Fêté par Rolling Stone, comme un des plus grands producteurs du post-punk et de la no-wave, new-yorkaise, Bob Blank reste un atypique notoire du paysage de la Grosse Pomme. Quasiment unique en son genre, par sa versatilité et son oreille, trois décennies après ses débuts. Bob qui ? Bob Blank, une génération à lui tout seul !
Arrivant à New-York, en 1973, comme guitariste de session, Blank se fait rapidement engager dans un studio d’enregistrement downtown. Comme ingénieur du son, il se met à côtoyer aussi bien les jazzmen ou les funkers du cru que les artistes disco qui apparaissent avec le format du maxi-single (hello Bob Morello !) ou encore les productions latino, car New York vit une révolution avec les immigrés d’Amérique centrale qui groovent pas binaire. Il va aussi se distinguer en produisant les expériences disco (Dinosaur L) et le sublime World of Echo d’Arthur Russel, contrebassiste au son indien qui manquera de peu le poste chez les Talking Heads, ou encore une Lydia Lunch, pré-Contorsions et très jazzy dans l’esprit. Sa plus grande réussite? Sans conteste le décollage de Kid Creole (Rock + Antilles) et de ses groupes satellites, comme les Aural Exciters. Blank, c’est également l’un des précurseurs de la house. Mais c’est une autre histoire.
Durant une décennie (1975 à 1985, regardez la jaquette bordel), il est derrière la console, d’abord comme ingénieur du son, puis comme producteur qu’on s’arrache. C’est la naissance de Blank Tapes, studio à petits prix mais production soignée, et d’un son toujours à la pointe de la technologie. Après cette période aussi faste que furieuse, renommée établie et lieux d’enregistrements sur les deux côtes des USA, Bob oubliera un peu de produire pour faire du son au mètre et bricoler des relectures de standards pour les séries TV, en y gagnant des Grammies… Et ça dure encore.
A travers les 11 titres de la compilation Strut, on s’aperçoit surtout que Blank aura servi de passeur du son, dealer des rues parallèles. Un réseau à lui tout seul Bobby : connectant Mudd Club, Fania All Stars et Salsoul, soul moite de Harlem, jazz barré des clubs de la 52e et disco au poppers pour accoucher de la scène No Wave. Et accessoirement permettre à des types comme Arto Lindsay (DNA) d’imposer son rock bruitiste à dissonance brésilienne, aux côtés des croisement rock-funk au speed avec James Chance et Lydia Lunch, toujours en partant de plusieurs univers à priori étrangers pour créer des rapprochements inédits et féconds. Fini le punk à l’héroïne des années précédentes (Gabba, Gabba Hey !) et bonjour le black ghetto, et juste avant l’explosion rap qui atomisera The Message (du rock d’avant).
Réécouter l’oeuvre du Blank (bec) aujourd’hui, c’est un peu comme entrevoir tous les quartiers de la Grosse Pomme, toutes les communautés se lachant musicalement d’un coup, au même moment, pour célébrer un (petit) moment de communion : du grand brassage disco qui mélange enfin hétéros et gay dans des clubs conçus pour entendre la dance music de la décennie d’après (Paradise Garage, Loft, etc.). Des eighties qui justement se serviront dans les productions de Blank qui non seulement empilera les hits de club, mais permettra également à la No-Wave de se la jouer festif et en couleurs. Blank Generation ? Toute en couleurs et bruits bizarres, assez longue en bouche pour y passer des nuits et redevenir une des composantes de la culture de Big Apple 80’s ( Cf. Downtown 81)
Bob Blank // Blank Tapes NYC 1975-1985 // Strut (PIAS)
3 commentaires
Muchas gracias. ?Como puedo iniciar sesion?