Année 2016, année de la baise et donc, forcément, plus personne n'y échappera, l'année d'Amour Poubelle.

Nous interrompons nos programmes pour vous dévoiler en exclusivité les premières estimations de ces primaires de la pop française deux mille seize. Qui marchera dans les pas de Daho, Fontaine et Katerine ? En dernière position, avec seulement 3% des voix, les Pirouettes n’auront pas su mobiliser leur jeune public, trop occupé à réviser le bac pour aller jusqu’aux urnes. Une surexposition médiatique a été fatale pour la Femme qui n’a réussi à convaincre que 10% d’électeurs. À l’inverse, c’est un manque de notoriété qui a joué en défaveur du pourtant talentueux Forever Pavot, récoltant tout de même 12% de fidèles. Le grand favori était bien entendu Flavien Berger, « la meilleure chose qui soit arrivée à la musique française » selon les Inrocks. Le pauvre ne culmine qu’à 24% et n’aura pas su résister au nouveau phénomène venu de Rennes, l’outsider auquel personne ne croyait mais qui remporte l’élection avec 51% des voix, le nouveau roi de la pop hexagonale, mesdames et messieurs : AMOUR POUBELLE !

https://youtu.be/w9Dt5reloYo

Pour mieux comprendre cette victoire qu’aucun institut de sondage n’avait prévue, revenons sur une campagne mouvementée. Elle a débuté au sommet d’un HLM où, lors d’une froide nuit d’hiver, le dieu de la mélodie a trouvé refuge dans les rêves d’un jeune chômeur/branleur. « Écoute gamin, j’ai déjà refilé mes pouvoirs à Brian Wilson et Paul McCartney mais il me faut du sang neuf. Comme tu n’as rien de mieux à faire, accepte ton destin« . L’élu a aussitôt testé ses capacités en enregistrant seul une démo sur un PC d’occasion. Pochette maison, chœurs assurés par la copine, petite entreprise lo-fi qui ne se prend pas au sérieux mais y met tout son coeur. Très vite, face à l’engouement des premiers adhérents du parti, il faut passer à la vitesse supérieure. Un second guitariste est recruté, la copine imite Linda derrière un synthé et notre jeune héros enregistre pour de vrai et en français son manifeste, un « Synergie Bis » disponible sur le net et en édition vinyle hautement limitée. Comptant sur le bouche-à-oreille et un clip de campagne redoutable, le joyeux trio traverse la France à la rencontre de potentiels électeurs. Dans les clubs les plus branchés d’Angers et de Paris, la rumeur grandit et une jeunesse en quête de modèles se laisse peu à peu séduire par la sincérité de cet improbable messie. Le programme est simple : « venez chiller en locomotive, classe éco-tranquille« .

Forcément, un tel succès populaire enrage les rageux. On crie au scandale : trop lo-fi ! Trop de boîte à rythmes ! Voix trop nonchalante pour être vraie ! Séquençage bordélique ! Pochette immonde ! Amour Poubelle ne se laisse pas démonter car, tel Macca enregistrant « RAM », il a la vérité de son côté et l’histoire lui donnera raison. L’histoire se souviendra de nos déhanchements sur la chanson-titre, d’avoir dragué en boite sur Pour te Plaire, des enfants conçus sur le slow La Nuit c’est Sentiment. Comment résister à la rencontre entre Daho et Pavement dans L’Ascenseur de mon Cœur ? Mille idées par morceau, une influence magnifiée derrière chaque riff (après tout, la campagne a été financée par les Pixies, les Breeders, Mac Demarco et les ayants-droits de Buddy Holly). Et puis il y a les textes, des considérations existentielles douces-amères que n’aurait pas renié Baudelaire : « des trips en Malaisie/sur la plage so lazy/c’est tout ce dont j’aspire avec toi ». La Femme écoute le tube Je te Ferais Mienne et donne sa démission. La France écoute Il n’y a pas d’amour et pleure car, peu importe impôts et fachos, le monde est beau et triste.

Co-citoyens, nous avons fait le bon choix.

https://amourpoubelle.bandcamp.com/

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