Alors que le dernier membre des Ramones a passé l'arme à gauche, et que les Libertines se reforment uniquement pour grossir leurs comptes en banque, un groupe issu du sud de Londres résiste encore à l'envahisseur mainstream en pratiquant une musique débridée qui respire la déglingue, le nihilisme et la beauté violente.

Ce groupe c’est The Fat White Family. Le patronyme en dit long, autant que l’incommensurable chibre cochonou présenté sur la pochette de leur premier effort « Champagne Holocaust ». Cette art cover pour le moins destroy, qui rappelle au mieux les heures les plus obscures du punk hardcore underground, et au pire le hard rock des années 80, n’aurait pu être qu’une vaste plaisanterie pour gens déviants. Mais ne nous méprenons pas, le contenu est aussi exceptionnel que le contenant. Le brûlot inespéré que l’on s’était mis à rêver était enfin disponible pour tous, brandissant fièrement la faucille et le marteau sur les devantures des disquaires indépendants, tout en se frayant discrètement un chemin sous le nez des associations de mères de famille qui auraient pu le censurer.

Si l’on en croit le darwinisme musical, les membres de la grosse famille blanche sont dans la parfaite lignée d’une dynastie composée d’êtres plus ou moins drogués et puisant l’inspiration dans leurs mal-être générationnel. Comme Lou Reed, Mark E.Smith, John Lydon ou Iggy Pop, The Fat White Family propose une poésie brutale, qui conte les mérites de la décadence urbaine tout en intellectualisant des chansons sur deux accords.

L’auditeur oscillera ainsi entre des complaintes country bordéliques et basées sur les tourmentes du chanteur Lias Saoudi : « Si mon esprit était propre, je ne serais bien » déclare-t-il sur le morceau Borderline, puis le meme s’insurge de la pédophilie en Angleterre sur fond de dérives psychédéliques lancinantes avec Cream of The Young, mais n’oublie pas pour autant de vanter les bienfaits d’une fellation dans une bagnole avec le subtil Is It Raining In Your Mouth ?, secoué par un punk primitif. L’ensemble du disque ne manque pas d’humour, et tout ce politiquement incorrect s’avère, en réalité, n’être qu’un opéra burlesque orchestré par des crétins bien bourrés.

Evidemment, le côté grandiloquent de Fat White Family est d’une évidente évidence en live, il suffit de revoir la prestation déjà culte pour le New Musical Express (en intégralité sur youtube) pour se délecter de cette onctueuse fête du slip, jumelée comme il se doit avec une beuverie ambulante. Il faut dire que l’ambition première des concerts du groupe, si l’on en croit certaines déclarations dans la presse, est de souiller le public pour qu’il se sente honteux d’exister…
Les organisateurs ne sont pas non plus à l’abri d’une ignominie : Après une banale erreur d’accréditation lors d’un concert à Bristol fin août, le groupe déclarera sur sa page facebook que le staff du lieu “méritait d’être aligné contre un mur pour être fusillé”…
Qu’importe la demande de boycott du groupe par la salle, The Fat White Family tourne plus que jamais, même après s’être fait congédié des premières parties de Franz Ferdinand pour des problèmes “d’éthique”.

Et pour couronner le tout, le premier pressage de l’album est sold out. Un véritable succès pour un disque à l’origine destiné à la vente digitale sur bandcamp, et ressorti en édition deluxe ces jours-ci en Angleterre, ainsi que chez Fat Possum – le label préféré d’Iggy Pop – aux États-Unis.

Au rayon des nouveautés, un 45 tours est prévu pour le mois d’octobre afin de promouvoir leur tournée européenne. Encore une fois les titres semblent de bonne augure : I am Mark E.Smith sur le recto et I am Joseph Staline sur le verso…

https://fatwhitefamily.bandcamp.com/

the-fat-white-family-champagne-holocaust

 

 

 

 

 

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