@Joel Kerr

Petit cousin éloigné de Bar Italia, Pavement, Sonic Youth et My Bloody Valentine, C Turtle est le nouveau groupe anglais à écouter pour éviter de tourner en boucle avec Idles dans les oreilles. Pas besoin de nous remercier : on est là pour ça.

Il y a des albums qui passent à juste titre inaperçus (ils sont souvent maladroits, brouillons et trop sages). Puis il y a des disques qui méritent une attention particulière, genre un petit dîner aux chandelles, un menu de standing confectionné par un chef étoilé, un bouquet de fleurs et un massage suivi un bain moussant avec champagne pour terminer la soirée en beauté. « Expensive Thrills » de C Turtle vaut au minimum une soirée comme celle-ci tant l’album est brillant de A à Z.

Expensive Thrills | C Turtle

C Turle, à la base, c’est le projet solo de Cole Flynn Quirke avant qu’il ne fasse la rencontre, lors d’un shooting, de Mimiko McVeigh. Mimiko sait chanter (mal, mais c’est justement là où se trouve tout le charme) et aussi jouer de la guitare. Alors ils décident de continuer l’aventure à deux puis trois avec le bassiste Finlay Bueeows et enfin à quatre avec l’arrivée du batteur, Jimmy Guvercin. Pendant trois jours durant l’été 2023, le groupe a mis en boîte un album à Abbey Road, comme les Beatles, Oasis et Depeche Mode. En même temps, ça fait plus d’un an qu’ils jouent sur scène les morceaux : ils les connaissent par cœur. Ça va donc vite, très vite. Et donc en moins de temps qu’il n’a fallu pour le dire, le disque est enregistré.

Sur « Expensive Thrills », les fans de Lush, de My Bloody Valentine, de Pavement, de Cloud Nothing, de Joanna Gruesome, de Galaxie 500, de Sonic Youth, de Beat Happening et des Pixies vont être ravis. La raison ? Le groupe londonien est un énorme shaker dans lequel on retrouve le meilleur de tous les groupes cités, c’est-à-dire leur bravoure, leur luxuriance et leur foisonnement sonique. Vous voulez des exemples ? Allons-y.

L’intro de Melvin Said This ? C’est du You Made me Realise de My Bloody Valentine tout craché.

Ex Athlete pourrait figurer sur « Wowee Zowee » (un super disque de Pavement, avec l’une des meilleures chansons du monde dans ses face B : Give it a Day.).

Même son de cloche pour Shake it Down qui possède les mêmes caractéristiques lo-fi d’un morceau de Stephen Malkmus chanté comme si Mimiko essayait d’imiter Wet Leg sous morphine.

Splitter rappelle la beauté dissonante de Beat Happening. Expensive Thrills ? Oui, c’est du Swirlies en moins bien, absolument. Ni Cole ni Mimiko ne savent vraiment chanter, et ça rend leurs compositions d’autant plus belles, sincères et incisives. La preuve avec ce déluge de shoegaze, How Many Birds, qui donne envie d’assister à l’un de leurs concert, au premier rang et sans aucune protection auditive.

Dans la pure tradition lo-fi, indie et poisseuse, la formation termine avec trois titres inaudibles pour 94% de la population mondiale mais admirables pour les autres : Harry Who Knew How to Fly (coucou Guided by Voices), Sniffing The Jesus Hole (coucou Sister Ray) et More Insects.

Voilà, c’est terminé. Trente-deux minutes plus tard, que retenir de l’album « Expensive Thrills » ? Que C Turtle est un groupe anglais de rock indie américain qui poursuit une longue tradition initiée par des groupes comme Paws, The Pains of Being Pure at Heart, Cloud Nothing ou encore Joanna Gruesome : celle de faire du neuf avec du vieux en affichant frontalement les inspirations fin 80’s et début 90’s. Cette tradition se poursuit encore aujourd’hui avec des formations comme Bar Italia ou Slow Fiction. Des groupes qui n’ont pas peur de se retrousser les manches pour puiser dans les étagères de Matador, de Flying Nun, de Sub Pop et de Mute Records. Et qui permettent au rock indie de rester en vie. Certes dans le coma et sous perfusion. Mais avec le cœur qui bat encore.

L’album est sorti sur le label Blitzcat Records le 8 mars.

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