Qu’on nous pardonne cette blague viriliste dans le titre. C’est qu’en 2023, il devient de plus en plus dur de trouver des titres accrocheurs pour parler d’album de rock pondus par des mecs blancs ayant dépassé dans la trentaine. Dans le cas de Dick Voodoo, qui fête ses 20 ans d’existence avec un deuxième album, personne ne sait s’ils sont bien membrés ; mais on peut néanmoins affirmer que cette nouvelle sortie vaut son pesant de centimètres.

C’est l’histoire des Cramps qui aurait croisé les mecs de Frustration dans un port du Havre à 5H00 du matin, et qui les auraient aidé à décharger une cargaison de synthés venus d’Angleterre et qui, dans un grand élan anachronique, auraient décidé de brancher des instruments en dépit de l’inflation des compteurs Linky. Cette histoire, qui évidemment est approximative, tombe un peu comme le résultat de l’Euromillion, avec les chiffres dans le désordre, mais c’est malgré tout un bon résumé de ce qui attend l’auditeur de « Paradise », deuxième album bien électrique des mecs derrière Dick Voodoo qui, on l’aura bien compris en regardant les chiffres indiqués sur leur carte d’identité, n’a pas vraiment le profil de TikTokeurs veganistes passés experts en skin care.

Leur truc à eux, c’est le brut de décoffrage un peu soyeux ; la violence contenue du punk empaquetée derrière un riff de synthé sous speed, et c’est ainsi que s’ouvre « Paradise » avec Red Cheek. D’abord en duo en direct du Havre (parce que oui, Dave le chanteur est vraiment docker) puis désormais à trois (avec un batteur-cogneur), Dick Voodoo semble figer le temps de la timeline Discogs en prenant son temps pour y empiler les références ; raison pour laquelle « Paradise », certainement enregistré pendant les RTT et le peu de temps libre restant après la pénibilité de boulots loin des open space, sonne si frais, authentique et peu poseurs, loin des références parisiennes où d’apprentis fils de comptables se la jouent Iggy Pop avec un Spritz à 15 balles. La suite ? C’est donc un album d’urgence avec de vrais petits tubes (Burning Star, Paradise) et cette impression d’écouter Joy Division en accéléré avec un Koudlam chanteur qui aurait évité de se poser « too many questions ».

« Paradise », dont le nom résume assez mal la dureté des matins brumeux havrais, sort ces jours-ci chez Les Mauvais Garçons, nouvelle structure à qui l’on doit déjà l’excellent disque de Tempomat. Une belle affaire à suivre, loin des clichés souvent associés (à raison) à ce genre.

https://lesdisquesmauvaisgarcons.bandcamp.com/

Paradise | DICK VOODOO | LES DISQUES MAUVAIS GARÇONS

 

 

 

 

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