Le septième album de Tahiti 80 est sorti le mois dernier : catchy en diable, il apportera un peu de chaleur à cet hiver qui s’annonce, aux gilets jaunes sur les ronds-points, à Carlos Ghosn et aux autres.
Les membres du groupes étant des fadas de musique qui auraient pu être figurants dans High Fidelity, rendez-vous a donc été donné au premier étage du Marché Dauphine, là où se trouvent parmi les meilleurs échoppes de vinyles de Paris et ses alentours, histoire de chiner en bavassant. Musique !
Xavier Boyer : Tiens, des guitares. J’en possède une vingtaine. Si j’en cherche une en ce moment, c’est pour le look sur scène, pour la tournée qui s’annonce.
Une en V par exemple ?
Xavier Boyer : Oui, et je vais me laisser pousser les dreadlocks aussi. Je suis tenté d’aller fouiner dans les bacs à solde, c’est toujours là qu’on trouve des choses. On s’y sent mieux, c’est psychologique.
Médéric Gontier : tiens, un vieux single de Michel Fugain arrangé par Jean Bouchéty. C’est super, il a travaillé aussi avec Polnareff et Jacqueline Taïeb.
Xavier Boyer : c’est amusant de voir que des vieux trucs comme Michel Delpech ou Michel Fugain sont exhumés des années après même si j’ai parfois du mal avec ça.
Là, je vois le deuxième album de Tears for Fears est c’est vachement bien alors qu’à l’époque, c’était la honte d’écouter Tears for Fears.
Méderic Gontier : C’était assimilé à de la variété, ce clivage a disparu. Quand on fait les vide-greniers le dimanche matin, on tombe plus facilement sur du Sardou que sur des choses pointues. Je me suis mis à écouter Delpech alors que c’aurait été impossible il y a quinze ans. Et c’est ainsi qu’on découvre des choses intéressantes.
Xavier Boyer : Je suis mis à écouter Rod Stewart comme ça, il a fait de super trucs. Tiens, une compile de musique tahitienne ! J’en ai une belle collection chez moi, on a déjà samplé un 45 tours de tamouré (NDR : la danse tahitienne) il y a plus de vingt ans.
Vous n’avez jamais songé à interpréter vos morceaux à la sauce tahitienne ?
Xavier Boyer : Non, car elle est très limitée, contrairement à la musique hawaïenne, qui est influencée par la musique américaine et qui est harmoniquement plus proche que ce qu’on pourrait aimer. On a tendance à confondre beaucoup les deux. En revanche, les pochettes hawaïennes déchirent, elles sont souvent superbes.
« A quoi bon posséder un album que tu as déjà en trois versions différentes ? »
Si on enlève les productions des années 70 et 80, les bacs à soldes sont vides.
Xavier Boyer : Tout a été vampirisé. Les années 90 ne sont pas encore parvenues jusqu’aux bacs. Les albums de Teenage Fanclub viennent juste d’être réédités alors qu’on les a tous en CD : les gens les achètent en vinyles pour la première fois vingt-cinq ans après leur sortie. Je suis fétichiste du premier album des Stone Roses : dès que je le vois, je l’achète. On le voyait tellement peu à sa sortie que je me sens obligé de le prendre quand l’occasion se présente. C’était surprenant. Je ne l’ouvre même pas, je peux l’offrir à quelqu’un. J’ai fait un morceau avec un groupe canadien qui s’appelle Elephant Stone justement (NDR : l’un des titres du premier album des Stone Roses) dans lequel les textes sont une juxtaposition de titres de chansons de Primal Scream. Au Japon, il y a tous ces disquaires et ces magasins et je crois avoir fait une overdose à force de m’y rendre et d’y acheter des tas de disques. A quoi bon posséder un album que tu as déjà en trois versions différentes ? Il y a un truc sur les masters des années 60 : quand tu te procures un pressage original, il va sonner d’enfer alors que les rééditions seront en deçà. Il n’y a rien de dingue dans ce qui sort actuellement en terme de son. Il y a une nostalgie de cette époque : j’ai vu St. Christopher en concert en Espagne il y a quelques temps, ils étaient sur le label Sarah Records. Sur disques, ils étaient fragiles et depuis, c’est beaucoup plus musclé : les mecs ont des boucles d’oreille, des tatouages.
Médéric Gontier : le phénomène de réédition a vraiment démarré à la fin des années 90. On a traqué David Axelrod qui venait juste d’être réédité au moment où nous enregistrions « Puzzle », notre premier album.
Xavier Boyer : à l’époque, on faisait des pressages de 1000 vinyles, tous sold out très rapidement. Il y a toujours eu une demande pour ça. C’est à cette époque pourtant que la demande était la plus faible et le nombre de disques pressés s’en ressentait. Tiens, des cassettes audio ! Voilà un format qui n’est pas prêt de revenir… Si je trouve le Stone Roses dans ce format, je l’achète. Ma copine a un lecteur de cassettes dans sa voiture, on a acheté des albums qu’on n’avait jamais écoutés de Tears for Fears ou « So » de Peter Gabriel et c’est rigolo de pouvoir les écouter en conduisant, c’est une expérience qui est devenue surréaliste.
Médéric Gontier : Tiens, un album de Kiss : le décalage entre ces visuels qui font peur et leur musique qui lorgne vers la disco est génial.
Ils sont les premiers à avoir poussé le merchandising à ce point : les disques étaient des prétextes permettant de vendre des produits dérivés.
