Après la mort de l’artiste japonais le 28 mars 2023, le musicien Adrien Legrand (Veik, La Houle, Rouperou, etc.) s’est mis à composer une œuvre en hommage à l’ex Yellow Magic Orchestra. Le résultat final, baptisé Au Revoir Mr. Sakamoto, est à découvrir ici avec un texte écrit par Adrien pour raconter la genèse de cette dédicace musicale en forme de générique de fin.

« J’ai un léger doute sur l’exactitude de ma rencontre musicale avec Ryuichi Sakamoto. Soit c’était après avoir entendu Merry Christmas Mr. Lawrence et pleuré comme des millions de personnes au cinéma en 1983, soit c’était en tombant sur Technopolis, cavalcade synthétique façon course-poursuite de jeu vidéo et premier morceau du deuxième album de Yellow Magic Orchestra, trio de synth pop expérimental harmonisé et mélodisé par les machines de Sakamoto. Impossible de me rappeler.

Ce dont je suis sûr, c’est qu’à la première écoute, je suis tout de suite rentré dans la matrice Sakamoto. L’œuvre du Japonais est dense et plurielle, elle s’étale sur un peu plus de quarante ans, et ce n’est clairement pas l’objet de cet article d’en faire le tour, je laisse le soin aux experts de nous concocter quelques rétrospectives (une seule relève de l’impossible).
Ayant été touché par le piano assez jeune, c’est assez logiquement la composition, l’interprétation et la réinterprétation pianistique de ses différents répertoires qui me bouleverse le plus chez lui, que ce soit ses œuvres issues des différents films sur lesquels il a travaillé (Babel, Furyo, The Last Emperor…), ses premiers essais de musiques électroniques dans la lignée de YMO (Thousand Knives), ses plages de musique ambiante et concrète (Async, 12). Son approche mélodique du piano, tantôt pop tantôt impressionniste, et plutôt minimaliste (pas de déchaînement virtuose des passions à l’instar des romantiques) est d’autant plus riche qu’elle renferme une puissance émotionnelle rare. Il n’y a qu’à écouter des pièces comme Amore, Bibo No Aozora ou encore A Flower is not a Flower pour en entrevoir la beauté, beauté dont la réécoute ne m’a jamais lassé. Quand j’ai appris le décès de Ryuichi Sakamoto, cela m’a vraiment touché, comme si je le connaissais, comme si c’était quelqu’un de véritablement important pour moi, malgré la langue, les trente-sept années de différence d’âge et les milliers de kilomètres qui nous séparaient.

C’était vraiment quelqu’un d’important pour moi. La seule chose que j’ai eue envie de faire à ce moment-là a été de lui composer un morceau hommage au piano, son instrument, mon premier instrument. J’ai eu envie de lui délivrer un dernier message musical, comme un générique de fin. Un simple au revoir. »

Pour écouter Adrien Legrand, c’est juste ici.

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