des disques où tout le monde est au top niveau.

Et en pop aussi : les disques de Lee Hazlewood, t’ôtes les violons, ça fait un trou.

Jean : J’avais à un moment un projet politique de taxe, c’était à l’époque de l’affaire de la boucle Apple Loops de Christine and the Queens. Ça avait fait un petit scandale parce qu’elle avait pris une boucle Apple Loops pour faire une chanson. Moi, ça me choque pas du tout sur le principe. Mais je me disais, ce qui est dommage, c’est qu’une artiste à succès fasse pas un grand disque baroque avec plein de musiciens en faisant marcher les beaux studios, les bons musiciens qu’on a en France et qu’elle fasse de la musique sur ordi, comme nous sommes souvent obligés de le faire, et donc de mettre en place une taxe : par exemple, à partir d’un certain seuil de revenus Sacem, t’as pas le droit d’utiliser Native Instruments, t’es obligé d’embaucher en fait ! Et ça ferait bien mieux marcher le métier que l’exception culturelle française.

Jo : Mais même, tous ces trucs-là, je trouve que ça pourrait aussi se prêter au live ce genre de trucs, parce que le fait qu’on paie pas des musiciens en studio, ou en live, et que des gros, par exemple… comment il s’appelle le chanteur de chanson française que tout le monde trouve beau et moi, je m’en fous ?

Jean : Biolay ?

Jo : Ouais. Lui, il a fait toute une tournée tout seul, je pense parce que ça coûte moins d’argent, et du coup, ça baisse tout, parce que pour des gens comme nous…

Jean : T’arrives à quatre sur scène, on a l’impression qu’on est les Chœurs de l’Armée rouge !

Jo : On a du mal à avoir une tournée finalement, et donc, ça baisse, ça baisse et des artistes comme nous, on peut plus tourner du tout. Jean : Ou alors faut faire des guitare-voix…

Jo : Oui, mais bon, ça peut être sympa de temps en temps de faire des piano-voix, un truc un peu intimiste, mais quand t’as fait un disque comme celui qu’on vient de faire, j’ai pas envie de faire ça.

Jean : Ouais, le minimum, c’est une basse, une batterie quoi. Mais c’est pas toujours facile de vendre une date guitare-basse-batterie et deux chanteurs.

Jo : Et c’est pareil, j’ai discuté avec mon ingé son, qui dit que c’est pareil pour les mixeurs. On rend service à tout le monde, tout le temps… Je sais pas combien de fois j’ai fait des chœurs gratos.

Jean : J’aimerais que les artistes qui ont les moyens fassent des disques spectaculaires.

Jo : Ouais, parce que c’est eux qui peuvent continuer à faire vivre tout finalement. C’est comme le Capitalisme : t’as les gros trucs qui tournent et les autres trucs.

Jean : J’avais vu une interview de Pialat, il disait qu’il en avait marre de faire des films deux-pièces cuisine, qu’il aimerait bien juste filmer un train qui rentre dans une gare. Il devait penser à La Bête Humaine de Renoir, c’était son film préféré je crois. Mais c’est vrai que quand on a les moyens d’avoir des disques très arrangés, où les musiciens sont excellents à tous les niveaux, c’est génial… Ça me manque d’en entendre des disques comme ça.

« Pendant le confinement, il y avait ces stickers « Vive la culture ! », et les gens disaient : oh on a tellement envie de voir de concerts et des lives !, et machin, et maintenant, aucune salle en province ne se remplit ».

Comment vous avez vécu le confinement ? A la fois en termes financiers ou sur le fait de devoir faire des lives à distance (ce qui me paraissait un peu la tristesse absolue) ?

Jo : On n’en a pas trop fait. On a plus enregistré des vidéos, qu’on a faites pour des blogs. On a fait un truc pour Radio Nova. Un livestream, on n’en a fait qu’un.

Jean : Et puis on a accepté tous les jobs qu’on nous proposait, des cours, des trucs…

Jo : Pour moi, c’est plus compliqué ce qui va se passer maintenant.

Jean : On a été renouvelés quand même !

Jo : Moi, je suis intermittente, on a eu l’année blanche, ce qui est un énorme privilège. En fait, cette année-là, j’ai pu bosser.

Jean : Ouais, ça nous a permis de travailler en studio, d’enregistrer nos albums.

Jo : C’était incroyable d’avoir autant de temps pour bosser.

Jean : C’est pour ça que j’avais du mal avec les musiciens qui se plaignaient, c’est pas dans tous les corps de métier qu’on a eu un an de renouvellement.

