Kazu, Simone et Amedeo sont en studio. Les guitares tombent à l’eau. Que reste-t-il ? Des claviers. Et lorsqu’ils se retrouvent sur scène ?
Penny Sparkle, sorti cet été, est un album de rupture. Même si Blonde Redhead s’est depuis longtemps émancipé de Smells Like Records, le label de Steve Shelley, et est devenu une des fiertés de 4AD, le groupe tire désormais un trait définitif sur son histoire d’avec Sonic Youth. Fini le temps de Futurism Vs Passeism où le trio s’amusait à triturer un riff de Cross The Breeze. Terminées les jams avec Steve et les compos noise : le groupe avait commencé par remettre en avant le chant sur les deux précédents albums et cette fois-ci, il a choisi de travailler un son plus froid, plus abstrait même, avec les guitares en arrière-plan. Un refus de la nostalgie couplé à une légitime volonté de couper le cordon. Et c’est Alan Moulder, chargé du mixage des derniers Smashing Pumpkins, Depeche Mode et Placebo, trois groupes vieillissant assez mal, qui tient la paire de ciseaux. Voilà pour le topo studio.
En live, et évidemment ce soir là au Bataclan, le groupe cherche également à changer son image. Kazu Makino porte maintenant un masque sur lequel sont fixées deux grandes tresses et une queue de cheval. Plus précisément, c’est une fantaisie qu’elle réserve au morceau d’intro du set et à celui qui ouvre le rappel. Dans quel but ? Pas un mot d’explication sur scène… De leur côté, les frères Pace n’ont pas changé grand-chose : Amedeo affectionne toujours autant la disto, Simone les breaks. Mais l’occasion de le prouver se fait de plus en plus en rare, surtout avec une setlist où le dernier album est massivement représenté. On en baillerait presque.
Le public s’avère être beaucoup plus réceptif aux anciens morceaux comme Dr Strangeluv, 23, ou encore SW joué juste avant le rappel, qui ressuscite l’ancien mordant du groupe : Kazu Makino y assure même le back up avec une Gibson SG blanche. Le retour aux riffs plus agressifs est apprécié par la salle et fait oublier les claviers trop paresseux de Here Sometimes ou Oslo. Le concert se termine malheureusement par une interprétation assez plate du morceau Penny Sparkle et laisse un arrière-goût d’inachevé à cause d’un son trop propret…
Kazu, Simone et Amedeo quittent la scène du Bataclan. Le public en redemande, mais il n’y aura pas de second rappel, pas de Misery is a Butterfly ou de Elephant Woman. Que leur reste-t-il ? Le souvenir d’un concert certes carré mais un peu lisse. Et lorsqu’ils reviendront sur scène ?
Blonde Redhead // Penny Sparkle // Beggars
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