Le groupe parisien sort son deuxième EP, Traction, chez Le Cèpe Records, ce 20 septembre. Turbo synth-punk, humain contre béton, absurdité de la vie moderne et sandwichs en tranches : on annule ses réunions Zoom tout de suite.

« Je suis une boîte de conserve », proclame Télépagaille dans l’hymne warholien et métallique figurant sur son dernier 5-titres, Traction. Et comment ne pas le croire ? Bruyant et filant à toute berzingue telle une boîte de soupe post-punk qui se carapate sur un sol de marbre, tranchant comme un couvercle en aluminium, le jeune quintet parisien prend la tangente à température ambiante et la joue encore « Course sensas », loin de ce robinet qui déverse lentement dans nos conduits auditifs un bouillon tiède aux croûtons ramollos le reste du temps. Prêt à s’acquitter du télépéage sur l’autoroute de la déglingue pied au plancher.

Le synth-punk à texte des années 2010 a fait long feu ? R.A.F. Complètement anachronique, avec un train de retard ou deux longueurs d’avance, on ne sait pas trop, Télépagaille replace le chant en français et le récit en roue libre au centre du jeu, quelque part entre Infecticide, Comix et La Bande à Basile. Pas d’histoires glauques plaquées sur trois accords rachitiques ici, comme l’exige pourtant le genre, ni de chanson française dégénérée. Seulement une suite de vignettes plus vraies et absurdes les unes que les autres. New wave frénétique et kraut franchouillard, bizarreries arty et simplicité biblique, immédiateté pop comme un refrain des Lofteurs contre poésie directe mais pas zéro, fausse naïveté et paroles qui se déposent gentiment au fond de la boîte crânienne et touchent droit au cœur, tout est là.

Déjà, dans Limbo, 5-titres paru l’an dernier, Télépagaille nous embarquait de Charybde en Scylla dans sa « Chenille », ses embardées incontrôlées, ses courses à l’échalote et ses poursuites avec des maîtres chiens, d’une « overdose de glucose » dans un routier avec menu à 12,90 € (La Surprise du chef) à une entreprise familiale infernale en plein pétage de plombs corporate (Viens travailler avec moi).

Avec Traction (à ne pas écouter à la salle sous peine de claquage), Télépagaille poursuit son exploration de la psyché tourmentée de l’individu face à l’ultramöderne solitude, « tombant dans tous les pièges que la ville lui tend », à la croisée de Starmania, Terminator (dystopie, règne des machines, empire de l’argent) et de la France nappes à carreaux de Joël Séria. Où les distributeurs sont autoritaires, les médecins, psychopathes, les flics, zélés, les caniches, enragés. Les emmerdes s’enchaînent, les riffs aussi. Inutile d’en dire plus ; il faut le voir pour le croire. Cinq nouveaux morceaux, et autant de raisons de demander à son boss de se mettre en télépagaille jusqu’à la fin de son CDD.

https://telepagaille.bandcamp.com/
Release party le 2 octobre au Cirque Électrique, Paris.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*
*

partages