Jo : Après, on voit bien maintenant… Pendant le confinement, il y avait ces stickers « Vive la culture ! », et les gens disaient : oh on a tellement envie de voir de concerts et des lives !, et machin, et maintenant, aucune salle en province ne se remplit.

Je pense qu’il y a eu un truc assez morbide qui est qu’une partie des gens se sont habitués à rester chez eux à se gaver de Netflix…

Jean : Ils sont peut-être fauchés aussi les gens. Jo : Non, pardon, mais si t’as l’argent pour acheter une pinte à Paris, tu peux… Notre concert qu’on a fait à Paris au Pop-Up du Label a coûté onze euros. Une pinte à Paris, ça varie entre cinq et dix balles. Donc moi je trouve pas que c’est une excuse. Si tu veux aller voir Beyoncé, oui, ça coûte très cher, mais il y a plein de concerts qui coûtent entre dix et vingt euros… Jean : En tout cas, je trouve qu’on n’était pas à plaindre. En tout cas les musiciens. C’était peut-être plus compliqué pour les techniciens. Jo : C’est plus difficile maintenant. Jean : J’ai des potes techniciens qui ont décroché, mais en tant que musiciens, on a profité de ce confinement. Jo : Y a d’autres pays où des artistes ont arrêté carrément, parce que c’était pas possible de continuer.

« Le rock, c’est arrivé au bout. Les gens les plus célèbres, ils vont mourir, Bon Dylan, il va mourir. Et c’est normal. »

(L’interview touche à sa fin) Bon, je crois que j’ai ce qu’il me faut.

Jo : Toi, t’es prof, c’est ça ?

Oui, c’est ça.

Jean : Prof de quoi ?

D’histoire-géo. Des fois, sur l’histoire du XXe siècle, je leur mets du rock. On est content quand on repère un T-shirt Metallica ou Nirvana dans une classe. Parce que j’ai aucune idée de ce qu’ils écoutent en fait.

Jean : On arrive au bout du rock… Ça va être terminé tout ça.

Jo : Je sais pas…

Jean : Non, mais si, moi je pense.

Jo : Je pense qu’il y aura toujours au fin fond de l’Amérique une espèce de revival.

Jean : Je suis pas sûr, parce qu’il y a des manières qui sont tellement moins coûteuses de faire de la musique aujourd’hui. Pendant longtemps, c’était la manière la plus simple. Je dis pas que les instruments, c’est terminé, mais le rock, c’est arrivé au bout. Les gens les plus célèbres, ils vont mourir, Bon Dylan, il va mourir. Et c’est normal, bon puis voilà, on va pas en faire un fromage. Peut-être que c’est ce qu’il faut.

Jo : Tu fais du rock.

Jean : Oui, je sais mais j’ai plus 20 ans (Felzine a 33 ans – NDA), je vais peut-être faire ça jusqu’à je sais pas quel âge, et puis ce sera fini. Et puis après, je mourrai !

(Rire hystérique) Ça devient funèbre !

Jean : Non, mais c’est dans l’ordre des choses quoi ! Comme le rock a régné pendant quarante ans, on pense qu’il est éternel. Il y a aucune raison que ce soit éternel. Rien ne l’est. Y a pas de raison quoi.

Je sais pas. Moi, ça me ferait chier par exemple de plus aller voir que des vioques.

Jean : Oui, bien sûr, moi aussi. Mais il y a plein d’autres musiques. Ce que j’aimerais, c’est voir l’émergence d’une nouvelle musique qui repose sur des instruments, c’est ça qui serait intéressant, comme, je sais pas, la bossa-nova. Mais bon, le rock basé sur le blues, à guitare électrique…

Après, le psychédélisme, c’est pas vraiment du blues, la pop non plus. Et même vous, ce que vous faites, c’est neuf et en même temps, ça s’inspire de choses…

Jean : Bien sûr, mais c’est pas révolutionnaire ce qu’on fait.

Non mais en même temps on s’en fout que ce soit révolutionnaire. Je sais pas, Jamais envie de, c’est une très grande chanson je trouve. 

Jean : Après, peut-être qu’il restera toujours de la place pour des chansons, même si on utilise des formes qui sont un peu désuètes, moi en particulier, mais bon, la bonne chanson, il y aura toujours de la place.

Jo : Oui, je suis d’accord.

Jo Wedin & Jean Felzine // Jo & Jean
En concert le 1er juin 2022 au Café de la danse.

1er juin / Café de la Danse (Paris)

8 commentaires

  1. Désolé de passer du coq à l’âme, mais où se trouve James Bande OOSexe ?
    Nous réclamons à corps traverse la vérité fraîche.
    La vérité fraîche !

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