@ Theo Zeal

Souvent relégués au fond de top 10 d’artistes à suivre parrainés par des marques de téléphone, ils luttent contre 60 ans d’histoire pour se faire une place dans le cœur d’auditeurs qui croient avoir tout entendu. Eux, ce sont les musiciens d’aujourd’hui, anonymes et fauchés. Aujourd’hui, voici Michael Georgian, un Anglais fan de new beat, de synthés et de… Jean-Michel Jarre.

Il n’y pas de bonnes ni de mauvaises manières d’attaquer un article sur un musicien inconnu — d’autant plus fan de Jean-Michel Jarre. Alors on commence par le début, tout simplement. Son premier souvenir musical ? « On écoutait souvent ‘‘Shot by Both Sides’’ de Magazine avec mon père quand il m’emmenait à l’école ». Okay, ça commence bien puisque le petit Michael est biberonné dès le plus jeune âge avec les bons disques du daron. Mais les morceaux d’Howard Devoto (lire Gonzaï numéro 39) peuvent vite devenir chiants, à force.

En grandissant, Michael va intégrer un groupe de shoegaze (Whistlejacket), découvrir les synthétiseurs — d’abord un microKORG, puis un Juno 106 et enfin un Korg MS20 dont il tombe amoureux — puis forger sa propre culture musicale, comme n’importe quel être humain normalement constitué.

Et le choc arrive quand il découvre musicalement deux autres pays : la Belgique et l’Italie, plus particulièrement la new beat (écouter podcast ici) et l’italo disco. « Je suis très influencé par le son belge de la fin des années 80 et du début des années 90. Il y avait quelque chose de tellement libérateur à cette époque de la musique électronique où on avait vraiment l’impression que les gens avaient laissé derrière eux la rigidité des années 80 et embrassaient des sonorités plus dansantes et bruyantes », raconte Michael. Si vous mélangez à tout ça au fait que cet Anglais de 29 piges a été DJ pour une radio, et qu’il passait aussi bien du Caterina Barbieri que DJ Mehdi ou Kraftwerk sur les ondes, vous aurez une image à peu près nette du spectre musical de Michael Georgian. Une image, c’est bien. Des chansons, c’est mieux.

On ne sait pas si Michael Georgian est un gros flemmard ou s’il prend juste le temps de bien faire les choses. Mais pour le moment, l’Anglais n’a sorti que deux titres. Il dit : « J’espère sortir un EP d’ici la fin de l’année, j’ai tout un tas de morceaux de prêts mais je cherche toujours le meilleur moyen de les sortir. C’est vraiment du bricolage puisque je produis et masterise les pistes moi-même et je m’occupe aussi de la création des vidéos et des visuels. Tout ça prend du temps. »

Les deux morceaux en question, Suburbia et Televised, parlent sensiblement de la même chose : être amorphe dans une Angleterre qui se perd, toucher de près la dépression et ne pas savoir comment remonter la pente. Deux hymnes agressifs et festifs aux eighties, aux boites à rythmes, aux raves de Charleroi, aux héros oubliés et au meilleur de la musique électronique. Michael Georgian n’en fait pas trop : il sait rester minimaliste, sobre et élégant. Pas besoin de tartiner, pas besoin d’en faire des caisses : l’Anglais touche exactement là où ça fait du bien. Mais si Michael ne se bouge pas le cul, alors toute cette histoire pourrait se terminer comme une mauvaise blague belge. Michael, bordel, tu fous quoi ? C’est maintenant qu’il faut se lancer. Pour ceux qui seraient restés sur leur faim, deux remixes de Televised existent sur Spotify. Tout ça en attendant que Soulwax ne s’empare du projet et ne prenne le gamin sous son aile en faisant de lui une star mondiale. C’est ça, son destin.

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