Ça parle pas beaucoup Soul Music sur Gonzai. Pas assez mauvais garçon, irrévérencieux et grinçant ? Trop vieux surtout : le genre est en état de mort cérébrale depuis le début des années 70 et les rares tentatives pour le réanimer, Daptone en tête, ont un sérieux goût de formol. Quelques irréductibles cependant ne conjuguent pas la soul qu’au passé. Parmi eux, Hannah Williams & the Affirmations tentent de la faire repartir à coups de défibrillateur, et ce n’est pas loin de réussir.

La Soul, on le sait depuis Solomon Burke, c’est avant tout une présence qui s’incarne dans une voix. Un caractère trempé, un timbre dont les éructations doivent vous prendre aux tripes. Quant aux musiciens qui l’accompagnent, ils connaissent leur place : soutenir cette voix, lui permettre d’atteindre sa pleine puissance. Voilà à quoi servent sections rythmiques, cuivres, harmoniums et backup singers : pas à frimer à coups de solos – c’est bon pour les jazzmen qui ne font plus vibrer grand-monde – mais à produire l’harmonie qui porte l’émotion du chanteur. Si ça ne vous parle pas, rincez vous donc les oreilles avec un peu de James Carr, vous y entendrez plus clair.

Hannah Williams & the Affirmations, c’est la démonstration implacable de cette division du travail musical. Sur scène, Williams prend toute la place, et c’est bien normal. Il suffit d’un titre – Sinner – pour comprendre qu’on a pas affaire à une énième diva en papier mâché. Derrière, The Affirmations l’ont bien bien pigé et assurent leur partition avec le professionnalisme qui lui est dû. Efficace mais jamais mécanique, leur set fait l’étalage d’un savoir faire qu’on pensait éteint depuis quarante ans. Le rendu est puissant et brut, bien plus que ce que les sonorités parfois chichiteuses de leur deuxième album laissaient présager. Le tout garanti sans storytelling rétro à coups d’enregistrements analogiques et d’anciennes choristes sorties de la misère. Que dalle, Hannah Williams & The Affirmations visent le hit tout ce qu’il y a de plus moderne avec l’énergie de trentenaires et une voix comme on en fait plus.

Est-ce révolutionnaire pour autant ? Certainement pas, car Williams n’est qu’un jalon de plus dans le grand remplacement musical des noirs par les blancs, tous justes bons à reprendre ce que d’autres ont défriché voilà 60 ans. La Soul Music n’était déjà plus écoutée que par des « whitos », maintenant elle est aussi jouée par eux. Pire encore, elle est devenue un truc de bourges. Car si les groupes montés par Q-sounds recording peinent à atteindre le son puissant de The Affirmations, c’est parce qu’il faut bien dix musiciens pour le produire. Il faut les faire répéter, les payer, et puis surtout les faire tourner. On vous laisse imaginer le pognon que ça coûte et ce n’est pas un hasard si Hannah Williams affiche en quelques mois plus de dates que l’admirable label du 9-3 depuis sa création. Face à un tel constat, deux options : chialer sur l’extinction programmée d’une musique populaire, ou profiter de la vie – aussi injuste soit-elle – avec un des rares groupes qui ait encore assez de cœur pour faire de la soul.

10 commentaires

  1. Jamais lu un papier aussi bête. C’est d’une nullité crasse et démontre une méconnaissance profonde du genre à la deuxième ligne du chapô ; j’ai ressenti la même espèce de gêne que devant quelqu’un qui fait un bide, c’est chaud.

  2. Encore et toujours des commentaires qui nous font la leçon sur ce qui faut écrire ou pas…
    Ecouter la musique
    Juste écouter …..c’est possible?

    1. On pourrait, mais l’article est épouvantable. On dirait un truc écrit par un stagiaire chez AJ+. C’est déprimant de lire quelqu’un aussi mal renseigné — c’est flagrant — meubler une chronique d’un disque passable avec des concepts aussi bidon pour faire son intéressant.
      On pourrait parler de pleins d’autres groupes et labels (j’en ai au moins 5 en têtes) et mais ça serait vraiment filer de la confiture aux cochons et internet fait ça déjà très bien depuis 15 ans.

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