Les études statistiques le prouvent tous les jours : attendre quoique ce soit d’un groupe de quadras sur le retour n’augure jamais rien de bon. Surtout comparé au premier album d’un duo de branleurs de Los Angeles qui cite Devo, ELO et William Onyeabor parmi ses influences. James Murphy va peut-être devoir prendre un ticket dans la file d’attente.

Du « lo-fo » punk joué avec les cheveux dans le vent sur un skate, des physiques à jouer dans un porno amateur pour vieux fans de disco et quatorze chansons toutes aussi différentes que les enfants d’une nymphomane amnésique, c’est grosso modo le menu de « New Driveway Soundtrack », premier album de Cobra Man dont les puristes esthètes devraient à priori ressortir rincés, écœurés, convaincus que ces deux là n’ont pas inventé la roue à couper l’eau chaude. Dans cette époque où n’importe qui prophétise quotidiennement la naissance d’un génie accouché en péridurale par l’orifice de Twitter, c’est non seulement une bonne raison pour claquer plus de 500 signes sur ce gros bordel mélodique, mais c’est aussi une manière de réhabiliter ces rares disques bricolés qui arrivent, de temps à autre, sans qu’on n’en attende rien.

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Dans le cas de Cobra Man, il est surtout question de décomplexion assumée. Pas de chichi sur les ponpons, pas d’histoire à dormir debout pour maquiller la mariée ; « New Driveway Soundtrack » est un patchwork cousu n’importe comment où l’on peut aussi bien entendre du D.A.F. disco (Weekend Special) que du Moroder repris par Abba (Firstfight at the stoplight) ou du Jesus and Mary Chain entonné par des analphabètes de douze ans ayant fait leur éducation avec des catalogues American Apparel. L’esprit rien à foutre de Los Angeles, en gros, mais avec style.

Du skate, ici, il y en a justement beaucoup. Andy Harry et Sarah Rayne ont d’abord commencé par se rencontrer après que le premier ait migré à L.A., et qu’il ait au passage été adopté par des légendes locales de la planche à quatre roues (les Mull Brothers). Après s’être mis d’accord sur le fait que leurs chansons seraient garanties sans filtres ni barrières, Andy et Sarah décidèrent de se mettre au boulot sur une bande-son de film qui n’existe pas, et sur laquelle on pourrait aussi bien trouver des riff de guitare Hard FM dégueulasses que des arpeggios d’Italo Disco coincés ça et là, sous la planche du skate. Pour faire court, la tête Mac Demarco greffé sur le corps des Ramones avec, au milieu, un gros pan de trash culture.

Pas sûr que Cobra Man parvienne au même niveau de notoriété que James Murphy, pas sûr enfin que les fans de Sister Sledge aient envie d’écouter du Stereolab, ni que les adorateurs de Daft Punk daignent se convertir à Ariel Pink. C’est pourtant précisément de ça dont il est question avec Cobra Man : broyer les genres au mixeur. A partir de là, libre à vous de danser tout seul comme un con sans trop réfléchir à la musique qui passe dans les enceintes. Et à défaut, vous pourrez toujours acheter le nouvel album de LCD Soundsystem.

Cobra Man // New Driveway Soundtrack // Sortie le 8 septembre chez Goner Records/ Danger Collective
Site officiel

2 commentaires

  1. Tu peux pas t’empêcher de dire du bien en taclant dans le même temps. C’est con, parce que l’album de LCD S est vraiment excellent, quoi que tu en penses, quoi que tu en dises.
    Mais bon, c’est vrai que les vacances ça fatigue …

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