Il existe, coincé tout en bas des carnets de psychothérapeutes, une angoisse très masculine consistant à se faire manger le sexe par des vagins équipés de dents agressives, à la manière d’un piranha dévorant des petits Eric Zemmour bousculés dans leur masculinité. Figurez-vous qu’il existe désormais un groupe traduisant cette angoisse complètement conne du grand remplacement, et ça s’appelle Vulves Assassines.

Il est dingue de remarquer, ces jours-ci, la facilité avec laquelle il est possible d’hystériser les réseaux sociaux, et ainsi de rameuter tous les cas sociaux de l’internet avec des commentaires défiant les lois de l’orthographe. La clef du succès ? Mettre en avant le rôle des femmes à grandes gueules dans la culture, qu’il s’agisse du nouveau roman de Virginie Despentes (Cher Connard, Ndr) ou encore de la nomination à la rédaction en chef des Inrocks d’une personne sans paire de balles de ping pong entre les jambes (en l’occurence, la dénommée Carole Boinet). Propos déplacés, attaques sur le physique, blagues sur le féminisme entre couilles, ad lib.

Il arrive aussi, à l’inverse, que certains projets tirent la couverture du féminisme dans le mauvais sens, avec des atrocités telles Collages, un groupe qui – je cite – se définit comme « un duo d’Electro-pop chanté en français, féministe, festif et engagé!« . On vous laisse juger sur pièce; on n’est quant à nous pas certain que ce genre de clichés fassent du bien à l’empowerment.

Et c’est ainsi que, dans ce marasme d’idées confuses et de luttes pour le pouvoir, débarque Vulves Assassines. On dit « débarque », mais le projet composé de DJ Conant, MC Vieillard et Ingrid gave des disques durs depuis presque 10 ans. Entre temps, le mouvement #MeToo, Harvey Weinstein et Balance ton quoi sont passés par là en permettant de remettre les pendules à leur place; et c’est peut-être la raison pour laquelle « le groupe electro ponk féministe
en français avec du rap de l’espace » remonte progressivement dans les classements.

Techniquement, c’est nul. Pas très éloigné de ce que fut Sexy Sushi en son temps. Niveau budget, proche de 0 si l’on s’en tient au prix des différents clips du groupe, à peine plus chers qu’un paquet de préservatifs. Mais pour le reste, c’est paradoxalement au regard du nom du projet, très jouissif. Chansons de Ramones brico-punk (C’est moi qui t’baise), titres en forme de manifeste pas chiant contre le patriarcat (J’aime la bite mais pas la tienne) et, plus récemment, un nouveau single (Tu veux baiser ?) questionnant le désir incontrôlable des petits-enfants de DSK, et où l’on apprend que « l’homme peut se laisser convaincre qu’il y a mieux à acheter en ligne que du sexe. Par exemple : un vaisselier en formica« . Vent d’air frais au pays du combat pour l’égalité femme-homme.

Plutôt que de trop réfléchir au mot qui fait peur à tout le monde (FÉMINISME, et sa déclinaison péjorative FÉMINAZI), les Vulves Assassines préfèrent citer Dalida (« Je sais ce qu’est ma vie. Mon mari, c’est le public. Les chansons, ce sont mes enfants.« ) et se foutre de la gueule d’à peu près tout le monde avec « l’espoir d’un monde meilleur, plus juste, un monde où Pierre Gattaz élèverait tranquillement des chèvres dans le Larzac au lieu de nous pourrir la vie« .

Les meilleures blagues étant, comme les phallus, les plus longues, le groupe annonce un nouvel album pour octobre, « Das Kapital », où il sera encore question de questionnements féministes, mais aussi de sujets comme l’écologie de droite. Nettement plus intéressant, pertinent et drôle qu’un énième album de garage-rock pondus par cinq mecs blancs, et un très bon outil explosif pour faire définitivement péter le macho-business.

https://vulvesassassines.bandcamp.com/releases

6 commentaires

    1. « encore question de questionnements féministes »
      « inspirationnel »
      « remettre les pendules à leur place »

      « Techniquement, c’est nul »
      Je vous le fait pas dire
      Merci pour ce moment charbiesque

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