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23 novembre 2016

Dans l’espace sidéré des singles de Sun Ra

Sortis par giclées durant les années 1950 et plus sporadiquement par la suite, ces 60 premiers singles, pressés en faible quantité, n’ont pas forcément atteint les rayons des collectionneurs. Et c’est l’une des raisons qui en font la valeur, d’autant que la remastérisation semble assez canon. Le commun des mortels, lui, commencera par marcher sur des œufs avant de prendre pied – tranquille – avec ce qui constitue un témoignage des influences primitives du pianiste.

On navigue alors dans un univers jazz old school, doo woop soudainement rompu par des improvisations à fleur de peau ou des envolées bop. Ce qui se détache de l’ensemble, c’est un sentiment de puissance, étonnamment relax, qui s’amuse avec un répertoire jazz qui apparaît alors assez consolidé pour qu’on puisse s’amuser à en éprouver la solidité. Certes, on ne peut certainement pas dire que tout était super pour les gens de couleur dans la société américaine des années 1950, mais ces enregistrements témoignent pourtant d’un esprit de liberté curieux et enjoué qui supplante la plainte du vieil esclave enchaîné. Peut-être justement que c’est dans ce genre de contexte que l’Amérique était vraiment à l’avant-garde du changement. Où peut-être simplement, le boom économique et le sentiment de sécurité qui s’y rattache y étaient suffisamment puissants pour entraîner un peu tout le monde dans l’optimisme.

Autre sujet d’intérêt de cette première compilation, la présence récurrente des thèmes cosmiques qui permettent de mieux comprendre ce que pouvait être l’obsession de l’époque pour la conquête de l’espace et pour les fantasmes qui s’y rattachent. Du petit lait pour celui qui élaborera par la suite sa fameuse « philosophie cosmique » qui influencera les Residents et le P.Funk de George Clinton. On écoutera notamment le très aventureux Mayan Temple où sont sans doute venus piocher John Lurrie et son Flying Lizards dans les années 1980. Pour autant, tout reste globalement très calme dans cette série de 45 tours, qui ne correspond pas vraiment à l’idée que l’on peut se faire d’un Sun Ra perché, idole des hipsters et des grands anciens. Mais c’est peut-être l’intérêt de cette collection : la découverte d’un Sun Ra modeste qui ressemble encore à un Monk et annonce déjà un Madlib.

Sun Ra // Singles volume 1-  1952-1961 // Strut
Vinyl 45 box set (limité à 500 ex. – volume 2 prévu en mars 2017)

http://sunrastrut.bandcamp.com/album/singles

Dandyfrustre

Producteur éclectique entre retraite et baby sitting, journaliste main gauche pour enquêtes de fond de bouteille.

3 Comments Laisser un commentaire

  1. ;;tout ce qui comporte des avis contrairent ou un peu chanmé, c retirer!! surtourt quand cà parle des majors, labels, boutiks…… c mon 1er commentaire, et le DERNIER, je ne supporte pas cette presse en croc founding,, pour aller donner des sous sous a pégasse: vous verrez, le Bester va m’attaqué avec des phrases sortient d’un couvent.

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