Xavier Boyer : C’est grâce à Gene Simmons. Il est arrivé d’Israël avec ses deux passions : les Beatles et Superman. Cela a donné Kiss en combinant tout ça.
Parlons de votre nouvel album, je l’ai trouvé très accessible, très catchy. Comment s’est passé cette collaboration avec Andy Chase, qui avait produit votre premier album ?
Xavier Boyer : On n’avait jamais perdu le contact et on s’est revus à l’occasion de la réédition de « Puzzle ». En rédigeant les notes de pochette, je ne dirais pas que j’étais nostalgique mais cela m’a rappelé plein de bons moments. Après qu’il a produit deux de nos albums, nous avons voulu nous affranchir de toute influence, montrer que nous étions capables de nous exprimer seuls. Nous avons notre propre studio d’enregistrement et donc on ne s’attèle pas à l’écriture d’un album en se disant « on démarre maintenant », ça se fait petit à petit.
On est au four et au moulin, on fait tout nous-même. Et j’avais envie d’avoir quelqu’un qui m’aide sur le chant, qui me coache, dans le prolongement de son travail sur « Puzzle ». Finalement, il est allé plus loin que cela en mettant son nez dans les arrangements. Andy a fait plein de trucs ces dernières années, notamment des chansons pour les films des Frères Farelly. Dans 40 ans, toujours puceau, Paul Rudd détient un label qui s’appelle Unfiltered Records : c’était le nom du label d’Andy ainsi que le logo dont les droits ont été rachetés pour le film. Bref, nous retrouver a été une cure de jouvence pour nous, comme des vacances. Tiens, voici « Puzzle », première édition, en vinyle. Je vais l’acheter du coup !
Si j’étais le disquaire, je vous le ferais signer à tous les deux avant de passer à la caisse pour te le vendre plus cher.
Xavier Boyer : Je ne l’ai plus, ça n’est pas le premier album des Stone Roses mais ça le vaut largement ! Le nom de Médéric est mal orthographié : Gonthier au lieu de Gontier. Sur le CD aussi mais tout ça a été corrigé lors des rééditions suivantes.
Médéric Gontier : sur notre cinquième album, il y a plein de coquilles au dos. On a mal relu. De toute façon, il n’y a que des vieux mecs pour les voir, ces coquilles. Tiens, voici l’album de Brassens réarrangé par Jean-Claude Vannier ! Je l’ai acheté cet été mais , j’ai tardé à aller le récupérer : il a gondolé à la Poste à cause de la chaleur
Xavier Boyer : Si je devais caractériser mon rapport au vinyle, c’est de l’ordre de l’affectif, cela me ramène à la nostalgie de la découverte. Je me fous d’avoir un original des Beatles même si je serais ravi d’en posséder, je ne suis pas dans la quête. Ça y est, l’adrénaline est redescendue, je sais que je ne trouverais pas mieux que ce premier album de Tahiti 80 ! Ah ben tiens, si : The Style Council…
Weller, un sujet explosif sur les réseaux sociaux quand on dit du mal de lui, il a sa base de fans… Je trouve sa musique datée depuis l’origine. Il est contemporain de Bowie et Magazine qui étaient nettement plus frais et modernes.
Xavier Boyer : Tu penses à The Jam ou The Style Council ? Je trouve qu’il est parvenu à faire le pont entre les sixties et le punk, il a une lecture vachement intéressante de la fin des années 60. Et là où il devient punk pour le coup, c’est avec The Style Council où il se met à dos ses fans en se plongeant dans la musique noire à synthés et en délaissant sa Rickenbacker. Il est capable de faire aussi du blues rock hyper lourdingue mais comme certains le prennent pour Dieu… Il a été capable de faire aussi du krautrock. J’imagine que son heure est passée et qu’il ne va pas se mettre à faire du jazz.
Tu vois cet album de Steve Cropper ? Je pourrais me laisser tenter car je ne le connais pas. Ce guitariste a beaucoup joué pour le label Stax, il était le guitariste d’Otis Redding notamment. Plutôt que de se renseigner sur les albums conseillés d’un groupe ou d’un artiste, je crois plutôt qu’il faut acheter à l’aveuglette, ça permet de bonnes surprises même si le disque en question n’est pas bien considéré. A l’époque de cet album, Cropper avait un petit air de Médéric, à la réflexion !
Tahiti 80 // The Sunshine Beat vol.1 // Human sounds
https://www.facebook.com/tahiti80HQ/
En concert à la Maroquinerie le 29 novembre et le 13 décembre avec Ed Mount au Connexion Live (Toulouse, Gonzaï Night)
8 commentaires
cheat for cheaters!
« On ne voyait pas le premier Stone Roses à sa sortie. » Où ça, chez Drucker?
Quant à Elephant Stone, ce titre ne figure pas sur leur premier album.
Par contre, Penny Lane figurait sur Sgt Peppers.
Quant à Rod, vous serez réduit en poussière qu’on parlera encore de lui (désolé).
Ben si, Dugenou, il apparaît sur la version US. Renseigne-toi avant de vouloir dispenser des leçons stp.
« Nettement plus frais »… ah, ah, ah!!!!!
SOD LE!
le mec y monte au marché ou y’a que des nazes, tu trouvera rien, va voir le diggest y encule!
La burre est buttée ou c’est fait buttee! & dans la raie des teupues il va eponger les dettes acheter un chiotte et des jumelles pour cadrer ses microssillons.
le groupe préféré à Dubarne