La fainéantise, comme les textes officiels, a pourtant ses limites. Lorsque le label Fuzz Club annonce ce septième album comme ‘’une synthèse de l’esprit Cramps et des ambiances apocalyptiques de Suicide combinée à la cacophonie de ‘’White Light White Heat’’, il y a tout de même se rincer la panse au liquide vaisselle tant l’accumulation de références, hélas nécessaires pour appâter le journaliste n’ayant plus envie d’écouter aucun disque d’après 1999, semble à côté de la plaque.
Non, les Islandais de Singapore Sling, derrière lequel se cache un membre des Dead Skeletons et de Bang Gang, ne sont pas le nouveau Velvet Underground surgi d’un geyser de centre de thalassothérapie financé par Björk. Non, leur rock vintage ne révolutionnera pas plus ce genre académique qu’Interpol n’a fait trembler les cloisons du post-punk. Il se peut, en revanche, qu’on soit tous passé à côté de ce qu’aurait pu être la riposte européenne, (emmenée par des groupes comme les Hives, Power Solo ou The Hellacopters) au rock américain ; mais encore aurait-il fallu que la génération des années 2000 prenne le temps d’écouter ce qui se passait sur son continent plutôt que de succomber aux charmes de mecs devenus gros et à peine bons à devenir démonstrateurs de guitares japonaises sur les salons interprofessionnels de la défaite. Bonjour Jack White.
Evidemment, il y a vraisemblablement peu de chances que ce ‘’Psych Fuck’’ change le cours de votre vie, mais si vous avez moins de 25 ans et n’êtes pas encore obnubilé ni par la bouffe bio, ni par les coupe-ongles et la cotisation obligatoire à une caisse de retraite, il y a malgré tout la possibilité d’une toute petite lumière au bout du tunnel de votre jeunesse. Sur ‘’Psych Fuck’’, on entend des chansons composées avec de véritables instruments par des musiciens posant pour l’objectif, comme des milliers d’autres avant eux, avec une clope au bec et de jolis blousons en cuir brillant dans la nuit. Ca peut vous sembler un peu cliché – ça l’est – mais Lux Interior étant inscrit aux abonnés absents depuis 2009, ça vaut toujours mieux qu’un énième album de garage rock californien écrit avec une paille de coke dans le cul. Psych fuck.
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