A l’occasion de leur passage au festival MOFO de St Ouen le 29 janvier, Gonzaï rouvre ses bras à Câlin, cet étonnant groupe grenoblois, à écouter comme une accolade entre un Zombie (Zombie) et des laborantins passionnés par le Theremin. Qui trop embrasse mal étreint, pour sûr.
Une amie me faisait récemment remarquer qu’on avait perdu de vue le sens même des labels. L’essence, plutôt. Sortir des disques. Ce que l’Amicale Underground décrit comme “un but de plus en plus vain”. Son propre boulot…
Pourtant pas faux, dans un univers digital, immatériel, 1024 par 768, où plusieurs entités en ligne partagent une seule identité réelle (ou l’inverse), qu’est-ce qu’un artiste ? Qu’est-ce qu’un disque ? Et qu’est-ce que l’underground aujourd’hui ? Le moindre effort (parfois même ce mot est démesurément trompeur) se retrouve partagé sur des réseaux sociaux par des milliers d’incultes. Warhol 2.0. Tout le monde célèbre pour l’éternité mais auprès d’un public ridiculement petit. Éternellement emmerdé par des minorités permanentes… Futur de merde…
Enfin, baste ! Qu’est-ce-que je disais ? Ah oui, les disques. Qui a besoin de sortir un disque pour réussir ? Et puis qui a besoin de réussir ? Non vraiment, il est temps de revenir au seul élément valable : le résultat. A means to an end. Compressé ou gravé sur le vinyle, whathefuck ? Beatbox ou set Tama plus Dave Grohl, whathefuck ? Câble jack ou USB2, whathefuck ? Ce qu’on veut c’est du vent dans les cheveux. Du flanger dans les boyaux. Du son plein le canal déférent. Love on the beat.
Ca tombe bien, L’Amicale assure aujourd’hui le free hugs for everyone. Nom de code : CÂLIN. Si si.
Comme ça, et avec un titre aussi synthé-sex que Beer Is Better Than Tea, pub d’Air France en devenir – nos amitiés aux Chemicals mais là vous êtes dépassés – on s’attend à un projet mollasson du manche et prévu pour baiser en rentrant de la piscine, avec des ampoules bleues à votre lampe de chevet. No way !
Il y a autant de punk crispé (Tolérance 1, Impunité Zéro) que de big beat dans ces étreintes-là. Les neurones deviennent des serveurs dont les protocoles d’accès explosent sous les coups de reins. Des colonnes de chiffres défilent devant vos yeux que la sudation de deux heures de danse mécanique noie par vague. Un pied dans le futur. L’autre coincé en 1977. L’année kraut-punk-disco-Suicide… Beat on the lovers.
CÂLIN. Deux mecs seulement. Deux mecs issus de RIEN. Deux mecs ayant d’autres projets, comme Zombie Zombie à qui on ne manquera pas de les comparer (à raison pour le talent, à tort parce que ça va vite les gonfler, les Grenoblois). Deux mecs qui n’ont rien à perdre, qui offrent (gratis donc) le téléchargement de Sûrement pas de la Harpe, leur premier EP, sur le site de l’Amicale Underground, et le sortent en plus dans un écrin de luxe, parce que si vous achetez un disque c’est que vous tenez à avoir autre chose qu’un produit manufacturé dans les mains. Plutôt de l’amour. Comme durant un câlin quoi.
http://www.myspace.com/calincanin
http://www.amicale-underground.org/