Comme les punks qui ont refait le portrait au rock 70 de papa, des jeunes gens s’attaquent aujourd’hui à la musique majoritaire de notre temps : la techno. Comme l’indique le groupe Facebook dédié au Weather Festival, les nuées de kids fans du genre sont devenus de véritables lecteurs de Guitar Part, adulant des idoles intouchables et déjà fossilisées dans leurs rôles précis. Laurent Garnier, Ben Klock, Villalobos sont tant de Eric Clapton ou Mark Knopfler des 10’s, avec tout ce que ça soulève comme niveau d’horreur.
Il était temps de faire le ménage
Il est donc fondamentalement logique et nécessaire qu’une minorité appelée à grandir s’équipe de battes de baseball en acier et autres armes de poing pour aller faire le ménage. La plupart sont trop durs ou intransigeants pour être de ces fêtes dont les gamins postent des extraits mal filmés en demandant les « track ID » comme tant de doggy bags festifs. Quelques-uns au contraire s’y infiltrent, devenant résidents de soirées qui rassemblent un bon milliers de post-lycéens infusés à la dernière drogue à la mode. Ceux-ci s’amusent alors à envoyer des centaines de kilowatts de bruit brut chaque mois sous des regards heureux – MDMA + 5 heures du matin – mais emplis d’incompréhension.
Cette contre-culture qui s’oppose à une autre devenue aujourd’hui celle du plus grand nombre – si tant est qu’il existe encore – est formée de guérilleros souvent venus de l’esthétique avec laquelle il cherchent à rompre. Pourtant leur musique s’apparente aux meilleures – pires, c’est selon – créations industrielles bruitistes. On connaissait ceux hébergés par InParadisum, ceux de chez Unknown Precept – Maoupa Mazzocchetti, ce héros – voici aujourd’hui les membres de l’écurie Tripalium qui viennent enrichir ces rangs déterminés avec une touche clairement plus dansante.
Un régiment de cavaliers de l’Apocalypse
La compilation Some Like It Raw de Tripalium est violente, belle dans la douleur, dure sur l’homme mais jouable en club en restant respectueux des gens venus pour se déhancher. On y croise des synthés rêveurs – ASBL – des rafales de modulaires – Terdjman, Kolpo – composés avec la même grande idée : casser des gueules.
Titre après titre, cette cassette est l’équivalent sonore d’une compilation de K.O de kick-boxing sur youtube : sublime, impressionnant, scotchant et jouissif quand on se met dans la peau de celui qui porte ces coups fatals. Des vétérans Spectometers ou Paulie Jan aux jeunots Terdjman ou Habyss, on a la sensation de faire la rencontre d’un régiment entier de cavaliers de l’Apocalypse venus mettre un terme au règne de l’hédonisme dégoulinant, de la joie sur contrat, des rooftops et des cocktails « healthy ».
Place au nouveau monde, celui dans lequel la musique de club n’est plus la source de bons moments en laquelle on l’a transmormée, mais, par les flammes et le sang, est redevenue une vraie source d’introspection.
Voici le meurtre de la techno d’aujourd’hui, couché sur bande.