Depuis 7 ans déjà, le duo français de Cantenac Dagar donne des nouvelles du « monde d’après », débarassé de toute tentation mercantile et accessoirement, de tout chanteur. Bruits de chaos orchestrés, vision d’apocalypse superbe et drone dans la lignée de France sont au programme de leur nouvel album « Seseuda ».

Deux pistes de seize minutes, pas de bio, aucun visuel de musiciens palots plaqués sur un mur en brique, mais un mur du son pris dans la gueule dès les premières minutes, sans pour autant qu’on craigne d’avoir affaire à un énième groupe de noise rock au look de violeurs de rats morts. Voilà pour le pitch entourant « Seseuda », nouvel album du duo Cantenac Dagar, tellement sous les radars depuis sa création en 2013 qu’on serait presque en droit de se demander s’il ne serait pas temps de contacter un ufologue.

Loin des sorties traditionnelles nécessitant un tracklisting généreux, des invités et l’idée même d’un attaché de presse missionné pour synthétiser un message absolument incompréhensible, le duo banjo/beatbox préfère faire des clins d’œil à La Düsseldorf (l’ouverture de Saique avec un chant de supporters de foot compressé à l’extrême) et broyer le son dans ce qui ressemble à une énorme pâte à modeler sonore enfoncée dans un tuyau trop petit.

Posologie d’écoute :

– à écouter matin et soir en cas de reconfinement afin de péter tout son mobilier en rythme.

– déconseiller aux femmes enceintes, aux épileptiques, serial killers et fans de Benjamin Biolay.

– ne surtout pas respecter les doses prescrites, à moins que vous ayez récemment subi une trépanation de l’hémisphère droit.

Pour le reste, « Seseuda » est une jubilation radicale lorgnant vers la musique primitive et permettant par là à l’Homme, ou ce qu’il en reste, de revenir aux fondamentaux. Un rythme au centre, des tams tams préhistos et comme l’envie de transformer la grotte de Lascaux en gigantesque rave à peaux de bête. On citait France en intro, mais Cantenac Dagar peut tout aussi bien être rapproché de This Heat, Pierre Bastien ou Acid Mother’s Temple ; soit autant de groupes avec qui ils ont déjà partagé l’affiche et traumatisé les oreilles d’un public consentant.

En 34 minutes, la messe est dite, pliée. Si la transe n’a pas opéré son charme sur votre corps, c’est que vous êtes déjà mort. En cas de retour sur terre, merci de nous donner des nouvelles du monde d’après l’après.

Cantenac Dagar // Seseuda // Blindblindblind.
https://cantenacdagar.bandcamp.com/

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