Charles de Gaulle est mort, vive Charles de Goal ! Pendant qu’une bonne partie de la France se bat inutilement contre elle même, Patrick Blain, revenu de sa traversée du désert à Cold-wave-les-deux-églises, nous explique son programme pour 2017. 

Après 25 minutes de causerie avec ce mystérieux homme à lunettes, qui a débuté sa carrière à une époque où Giscard d’Estaing était encore au pouvoir, tout s’éclaire. Comment il a commencé dans son coin, comment le très pointu label New Rose est venu le sortir de sa caverne pour balancer ce qui deviendra une référence post-punk (« Algorythmes », 1980), comment le stress l’a envahi avant son premier concert en 1985, et surtout comment il est miraculeusement revenu sur le devant de la scène ces dernières années après une grosse période de silence radio.

Un programme (vraiment) révolutionnaire

S’il fallait résumer, on dirait donc que Charles de Goal est l’homme providentiel qu’il nous faut. Avec un programme révolutionnaire qui se déclinerait en 5 mesures qui pourraient changer le destin du pays :

– école interdite aux non fans d’Alan Vega.
– initiation obligatoire à la technique de répétition boite-à-rythmale dès l’âge de 3 ans.
– suppression de toutes les subventions à la musique considérée par un jury de spécialistes comme « nulle à chier ».
– gratuité des cours pour les enfants pour « chanter le plus mal possible »
– cycles de conférences en communication données par Charles de Goal sur le thème : « comment ne pas promouvoir son label, en 10 leçons pratiques et théoriques ».

Le label en question, c’est Danger Records, cofondé avec ses deux associés, qui servira d’ouverture le questions-réponses ci-dessous. Volonté de mettre les paroles en accord avec les actes ou simple débilité neuronale, l’interview du candidat De Goal a eu lieu deux fois de suite. Comme sa musique : répétitive. Comme on vous aime bien et qu’on aimerait bien que vous votiez pour lui, on vous a gardé que la meilleure partie.

https://www.youtube.com/watch?v=GIeBysYuEMU&list=PLRGIkQwasAQHE6UI4v7CUJlBzHglUdABt&index=4

Bon donc reprenons… Danger records, on va y arriver…

Charles de Goal : Donc c’est le label de 3 personnes, Ivan ancien patron du magasin Born Bad, Jeremy qui était vendeur dans la même boutique et puis moi-même. Ca me permet de sortir mes disques et puis voilà, aha ! Le prochain sortira peut-être sur Danger Records d’ailleurs.

On dit que tu es le pionnier du post-punk français…

Charles de Goal : Mmm pionnier c’est un mot un peu fort et puis « post-punk » ça n’existait pas, c’est un terme qui a été trouvé après.. Nous on considérait qu’on était toujours dans le mouvement punk. Même si des gens comme Wire, Gang Of Four avaient détourné le punk pour en faire quelque chose de plus barré et de plus intello, mais on disait pas que c’était du post-punk.. A la limite on aurait pu dire que c’était de la new-wave, et encore c’était plutôt les « nouveaux romantiques », Depeche Mode et compagnie…

Intéressant. Le nom de ton groupe est une référence parodique à un ancien président bien connu. Tu peux me raconter l’histoire ?

Charles de Goal : Ouais donc j’ai pas eu d’ennuis avec la famille du Président. Le petit fils s’en était même amusé.. Par contre le seul moment où j’ai eu des emmerdes c’est quand je suis allé déposer le nom à la Sacem, la nana a tiré une tronche pas possible avant de me dire : « Deux minutes je reviens, je vais voir si c’est possible ». Bon finalement elle est revenue et m’a dit que c’était « OK ». Y’a eu un petit moment de flottement quoi.

Durant des années, après tes débuts, tu resté enfermé chez toi à faire de la musique, sans faire de concerts. Pourquoi ?

Charles de Goal : Tout simplement parce que je ne savais pas jouer, ah ah ! Non je faisais tout « tout seul » au début, du coup je me voyais pas faire ça sur scène avec juste des machines, ça me faisait chier.. Je me voyais pas non plus monter un groupe : ça me faisait chier aussi.

De toute façon l’idée de « Charles de Goal » à la base n’était de pas faire un groupe…

Charles de Goal : Non c’était surtout l’idée de faire de la musique dans son coin. Il s’est avéré que j’ai amené les bandes au label New Rose, et ça leur a plu..

Parlons de New Rose justement, qui a un catalogue incroyable.

Charles de Goal : Alors : il y avait deux têtes pensantes chez New Rose… D’un côté Patrick Mathé, qui lui était versé dans tout ce qui était américain genre Gun Club, Dead Kennedys ou même des trucs limite cowboys comme Calvin Russell à Austin. De l’autre côté il y avait Louis Thevenon qui s’occupait justement du « post-punk » français..

https://www.youtube.com/watch?v=HKYtsnZZ2tM

Ok, c’est lui qui est venu te voir j’imagine..

Charles de Goal : Oui si Charles de Goal est sorti sur New Rose c’est grâce à lui. C’est vrai que c’est un label qui a eût une aventure incroyable.. Un des tout premiers labels indépendants français.. Et ça a bien marché quand on voit que mon premier disque s’est vendu à 15 000 ex, pour l’époque c’est énorme !

