Les instigateurs de ce modeste festival (l’association Triple A en particulier) rêvent d’un univers aux valeurs inversées, où la foule se presserait pour voir des anti-stars anonymes ; dans lequel Richard Dawson ou Paddy Steer auraient remplacé PNL et Macklemore (toute ressemblance avec des faits réels ne serait que fortuite), et où l’on se bousculerait, non pas pour voir des guignols chanter en playback, mais pour des projets qu’on ne voit pas ailleurs. Une belle utopie, en somme : une sorte de Larzac du larsen et de la transe.
Car l’intérêt d’un (bon) festival, pas le seul certes, c’est bien de faire des découvertes. Vade retro LiveNation et au diable Super!, fiers garants d’un conformisme mortifère. Vive les festivals sans œillères ! Baignade interdite est de ceux-ci, et propose un refuge pour les barjots, les marginaux, ceux qui sortent du cadre. Le cahier des charges est simple : proposer une programmation éclectique mais pas au rabais, sans jamais racoler ; imaginer un concentré de musique perchée comme le viaduc de Millau. Benjamin Maumus, en charge de la programmation du festival, a le talent pour dégoter les groupes les plus rares, les plus méconnus, ou les plus excentriques (et parfois les trois à la fois), pour prêcher ensuite la bonne parole et rassembler les curieux. Baignade Interdite ressemble en ce sens à ses lointains cousins, comme La Ferme électrique (pour le côté bru(i)t-DIY), mais plus encore à Sonic Protest (pour la part belle fait aux ovnis, aux apôtres de la musique expérimentale). Ceux qui creusent, on vous dit [1].
En 2018 : Paddy Steer, Bob Log III ou Borja Flames
Cette année encore, les intrépides auront droit à une programmation qui envoie les pseudo-festivals « pointus » se faire raboter. Au programme, quelques freaks inclassables, comme le bluesman de l’espace Bob Log III ou le non moins timbré Paddy Steer, extraterrestre de la même galaxie que Sun Ra et George Clinton. On mettrait bien une pièce sur Borja Flames, espagnol exilé à Paris, qui compose une musique mutante faite de bric et de broc, à la Pascal Comelade, ou encore l’Ensemble 0, deux guitaristes et un percussionniste qui jouent une musique sublime : imaginez un mélange entre le répertoire folk de Gastr Del Sol et votre compositeur contemporain préféré. À ne pas louper non plus, les anglais de Shopping, héritiers de Gang of Four signés chez FatCat Records, et les douces dissonances d’Olimpia Splendid, un girl-band finlandais inconnu au bataillon. Deux groupes pour une belle danse boiteuse, façon pogo sous les boules à facettes. On retrouve aussi à l’affiche quelques projets plus « pop » (plus accessibles, mais pas lisses pour autant) comme Selen Peacock, qui chante des chansons progressives à mi-chemin entre Areski et La Terre Tremble !!!. Et le meilleur pour la fin : mes chouchous de Noyades, dont chaque concert ressemble à un concerto pour bulldozer. Noyades à Baignade interdite, en lice pour le prix du calembour 2018.
Festival Baignade interdite, 7ème édition, du 30 août au 2 septembre 2018, à Rivières dans le Tarn (piscine d’Aiguelèze). Pour plus d’informations, envoyez un pigeon voyageur à l’office tourisme de Millau, ou contactez le site du festival ainsi que leur page Facebook. Et pour avoir un aperçu de la précédente édition, c’est par là : https://vimeo.com/256808444
[1] Lors des éditions précédentes, quelques noms bien connus des lecteurs de Gonzaï sont ainsi passés piquer une tête à Aiguelèze : Tomaga, Drame, Hyperculture, The Experimental Tropic Blues, France, Sourdure, Pierre & Bastien, J.C Satan, ayant notamment fait le déplacement, ainsi que d’autres dont on a un peu moins parlé. En vrac : Sheik Anorak, Massicot, Electric Electric, Chocolat Billy, Deux Boules Vanille, Francky Goes To Pointe-a-Pitre, Housewives, l’Orchestre Tout Puissant Marcel Duchamp…
3 commentaires
y’aura t’il surfers bleed in bed ?
colin newan our swimmer be there too?
YO, Ouvre un haschiche keb , brule le sauce NOIRE.