3 novembre 2011, j'ai rendez-vous avec deux membres du groupe Young Michelin, entre Issy (Jean Moulin) et Clamart. Autant dire : en province. Je ne sais pas pourquoi mais, sorti de Paris, j'ai comme des bouffées d'angoisse, et le SMS du leader d'Aline reçu la veille donne un sérieux coup de guarana à mon appli GPS intra-burnos. « Si tu viens en métro, tu prends la ligne 12 jusqu'à Marie d'Issy puis tu prends le bus (5 mn) et tu descends à l'arrêt Hôpital Percy. Appelle-moi quand t'es arrivé ». Clamart, c'est le bout du monde. Ça me laisse le temps de refaire l'histoire du groupe qui enregistre actuellement son premier disque avec Jean-Louis Piérot à la console. Encore vingt minutes de transport pas commun, c'est long.

La ligne de bus 169 est l’une des nombreuses ligne que la RATP exploite en banlieue (numérotée de 100 à 199). Elle dessert Sèvres (Musée de la Céramique), Meudon (Église), Clamart (Hôpital Percy), Issy-les-Moulineaux (Mairie) et France Télévisions (Motus). Cette ligne est assez fiable au niveau timing ; le temps d’attente entre deux bus dépasse rarement les trois quarts d’heure, et les noms de stations sont plutôt coolos (Rabelais, Victor Hugo, Verdi, D’Alembert, Cimetière … ). Mon temps de parcours pour rejoindre l’Hôpital Percy est estimé à 17 minutes. « Trafic normal, pas de perturbation identifiée sur cet itinéraire. »

À 11 heures tapantes, je suis assis dans le sens de la marche sur un siège en velours au design approximatif.
À 11H 07, je passe en zone tarifaire 2. Mon reflet esquisse un sourire de (presque) satisfaction dans la vitre en haut, au niveau du sticker Issue de secours.
À 11 H 08, je regarde mes pieds.
À 11H 09, je trouve mes pieds supers chelous. Surtout le droit.
À 11 H 10, je checke mes mails. « Impossible de se connecter au serveur. Vérifier votre connexion pop. » (Bullshit !)
À 11H 17, j’arrive à destination.

Bon, autant être franc du collier Maty, la station Hôpital Percy, c’est juste la lose au niveau paysagisme. Une ligne de chemin de fer aux graffitis niveau CP traverse la ville en son milieu. Aucun rade géolocalisable à moins de dix kilomètres. Je fume trois clopes près d’une poubelle recyclable en comptant les mouches. Un ange passe. Puis un deuxième (déguisé en Super Mario). Il est 11 H 20 et j’ai rendez-vous à 12 H00 (misère). A 12 H 09, je reçois un SMS de Romain – alias Dondolo pour les intimes – aussi connu comme la tête pensante d’Aline, ce groupe précédemment nommé Young Michelin qui a dû changer d’identité après qu’une marque de pneus le lui a très gentiment – et par l’intermédiaire de ses avocats – conseillé : « Tu penses être là à quelle heure ? Là c’est la pause déjeuner. On reste dans le coin ». Direct, je tape son 06. « Viens me chercher, au secours. » Il arrive illico, un kébab à la main. Direction le studio Réko. On discute de la pluie et du beau temps sur le chemin, et aussi de Nietzsche et de Schopenhauer, mais de façon plus factuelle.

Tu viens de loin, mec ?
Du XVe, répondis-je à brûle-pourpoint en faisant « yo » avec mes doigts, comme si un paparazzi me prenait en photo en sortant de chez le coiffeur.
C’est Dingue ! En ce moment je vis chez ma tante, rue François Hollande dans le XVe. C’est loin de chez toi ?

La rue François Hollande est parallèle à la rue de chez moi, mais je fais comme si que non. Rires enregistrés, générique de fin. L’interview commence.

Interview: Christophe Deodato
Réalisation, montage: Xavier Reim

http://youngmichelin.wordpress.com/ 
En concert au Point Ephémère le 12 janvier

6 commentaires

  1. Bon, perso je continue de préférer Dondolo à Young Michelin, question de point de vue. Je regrette d’ailleurs amèrement que « Dondolisme » ne soit pas disponible, ni en vinyle, ni du Deezer. Voilà, c’est tout ce que j’avais à dire.

  2. Je n’ai pas d’avis sur Young Michelin mais… « Entre Issy (Jean Moulin) et Clamart » est un sommet. . « Entre Issy (Jean Moulin) et Clamart… Je ricane bêtement , seul, face à mon écran.

  3. Dondolisme fait partie du code génétique de ce zine, n’est-ce pas? Sinon assez drôle le « je viens du 15e », j’ai vraiment cru à un caprice de bobo au début…

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