Donc un beau jour de 85 tu sors pour la première fois de ta caverne platonicienne. Qu’est-ce qui se passe à ce moment-là ?

Charles de Goal : Ouais je me suis dit qu’il était temps d’affronter le public sur scène pour vaincre ma pudeur et ma timidité. J’ai donc monté un groupe mais j’ai jamais été très content du résultat.. C’était trop « new-wave » justement, ils n’avaient pas compris l’esprit de Charles de Goal.

Ouais et le plus incroyable c’est donc que tu as finalement trouvé la bonne formule en live 20 ans après.

Charles de Goal : C’est ça, en 2007.. Peut-être qu’il fallait ce temps là pour que ça repose et que ça revienne.. A l’époque c’est aussi moi qui n’est pas su bien leur expliquer ce que je voulais. Mais oui le vrai Charles de Goal sur scène est né à la fin des années 2000.

C’est dingue. Entre ça et la compile de Tigersushi, So Young But So Cold, ça a relancé la machine à fond.

Charles de Goal : Ouais tout à fait, en fait on a ressorti le 1er album « Algorythmes » chez Studio Garage qui a réédité plein de vieux trucs punks français des 80’s comme Bonaparte, Jad Wio.. On a mis sur pied un concert pour promouvoir la sortie dans l’idée de faire un « one shot » et puis c’était bourré à craquer.. A La Flèche D’Or..

Comment t’as fait ?

Charles de Goal :  Je ne sais pas.. Tout de suite après le concert des promoteurs sont venus nous voir pour des propositions de concert en Allemagne, un peu partout.. J’avais enfin trouvé les musiciens qui me convenaient.. Depuis on n’a pas arrêté !

Et tu viens de ressortir un album sur ton label Danger Records mais personne ne le sait. 

Charles de Goal : Dis-toi que certains disquaires ne le savent pas plus que toi !

Le côté répétitif qui caractérise beaucoup ta musique, ce n’est pas une satire de la société moderne à la manière de Chaplin ?

Charles de Goal : Non justement, c’était plutôt l’idée d’être dans l’air du temps, dans son époque. Prendre en compte ce qu’on devient et l’appliquer à la musique. D’ailleurs j’ai toujours aimé la musique répétitive, je suis même fan de compositeurs contemporains comme Steve Reich, Philip Glass. Effectivement au bout d’un moment ça peut devenir chiant si c’est trop répétitif..

Comment faire de la musique répétitive pas chiante ?

Charles de Goal : Quand tu sens que ça devient chiant tu t’arrêtes, aha ! J’ai d’ailleurs fait un morceau qui s’appelle Ambiance Répétitive. Non mais y’avait aussi un côté « intello » dans tout ça, avec un arrière côté littéraire.. Et artistique… je me la pète !

On est dans l’époque où l’on refait ce qui a déjà était fait. Monter un groupe de cold-wave aujourd’hui c’est plus très moderne non ? 

Charles de Goal : Non, je vois pas trop l’intérêt en fin de compte.

Bon pour revenir à des choses plus gaies, après les rééditions les nouveaux albums, c’est quand le prochain ?

Charles de Goal : Bon déjà y’en a un qui vient de sortir y’a deux mois mais personne n’est au courant visiblement, comme on le disait. C’est un double-album qui réunit 2 disques, « Mobilisation » et « Résistance ».

Donc tu deviens engagé avec l’âge.

Charles de Goal : Tout à fait. Je trouve que c’est nécessaire par rapport à ce qu’il se passe en ce moment..

« Je veux pas passer pour un vieux con »

Qu’est-ce qu’il se passe en ce moment ?

Charles de Goal : Nos amis « trumpesques », « lepenistes », euh.. Comment elle s’appelle l’enfoirée l’anglaise.. (rires) Ces gens là font un peu peur et oui, il faut se mobiliser. La situation est plus grave qu’à l’époque, plus grave qu’elle ne l’a jamais été..

Super époque donc. Plus d’innovation, politique pourrie..

Charles de Goal : Non mais c’est de la redite. C’est répétitif, ah ah !  Le problème c’est que les gens n’ont plus aucun intérêt pour l’histoire, alors que toutes ces choses se sont déjà passées.. Encore une fois je veux pas passer pour un vieux con mais..

Tu ressors des albums, tu fais pleins de concerts, c’est quoi la prochaine étape pour Charles de Goal ?

Charles de Goal : Le cercueil ! Non des concerts. Et un prochain album qui sortira d’ici deux ans maximum. J’aimerais qu’il soit plus minimaliste et plus instinctif que celui qui vient de sortir.

Super ! Question de geek : ton synthé préféré ?

Charles de Goal : L’ARP Odyssey. Et l’OMS aussi qu’était bien, c’était une petite valise… ? On recommence l’interview ? Ah ah ah.

Charles de Goal // Mobilisation + Resistance  // Danger Records
https://dangerrecords.bandcamp.com/album/dr-023-mobilisation-resistance-double-lp

Avec l’aimable autorisation du Supersonic pour la partie « interview ».

9 commentaires

  1. Un petit message personnel:les oiseaux au zenith sont morts de faim.Je répète,les oiseaux au zénith sont morts de faim.

    zetes trop flagrants,je m’abstiens.
    dsl.

  2. II ploucs et + sur un parvis , lequel sort et recupere les malheurs de la Rance? e t lequel touche les dividentes du labeur des exploités , …

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