C’est l’histoire d’un Allemand bien énervé qui aimerait bien conquérir l’Europe en hurlant. Vous croyez déjà connaitre cette histoire ? Raté. C’est celle de Toben Piel, un homme de Francfort à qui l’on doit le projet Das Kinn, et qui promet un bel Anschluss entre synth-pop martiale et krautrock brûle au troisième degré. Willkommen, comme on dit de l’autre côté de la frontière.
J’ai toujours merdé mes cours d’allemand. Les déclinaisons, l’apprêté d’une langue dont on n’a pas gardé les meilleurs souvenir si l’on s’en tient aux documentaires historiques qui ont fait la gloire d’ARTE, et puis ma voisine de LV3 qui n’arrêtait pas de me tripoter la cuisse quand j’essayais de placer les mots dans le bon sens. Tout cela pour dire que je n’ai pas retenu grand-chose de mes trois années de pénitence en allemand, à peine quelques mots. Kino (cinéma), immer geradeaus (tout droit), et c’est à peu près tout.
Das Kinn, le projet fondé par Toben Piel, ne va pas tout droit vers le cinéma. Une très longue investigation sur Google (1 minute) permet de comprendre que Das Kinn se traduirait par « Menton levé » en français, soit une certaine idée de la grandeur humaine, nez pointant vers le soleil couchant avec un synthé-mitraillette en bandoulière. Une fois qu’on a dit cela, on a presque tout dit. Il y a dans Das Kinn des synthés pompiers qui pourraient à eux-seuls éteindre les feux de forêt du mois d’aout, et assez de genres mélangés pour faire sauter le caisson de l’algorithme Spotify. Punk, new-wave, neo-kraut, minimal-oï… une grande fuhrër de vivre comme disait l’autre, mais ici mise au service d’une idée 100% pacifiste : faire suer le peuple. Et ça fait 20 ans que ça dure, si l’on s’en tient aux anciens projets dudit Piel, avec Antitainment ou Les Trucs.
Pas certain que cette anti-pop suffise à déclencher une troisième guerre mondiale, mais si vous cherchiez une alternative à l’Allemagne du troisième âge, celle qui s’empiffre de pains au chocolat avec de la crème dessus (mais quel crime de guerre, putain) et se déplace tous les étés en Birkenstock pour cramer ses Deutschmark dans des stations thermales, voilà peut-être l’homme de la situation.
Fondateur du label MMODEMM – qui n’a évidemment rien à voir avec François Bayrou – l’homme au regard du tueur est déjà l’auteur d’un premier EP (« Die Knochen », octobre 2021), bientôt suivi d’un deuxième (« Die Kanten », comme quoi le garçon maitrise mieux les règles allemandes du genre que moi) prévu pour septembre. Que vous pigiez quelque chose à la langue d’Angela Merkel ou pas, voilà donc un one-man band à ne pas rater pour quiconque souhaite en finir définitivement avec le rock semi-festif et la synth-pop pour puceaux du groove n’ayant jamais trempé leur biscuit dans un bol d’eau froide.
Das Kinn, en concert le 9 juin à la Station (festival Ideal Trouble) avec Donna Candy et Opera Mort. Toutes les infos par ici.
4 commentaires
Germany austria belgium kapütt!
bd montparnasse la coupole un vieux de + de 60 balais hurle sur les crs quil le geza au poivre