Adam Goldberg se chie dessus. À quelques heures de son premier concert parisien, l’acteur, devenu musicien le temps d’un excellent album, ne fait pas vraiment le malin.

Non pas que l’attente autour de sa venue soit grande. Après tout, ici on a l’habitude de voir les comédiens rentrer en studio (l’infâme Mélanie Laurent se veut même pop ces jours-ci). Et c’est bien connu, le public parisien est blasé, et il en faudrait plus pour l’impressionner – et lui faire quitter le bar – qu’un second rôle, aussi brillant soit-il. On l’a vu sauver le soldat Ryan chez Spielberg, sniffer des montagnes de coke dans Entourage, emménager avec Chandler dans Friends, affronter les clichés dans 2 Days In Paris. Une chouette carrière. Un ego à priori bien portant. Malgré tout, Adam angoisse. Tu me diras, tu savais à quoi t’attendre en signant avec une maison de disques, non ? Adam : “Bien sûr. Et franchement, c’était un rêve de gamin ce contrat avec un label. Mais le musicien que je suis ne s’adapte pas tout à fait au cirque promotionnel classique. J’enregistre sur mon iPhone, puis je bidouille des sons dans un logiciel. Comment montrer ça aux gens ? On a fait un concert à la BBC l’autre jour. Et je ne me sentais pas du tout à ma place. Les gens pensent à mon sujet que je suis un acteur dans un groupe. Mais je n’ai même pas de groupe.”

Au vu de la performance, difficile de parler de groupe, dans tout ce que cela suppose de cohésion et de prestation scénique. Brouillon sur les deux premiers titres, le concert parvient malgré tout à décoller. Quand Goldberg se met au piano pour Mother Please, et qu’il arrête de se comporter comme un musicien mal dans sa peau pour devenir un fan de John Lennon comme un autre. Mais “ce que l’on joue sur scène n’a rien à voir avec ce qu’il y a sur l’album. J’ai bien conscience que ce que nous faisons n’est pas parfait. Nous sommes inexpérimentés, nous ne jouons ensemble que depuis quelques semaines. On a dû tout refaire pour les concerts. On n’a pas de batterie, on n’est que trois. Pas de basse non plus. Compliqué quand tu ne répètes que deux jours par semaine parce que tout le monde a un boulot à côté”. Il y a sans doute pire qu’être musicien intermittent à Los Angeles. Devenu chanteur par passion plus que par défi (et en aucun cas par opportunisme), Adam vit le rêve de tout adolescent, et, inconscient de la réalité de ce métier là, semble regretter, et ne souhaite qu’une chose: retrouver le plus tôt possible son home studio.

The Goldberg Sisters, premier album d’Adam, court (dix titres), sent bon le road trip californien, les palmiers et le soleil. On ne se refait pas, et Adam le dit lui-même : sa musique le définit autant que sa ville. Et que ses films ? “Comme acteur, je n’aime pas les interviews, car la plupart du temps mes films ne sont qu’un gagne-pain, et je ne les aime pas plus que ça. En revanche, les films que j’ai réalisés, comme ma musique, comptent beaucoup pour moi.” Fan de Costello et de Bowie, le second couteau des salles sombres pèche par manque de confiance, mais sûrement pas par vantardise. Bavard et honnête, mais en aucun cas musicien ; pas sûr qu’un deuxième opus de The Goldberg Sisters voie le jour. Adam, lui, continuera de composer ces ritournelles sans prétention, ces quelques accords posés sur bande entre deux virées sur la côte. Peu de chance qu’elles sortent un jour. Tant pis pour la pop.

Adam Goldberg // The Goldberg Sisters // PIAS
http://www.myspace.com/thegoldbergsisters

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