Alors que la France des salariés endormis chantait le « 9 to 5 » et se réveillait au son de Noir Désir frappé sur un radiateur, EL’BLASZCZYK trouvait une faille temporelle dans les années 90 et revisitait le yéyé brûlé au troisième degré en faisant chanter sa sœur de 13 ans. Vingt ans plus tard, et après que l’électrocuté ait décidé d’ouvrir un musée de l’Uranium (!), son histoire ne pouvait évidemment pas finir ailleurs que chez Born Bad, expert en recyclage des matières dangereuses.

En 2005, à l’époque où l’incroyable monde d’Internet.com se consommait encore via les forums, le dénommé Laurent BLASZCZYK ne faisait pas encore trembler les diggers prêts à vendre leurs mères pour un maxi polonais de Carlos avec solo d’orgue de Bernard Estardy.

Sur l’un de ces forums, pourtant, un gamin nommé « JB » postait déjà des messages inquiétants sur la FAQ du stand de discussions de ce qui allait plus tard devenir le label Born Bad : « Quelqu’un a une idée de ce qu’est devenu EL’BLASZCZYK ? Il a fait d’autres projets, groupes depuis ? ». Dix ans plus tard, et après avoir joué au Jacques Pradel et retrouvé la trace du perdu de vue le plus étrange depuis Alain Kan, JB peut se frotter les mains. Non seulement il est parvenu à mettre la main sur cet OVNI hésitant entre le costume trois-pièces et la blouse du docteur, mais il obtient finalement son « Rosebud » en publiant les « lost tapes » de ce rochelais bien burné qui n’est certainement pas pour rien dans la vocation du patron du meilleur label rock de France.

« Chéri ! Arrête de me taper dessus, ça me décoiffe ! »

Longtemps, la légende a raconté que face à son propre insuccès, ledit EL’BLASZCZYK aurait vécu retiré des bars et des bagnoles, marié ; d’autres sons de cloche le disaient embrigadé dans une secte, débauché et ayant abandonné femme et enfants pour le doux parfum de la gnôle. De fait, peu importent les rumeurs entourant sa non-carrière car la réalité est encore plus stupéfiante. A commencer par le son déjà, qu’on entend sur ‘The Quirky Lost Tapes 1993-1995’. Cette impression décoiffante d’entendre Audiard écrivant les paroles d’un album de Vanessa Paradis produit par les Stray Cats. Puis les chansons putain ! Des histoires de bout du parking dans une zone précaire (Quand tu m’caresses), de la drogue pour les enfants après l’école (Piquouze Jerk) ou des comptines garage pour femmes battues (Tappex) et le tout chanté par sa petite sœur de 13 ans (Dona Bella) et la voisine du quartier (Sofia Bellinna) recrutée à la hâte – dixit la bio étonnamment sobre vu le délire du truc – pour lui donner « une alternative au Club Dorothée ». Qui d’autre que EL’BLASZCZYK – ou Jerry Lee Lewis avec sa femme-cousine de 13 ans et Gainsbourg produit par les Liminanas, à la rigueur – aurait pu faire chanter des paroles comme « Chéri ! Arrête de me taper dessus, ça me décoiffe ! » sans prendre un procès ou une beigne ? Retrouvée, elle aussi, la sœur témoigne : « Il fallait m’organiser pour caser une prise de voix entre le gouter et mes devoirs, pas le temps de souffler ». Idem pour ce disque complètement asthmatique.

EL’BLASZCZYK, rien que le nom est à coucher dehors, et le mec avec. Ecrit sur un registre vaguement blague, l’inconnu (rien à voir avec les tristes humoristes) n’est pas pour autant le Cobra du yéyé. On entend le yéyé de Nouvelle Vague de Léonie, l’esprit punk bras-cassé de Jean Bernard de Libreville (déjà repéré par JB Wizzz sur la compile ‘Wizzz vol. 3’) et même le Pascal Comelade des fêtes foraines, du temps où la muzzak rythmait la danse des auto-tamponneuses.

BONUS : le Boris Vian des nineties va jusqu’à adapter le  pianocktail de l’Ecume des jours avec des inventions aussi etyhliquement géniales que la Vodka Petrol Han ou le Gin Synthol, et semble s’être reconverti en patron d’un mystérieux musée de l’Uranium qu’il aurait dirigé jusqu’à 2015. Enième bras d’honneur au premier degré ? Rien que le nom du musée (Urêka) tend à prouver que oui, et on vous fait l’impasse sur les « 10 astuces pour réussir son barbecue comme un pro » disponible dans la rubrique Infos Pratiques du site officiel. Pas sûr qu’il faille lui confier un kit à brochettes, mais grâce à ‘The Quirky Lost Tapes’, maintenant au moins vous disposerez de 14 belles pièces de jerk radioactif pour vos soirées dansantes.

EL BLASZCZYK // The Quirky Lost Tapes 1993-1995 // Born Bad
http://shop.bornbadrecords.net/album/the-quirky-lost-tapes-1993-1995

2 commentaires

  1. communiquez NOUS L chifffres des VENTES ainsi que ceux du novoo Frustration qui ressemblera tjrs au precedent et au suivant du precedant suivant

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*
*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

partages