Souvent relégués au fond de top 10 d’artistes à suivre parrainés par des marques de téléphone, ils luttent contre 60 ans d’histoire pour se faire une place dans le cœur d’auditeurs qui croient avoir tout entendu. Eux, ce sont les musiciens d’aujourd’hui, anonymes et fauchés. Aujourd’hui, place à Cimetière de l’Est, un trio du Grand-Est qui fait de la musique déprimante chantée en allemand. Rien qu’en lisant ça, vous devriez déjà être surexcités comme des bébés labrador.

Soyez rassurez : la musique qui va suivre n’aura rien à voir avec Feu! Chatterton. Pas besoin de lire le communiqué de presse puisqu’il n’y en a pas. La musique de Cimetière de l’Est se juge à l’ancienne, sans Instagram, sans un dossier vide de sens et sans vraiment connaître dans les détails l’histoire antérieure à la formation du groupe. Une fois l’album écouté, à plusieurs reprises, on se rend compte, contre toute attente, que ces morceaux chantés dans la langue d’Angela Merkel sont beaux, enténébrés et vu le nom du groupe, sûrement mortuaires — du moins si vous avez fait LV1 allemand au collège. Sérieusement, vous vous attendiez vraiment à une meilleure surprise ? On imagine que non.

C’est un fait incontestable car totalement infondé : Cimetière de l’Est est capable de plomber une ambiance même dans les endroits les plus sordides de France. Et comment fait le groupe — composé de Petula, de Nadège et de Josépha — pour réaliser ce tour de passe-passe ? En se pointant sur scène, avec une basse, une batterie et des synthés pétés, et en criant comme si la douleur était insurmontable. Le tout dans une ambiance difficilement définissable, entre la musique sacrée sous fond de brutalité douce et de pop morne du dimanche soir et la musique expérimentale d’église. On le dit avant que vous nous fassiez la remarque : mention spéciale pour le titre Schleimig teinté d’une élégance rare. Alors oui, okay : Cimetière de l’Est n’égaiera pas vos journées moroses de janvier, ni celles de juillet d’ailleurs. Mais elles sont parfaites pour s’évader sur le dancefloor du désespoir. Celui où l’on croise toutes les âmes perdues condamnées à écouter des chansons lugubres jusqu’à la fin de leur vie. Allez viens, on va danser.

Ci-dessous, le split album en collaboration avec Hochiwah sorti en novembre dernier sur AB Records. Cimetière de l’Est sera présent lors du Sonic Protest qui aura lieu du 14 mars au 2 avril.

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