Le canadien pileux Femminielli est de retour, complété de sa nouvelle moitié. Son nom ? Femminielli Noir. Les fantasmes érotiques du chanteur qui s’épanchent sur le groove métallique des machines, pour la bande son idéal des rêves moites du dimanche matin, ou pour ceux qui au même moment fuient le sommeil dans la pénombre des lieux d’after.

Un rêve, ou un combat, les deux termes semblent le mieux adaptés à l’imaginaire développé par Femminielli tant son art suggestif titille l’imagination en recourant à ces deux métaphores de la chose, évoquant le sexe tantôt comme le jeu de deux adversaires, toujours de façon onirique. Sur le ring, nous voyons donc jouer: à ma droite, Jesse Osborne Lanthier, alias Noir, grand bidouilleur électronique au cv long comme le bras, habitué des installations sonores et aux divers projets réjouissant les aficionados du mutek festival. A ma gauche, Bernardino Femminielli, dont les élucubration erotico-kitsch n’étaient pas passées inaperçues dans nos pages, trainant ses aviators et son perfecto en Europe lors d’une tournée aux côtés de Jef Barbara, pour atterrir à Berlin l’an dernier, où l’album sera en partie enregistré.

FEMMI
© Madison Dinelle

Le projet, commencé dès 2011, oscille depuis ses débuts entre errances atmosphériques et danse brutale (rêve ou combat disions nous), toujours dans l’idée d’une certaine confrontation avec le public. Pour cette fois, le duo choisit le combat, sorte de lutte dansante. Une direction qui rejoindrait celle prise par la capitale allemande? Le plus grand foyer de la techno semble ici avoir joué sa part d’influence dans la production d’une musique plus rythmée, de revendication disco, musique infernale sur laquelle viennent se plaquer les suppliques sadomasochistes du chanteur, pour un résultat à la fois de club et cinématographique.

Si cette production est à mettre sous influence berlinoise, la collaboration est avant tout le fruit de Montreal. Normal, la ville québécoise s’est révélé être un creuset particulièrement prolifique duquel sort tout un tas de projets des plus intéressants, et particulièrement la petite nébuleuse gravitant autour du duo, que ce soit Francesco de Gallo, avec qui Noir forme The H, Dirty Beaches que Femminielli a accompagné pendant un temps et qui a programmé un des premiers concerts du groupe, ou Asaël Robitaille, qui avec Femminielli supportait Jef Barbara lors de sa tournée européenne, et dont le projet solo sur sur le même label que l’opus dont il est question ici, et sur lequel il faudrait revenir dans le paragraphe qui suit.

Mind Records est un nouveau label lancé par l’hyperactif Abraham Toledano, excellent dénicheur de raretés d’aujourd’hui comme d’hier – quand il ne sort pas des disques en japonais, il réédite d’excellentes perles oubliées. La direction artistique est de haute exigence, à tendance expérimentale, rayon synth dansant. On y trouve déjà le neo Carpenterien Umberto, dont La Llorona inaugurait avec Malas Influencias le jeune label, ainsi que Bataille Solaire donc, et dont on dit déjà qu’il s’agirait de Kraftwerk et George Clinton coincés dans un ascenseur, avec seulement une Sega pour leur tenir compagnie, pour ajuster le bon mot de Derrick May au groove synthétique d’Asaël Robitaille.

Pour clôturer le tout, la chose n’est disponible qu’en vinyle, pressé à 199 exemplaires. La rareté, c’est le credo de Mind Records. Parce que c’est coule d’abord, mais c’est surtout le cachet d’ une musique rare, pointue, des objets designés avec soin par les franco-japonais: chaque pochette vient ceinturée par son obi (bandeau) dans les deux langues, illustrés par des visuels d’une qualité rare. Il n’y en aura pas pour tout le monde.

Femminielli Noir // Malas Influencias // Mind Records
https://soundcloud.com/femminielli

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