Si vous avez toujours cherché à comprendre comment sonnerait un robinet d’eau tiède s’il était une note, la discographie complète d’Hanni El Khatib est là, prête à glisser sur les mains : elle a en quelques albums sculpté les contours d’un rock pour les nuls, insipide, dont « Flight », la dernière livraison en date, est peut-être le pire exemple.
Il n’est pas certain que Hanni El Khatib dispose encore de sa propre section sur Reddit ; il est pourtant au cœur de l’une des plus grandes interrogations des années 2010 : comment un seul garçon, dont l’un des seuls mérites tient au fait qu’il porte à peine mieux les chemises en jean que feu Johnny, a-t-il pu aussi bien résister au temps qui passe, bien plus rapide que celui qui s’écoule en écoutant ses disques ? Et pourquoi autant de filiales, à travers le monde, continuent à distribuer des disques en forme de cale-chaise ? Avec Roswell et le scan cérébral de Jul – les deux étant peut-être liés – c’est l’un des mystères les moins intéressants des 30 dernières années.
Jusque-là, poliment, nous nous étions tu. Par simple politesse d’abord, indifférence ensuite. Les années 2010 ayant été le lot de moult revival, le garage et le psychédélisme entre autres se rejoignant peu à peu dans un même courant uniforme, le guitariste a un temps réussi à passer incognito dans la file. Il n’est pourtant pas impossible, si l’on vous demandait de citer trois titres marquants de cet homme aux multiples casquettes (Hanni est aussi le cofondateur du label Innovative Leisure, où l’on retrouve de bonnes signatures, comme Holy Fuck ou les Buttertones), que vous séchiez complet.
On s’étonne de cette survie en dépit d’un bilan proche du zéro, mais toutes les pierres étaient pourtant posées depuis le départ : attitude de poseur, absence totale de vision artistique, travestissement des genres, exploitation des codes anciens resservis sans un gramme d’originalité, pâle copie des Black Keys sans les qualités de copie de Dan Auerbach, ad lib.
Le nouvel essai, « Flight », est de ce point de vue plutôt réussi. Ayant bien compris que le monde Vice, bercé par le skate et les visions sunset d’un Los Angeles clippé par Tony Hawk est sur le déclin, l’Américain a fait comme ces gens sans talent qui durent : il a retourné sa veste. C’est écrit dans les marges de la biographie officielle :
« Cela fait plusieurs années qu’Hanni El Khatib noue une amitié avec Leon Michels, tête pensante des maîtres de la soul El Michels Affair dont les talents de producteur ne cessent d’être sollicités par de grandes figures de la pop comme Travis Scott, Lana Del Rey, Rick Ross, A$AP Rocky et Eminem, entre autres sessions au côté de Mark Ronson, producteur légendaire aux multiples Grammy Awards […] Avec cet album exceptionnel, Hanni El Khatib ravive la flamme qui l’a poussé à écrire ses premiers morceaux pendant l’adolescence. Un cinquième album donc, pour enfin renaître de ses cendres ».
En résulte la traditionnelle trahison en deux actes :
1. S’allier à une personne éloignée du background et connue par ricochets (Leon Michels) pour agir telle une crème de beauté. Arrivé au constat somme toute lucide qu’il n’y avait de place que pour un seul Jon Spencer, l’opportuniste déjà bien connu des services de police pour avoir cambriolé de nombreuses discographies décide de changer de quartier, façon exil discal. D’autres s’y sont cassé les dents avant lui ; rare exception avec les Sparks associés à Franz Ferdinand sur « FFS ».
2. Avancer l’argument du « renouveau qui fait du neuf ». Si l’on s’en tient à la biographie Hanni El Khabib serait un born again typique de la culture américaine, comme si l’on peut se gratter la peau pour voir apparaître un nouveau visage. Il est vrai que « Flight » est différent des anciens albums, mais cela ne le rend pas plus écoutable pour autant.
Au mieux, l’auditeur – cet être humain de tous les courages – découvrira une mixtape filandreuse de 13 morceaux dont le contenu fait l’effet d’un placebo. Des chansons mal ficelées et quasi identiques, cette voix lancinante associée à des beats vaguement mous hésitant entre électronique et blues comme Moby en des temps anciens : « Flight » est un marché aux puces où l’auteur rassemble un peu de Dan The Automator, un peu de Beck, un peu de Danger Mouse pour le côté in the middle of the road et pas mal des récentes productions de Tame Impala. Sauf qu’un peu de tout, ça ne fait pas l’essentiel. Enfin bon, pour relever un peu la sauce bien fade, Hanni n’hésite pas à auto-fictionner son récent accident de voiture dans le clip de Alive. On a connu des ficelles moins grosses. Un bon vol oui, mais pas dans le sens qu’on aurait espéré.
Sur sa page Wikipédia, on apprend que la musique d’Hanni El Khatib a été utilisée dans des pubs pour Converse, Nike, Nissan ou encore Levi’s. Une bonne illustration de l’entrejambe du garçon et de son adresse pour glisser sur les époques, sans jamais vraiment s’accrocher nulle part.
Un mauvais produit, en gros. Il serait peut-être temps de mettre Hanni El Khatib sur le ventre pour enfin connaître la date limite de consommation.
Hanni El Khabib // Flight // Innovative Leisure
https://hannielkhatib.com/
6 commentaires
C’est vrai que c’est de la merde. C’est de la MERDE !
c pas du rockab indé alors çà plaît plus, vous êtes bien nauséabonds a critiquer sur d’autres papiers les infirmes, _______________________________________________________________________________________________________
Bon ben ça c’est fait
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ALIVE une énième bouse, prête pour une rotation intensive sur NRJ
no! le crack c sur radio J
kueue ceux/ssent portent une kaskette trucker ne se rendent pas dans les egouts!