En rentrant, sur le chemin du cinquième étage miteux où les attend un matelas parsemé de trous, ils entendent la chanson de leur rencontre, un My bloody Valentine du siècle dernier, presque anachronique, dépassé. Désuet. La route est pavée de sentiers, la mélodie de bosses, toutes plus dangereuses, chacune plus escarpée. Les deux corps s’allongent, à demi-inconscients, avec un portrait de dieu accroché au-dessus.
Lorsque le réveil sonne, et que le piano joue trop fort les mélodies chrétiennes, que Sainte Narcisse apporte le café, Debord et Satie se souviennent de cet enfant qu’ils n’ont pas eu. Une cheval blanc, au poil grisonnant, fondateur d’un groupe connu mais peu raisonnable: No one is innocent. No one.
En achetant les nouvelles du jour, Debord et Satie lisent dans les journaux que l’époque empire, que tout va mal, qu’il n’y a plus de raisons d’espérer. La mort conduira leur chemin, jusqu’à la lumière. Une dernière fois encore, ils se regarderont dans les yeux, non sans penser à cet enfant qu’ils n’ont pas eu, né du classicisme et de la fureur, capable de tout et de rien en même temps, sorte de Thelonious Monk ayant tapé le mur contre un Gustav Malher de métal.
Il n’y a rien d’autre à dire, simplement à écouter l’histoire d’un quarantenaire qui détourne l’attraction des astres sur une poignée de chansons solaires.
http://www.myspace.com/22chevalblanc
Le baiser
envoyé par jeromedavid