Comme dirait l’Abbé Pierre, ces trois là ont un nom à coucher dehors. Ca va, ne haussez pas les épaules, la trêve hivernale est finie. Puis de toute façon, si ce nouvel EP tout en boucles krautrock signé chez Hands in the Dark donne des frissons à votre peau d’homme blanc occidental, c’est que vous êtes mille fois plus préoccupé(e) par les réglages de votre synthétiseur vintage acheté sur Le Con Boin que par le sort de l’humanité abandonnée sur le trottoir.

Maintenant qu’on a remis les pendules à leur place sur votre supposée supériorité face aux primates qui en sont encore à faire la manche sur une six-cordes avec des reprises de Noir Désir, il faut bien dire que « Transporteur », ce 4 titres venu de l’espace ou de tout autre endroit dépourvu d’être humain (la Picardie ? Le service culture de L’Express à midi ? L’Arizona ?), possède néanmoins quelques atouts. Le premier d’entre eux étant que ces 34 minutes d’instrumentaux planants s’écoutent sans lassitude, et qu’il est parfaitement possible de succomber à votre passion pour les Fonctions sous Excel sans risque d’être perturbé par la musique d’ambiance.

N’allons tout de même pas croire qu’il s’agisse ici d’une musique d’ascenseur ; « Transporteur » contient une musique évolutive plus que répétitive où les boucles cohabitent avec des climax flutesques et autres oripeaux saxophoniens. Ca ressemblerait presque à du chill out mérovingien joué par des hommes débarqués du futur pour faire comprendre aux auditeurs de Virgin Radio qu’il faut en finir au plus vite avec Kanye West et Brodinski. Une fois qu’on vous aura dit que Bitchin Bajas est le projet de Cooper Crain, guitariste du groupe Cave, et que le même Cooper cite Terry Riley ou Cluster parmi les influences, on aura presque tout dit. Hormis le fait que les nappes relaxantes de Planete T font furieusement penser à Pascal Comelade et Richard Pinhas sur la face B de « Fluence » (1975) ; preuve qu’aussi futuristes soient-ils, ces Américains n’ont pas non plus inventé le fil à couper le cordon ombilical.

bitchinurl
Mention spéciale à la photo presse qui accompagne la sortie de « Transporteur », et où le groupe réussit l’exploit de poser devant un parterre de fleurs coupées par Valérie Damidot pour exprimer toute la force puissance de ses claviers pointés vers le futur comme deux tétons prêts à être mordillés par un nourrisson. Bref. Cet EP stellaire est vivement recommandé aux fans de Tangerine Dream et autres groupes planants ayant fini leurs carrières en sandalettes Birkenstock. Et réflexion faite, encore plus à ceux qui n’arrivent plus à les écouter.

Bitchin Bajas // Transporteur // Hands In The Dark
http://bitchinbajas.tumblr.com/

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