Loin de moi l’idée de vanter le protectionnisme ou la préférence nationale, mais quand on a un joyau comme Ashinoa, on s’efforce de le conserver. Après Servo, Veik, et Slift, les perfides anglais de Fuzz Club Records nous dérobent encore un de nos meilleurs groupes. Après tout, peut-être que la France ne les mérite pas ?

Il y a d’abord cette pochette ; une photographie plutôt banale d’un champ de blé qui fait penser à Raymond Depardon quand il photographie la France dans ce qu’elle a de plus ordinaire et de plus monotone (les zones périurbaines qui grignotent les villages, la ruralité immuable, les commerces de centre-ville identiques, etc.). Et le disque est à l’avenant : on se croirait au cœur d’une photographie ou d’un film quasi muet. Sauf qu’il s’y passe des choses bien plus folles que devant la mairie de Neuvy-sur-Loire, dans la Nièvre.

Pas vraiment de chant sur ce disque mais quelques voix sourdes ou perdues dans l’écho. Le groupe excelle dans la fabrication de paysages sonores propices à la rêverie. « L’Orée » est la bande-son idéale pour contempler le paysage qui passe à travers la vitre d’un train express régional. Attention toutefois, en écoutant « Yzmenet » vous risquez d’avoir envie de faire du boudin avec ce gosse qui tabasse votre siège depuis de trop longues minutes (un accident est vite arrivé).

 

On trouve aussi en vrac sur ce disque des râles, des crépitements, des chants d’oiseaux, des bruits étouffés, étranges et chamaniques, dans une atmosphère qui confine par instants à la transe (d’ailleurs le titre Feu de joie fait explicitement référence à un rituel collectif). Ce foisonnement d’effets, d’idées, d’ambiances contemplatives et de sonorités futuristes charmera assurément les fans de Zombie Zombie, Beak>, Föllakzoid et autres bizarreries cosmiques.

Vous penserez à moi en écoutant la voix haletante sur Vermillion et Disguised In Orbit : je ne peux pas m’empêcher de penser à cette vidéo virale de Céline Dion qui fait des vocalises et donne l’impression qu’elle souffle sur un plat sortant du four.

 

Trêve de plaisanterie. Ils seront en concert le 4 mai à Paris à L’International et j’ai très hâte de les voir (la dernière fois c’était en 2016 au Sonic chez eux à Lyon, en première partie de The Oscillation – une éternité). Ça coûte 7 € soit moitié moins cher qu’une place plein tarif à l’UGC, et c’est le meilleur film du moment.

Ashinoa, « L’Orée », sortie le 25 mars 2022 sur Fuzz Club Records
https://fuzzclub.com/products/ashinoa-loree

2 commentaires

  1. on s’en fout que tu puisses pas blairer le protectionnisme,t’auras pas le choix quand Trump aka Dieu le père décidera de t’enculer

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