Souvent relégués au fond de top 10 d’artistes à suivre parrainés par des marques de téléphone, ils luttent contre 60 ans d’histoire pour se faire une place dans le cœur d’auditeurs qui croient avoir tout entendu. Eux, ce sont les musiciens d’aujourd’hui, anonymes et fauchés. Aujourd’hui, c’est au tour de Humour de passer à la casserole. Si vous aimez Squid, Public Image Limited et les côtes d’agneau rosées, lisez ce qui suit.
Vraiment galère, en 2022, d’être un groupe de post-punk britannique. Le marché est saturé. Il n’y a plus de place. Et les auditeurs qui ont encore un peu d’espace disponible dans leur cerveau pour ce genre de musique commencent petit à petit à s’éloigner de cette esthétique devenue une caricature d’elle-même. Enfin bref, c’est comme ça. C’est la vie. Et dans cet océan de ressemblance musicale où 95% des groupes sont en train de se noyer, une formation porte des brassards et sort la tête de l’eau : Humour.
Humour, c’est qui ? On ne sait pas. Les garçons viennent — ou vivent — à Glasgow, en Écosse. Ils ont formé le groupe en 2021. Ils ont signé sur le jeune label So Young Records. Ils ont réalisé les premières partie de Do Nothing et de Folly Group. Et ils ont un premier EP de prêt intitulé « Pure Misery » qui sortira le 25 novembre 2022. C’est pas la joie. Mais le tableau pourrait être moins drôle pour Humour.
Humour, c’est donc nouveau. Mais pourquoi c’est bien ? Trois raisons. Ils ont dans leur rang un vrai chanteur avec du caractère, de la niaque et de l’assurance — pour ceux qui aiment les comparaisons imaginez un mutant qui aurait mangé Ollie Judge (Squid), John Lydon et Andrew Savage (Parquet Courts). Ensuite, ils compressent et condensent les styles musicaux au broyeur pour créer de la dynamique, varier les séquences rythmiques et générer de la dissonance. Enfin, la musique possède une dimension visuelle forte, comme si chaque phrase venait décrire les détails d’un tableau ou d’une scène. Par exemple, les paroles du premier single yeah, mud! ont été écrites bien avant la formation du groupe. Andreas Christodoulidis, le chanteur, s’est inspiré d’un livre sur un soldat qui, sachant qu’il allait mourir, écrit à sa mère. Il a englobé cette histoire en prenant le sujet d’un Cosaque — le nom donné aux anciens guerriers à cheval qui habitaient dans les territoires qui sont aujourd’hui la Russie et l’Ukraine — à la guerre. Ce n’est qu’ensuite que le groupe est venu se greffer aux paroles, à ces scènes décrites par Andreas, pour créer l’atmosphère sonore et sonique de la chanson.
Pour le second single, alive and well, Andreas souhaitait se mettre dans la peau d’un personnage alcoolisé, complètement paumé face à une situation, comme dans une impasse. Alor Andreas te chuchote à l’oreille, te hurle au visage comme un débile pour ensuite marmonner quelque chose d’incompréhensible. Il crie, il chante, il brame et vocifère selon ses humeurs. Selon les images dans sa tête qui cohabitent lors de l’écriture. Et ce sont justement ces oscillations qui renforcent l’intensité de la musique créée par Humour.
Humour, c’est à la fois un chant frénétique à la frontière de la comédie et une narration qui ne laisse rien au hasard, avec des descriptions réalistes et crues pour imager au mieux ce théâtre musical. Avec l’EP « Pure Misery », vous serez bientôt assis au premier rang. Et si le groupe parvient à garder le rythme des trois premiers singles, alors le spectacle pourra se terminer autrement que par un LOL.
Humour, « Pure Misery », 25 novembre
Le groupe sera de passage à Paris à l’International le jeudi 3 novembre.