Le problème quand on met les mains dans le bac à disques réservé à la musique concrète, c’est que ça revient, généralement, à vouloir monter une pyramide d’Égypte avec une notice IKEA ; on a beau se la coller sévère en musique pop, impossible de dépasser du premier coup la beauté des pochettes pour savoir quelle étrangeté, de Varèse ou Xenakis, saura être plus qu’un bel objet à poser sur la table. Avec ce nouvel essai de Tomaga, le problème est écarté dès la première seconde tant Memory In Vivo Exposure (Parts 1 & 2) semble beau comme un monde qui s’effondre. On entend les oiseaux qui pleurent, les torrents de boue qui emportent tous vos meubles achetés à crédit et puis, en trame de fond, ce petit son lancinant qui évoque le « In C » de Terry Riley ; douce mélodie de raz-de-marée qui avance à la fois tellement lentement, mais tellement vite, que le temps que vous ayez compris ce qui vous tombe sur la tronche, il est déjà trop tard.
Tout cela pour dire qu’on n’aurait pas forcément parié la casquette à Steve Reich sur le fait que Tomaga pourrait devenir plus qu’un side project, mais presque quatre ans après la première évasion, les deux membres de The Oscillation livrent un disque de bruits mélodieux qui s’entrechoquent comme un service à thé sur un piano droit.
Il n’y a rien de plus à ajouter, juste à fermer les yeux pour se laisser bercer par ce qui ressemble à une B.O. de la vie in utero, quand les cellules primaires aboutissent à la création d’un être indépendant. Accessoirement, c’est certainement la plus belle brise qui soufflera sur vos joues au mois de décembre.
Tomaga // Memory In Vivo Exposure // Hands in The Dark
handsinthedarkrecords.com