Le sifflement d’une bouilloire allumée par un prof d’histoire-géo fan d’un Bob Dylan hémiplégique, voilà l’effet provoqué depuis près de 40 ans par Michael Gira et ses Swans à géométrie variable. Alors qu’un seizième album inécoutable (« The Beggar ») semble prévu pour le 23 juin, voyons de plus près pourquoi c’est encore pire que cette intro.

N’allez pas me demander pourquoi, mais la musique des Swans m’a toujours fait penser à Chuck Norris et cette série diffusée sur TF1 de 1995 à 2012, Walker Texas Ranger. Je préfère vous confier cela d’emblée, histoire de me discréditer rapidement auprès des fans (hélas trop nombreux) de Swans ; ce groupe prétentieux dont la seule caractéristique est qu’on peut le quitter des yeux pour aller faire ses courses ou laver le gosse, puis revenir sans qu’absolument rien n’ait bougé.

Michael Gira et Chuck Norris. A priori, aucun rapport. Le chapeau de cowboy, oui, certes. Disons que le premier est au rock et tous ses post-genres (post-punk, post-rock) ce que le second est au karaté, voire à la justice. Dans Walker Texas Ranger, Chuck incarnait Cordell Walker, un ancien champion d’arts martiaux devenu sherif de Dallas. Le tout aura duré 203 épisodes, soit 9135 minutes de baston et de bonne morale américaine dans le vide. Un peu comme les 15 albums déjà publiés par Swans, et où l’on finit par se perdre comme un malade d’Alzheimer un jour de pointe à Disneyland.

Qu’on me pardonne cette mauvaise foi flagrante : il y a des choses bien chez Swans. La fin des concerts tout d’abord, quand le gong s’arrête et que les spectateurs, comme transis par l’apparition divine de cinq tordus sans sourire qui feraient le bonheur de tout ORL qui se respecte, reviennent à la vie comme s’ils avaient vécu une near death experience sans bière. La période 1997-2010, quand le groupe cessa de sortir des albums. Et puis quelques morceaux aussi, et qu’on évitera de citer histoire de ne pas alourdir la barque de la justesse.

Swans: The iconic post-punk band's musical transmutation

Signe faible

Le vrai problème de Swans, au fond, et au-delà de l’insupportable fidélité de cette communauté néo-chrétienne qui le suit comme les moines du Sacré Graal des Monty Python se tapant aveuglément la tête avec des bibles, c’est cette impression de formule trouvée et jouée en boucle où le modus operandi consisterait à pasticher le Nick Cave des grands soirs sur d’interminables albums durant le temps d’un film et tout cela avec l’objectif de faire durer des morceaux comme on se tirerait sur l’élastique dans l’espoir que la taille de l’engin fera la différence pour illustrer cette putain de rédemption américaine consistant à faire la gueule pendant toute une soirée pour faire comprendre à l’audience qu’on a préféré devenir musicien plutôt qu’aller voir un psy ; ce qui est vraiment con quand on y pense puisque les séances sont désormais remboursées par Emmanuel Macron, et tout cela parce qu’on a eu le malheur de tomber amoureux de la longue jam expérimentale du Miles Davis période drogues de « On the corner », sauf qu’il ne suffit pas de répéter la même note à l’infini en montant progressivement le volume des amplis – soit environ 97% de la structure des morceaux des Swans – et en invitant les voisines à faire venir des chœurs post apocalyptiques pour construire des disques audibles sans nécessité d’avoir un cutter à la main pour se tailler les veines tellement ce paragraphe est long, à l’image de cette musique post festive pour congrès de comptables écoutant de la Doom.

Autrement dit, Michael Gira n’est pas Miles Davis. Michael Gira est un mec chiant prodiguant une musique d’artifice derrière laquelle on se demande parfois si les tempos lents ne servent pas à masquer le fait que les musiciens engagés par Gira peinent à trouver les notes sur leurs instruments.
Ce n’est pas qu’on doute du mal-être de l’Américain, ni du fait que sa musique plaise aux professionnels du premier degré, mais c’est encore pire. A sa manière, et avec ses comptines post modernes pour alcooliques anonymes et autres born again, le peine à jouir dessine une barrière infranchissable entre musique expérimentale et musique audible. A ce jour, sur Spotify, 1 million de personnes ont écouté Jim sur l’album « My father will guide me up a rope to the sky”. Et je ne comprends toujours pas pourquoi. On me répondra sans doute que j’ai raté l’essentiel, les ondes, les paroles, le feeling, la transcendance peut-être même, celle imposée par ces Bad Seeds de seconde division relégués au rang de prestataires de service si l’on en juge par le nombre de musiciens passés par Swans. Accrochez-vous; la liste est plus longue que le casting des Feux de l’amour.

Le chant des canards

Le fait est, en conclusion, que ce « groupe séminal » (sans qu’on ait encore véritablement compris cette définition souvent offerte par la presse musicale) perpétue les clichés sur la musique indépendante, ici semblable à ces expositions d’art contemporain où l’on ne comprend rien et où, à force de s’ennuyer ferme, on finit par donner un sens au rien. L’aveu d’honnêteté du principal intéressé (« Les cygnes [Swans en anglais, si tu as pris chinois en LV1] sont des créatures majestueuses et magnifiques avec un tempérament de merde. C’était le meilleur nom de groupe ») ne suffit hélas pas à dissimuler la prétention cachée derrière cet exercice de style sans fin ; de même que le long hiatus du groupe de 1997 à 2010, semblable au comeback raté de Michael Jordan en 2001, ne fait que jouer la carte monochrome et clichesque du « retour vers la lumière » que d’autres, comme Dylan Carlson de Earth, jouent bien mieux que l’emmerdeur à chapeau de cowboy.

Les fans, devenus sourds depuis très longtemps, ne verront pas la différence. Mais contrairement au Chuck Norris de Walker Texas Ranger, personne ne gagne jamais à la fin d’un disque des Swans. La preuve avec cette non interview de Gira, réalisée voilà quelques années, et illustrant parfaitement ce jeu de la chaise vide auquel l’Américain nous force à jouer depuis trop longtemps.

Swans // The Beggar // Sortie le 23 juin chez Mute / Young God Records

Peut être une illustration

13 commentaires

  1. I HATE THIS BAND ,vu en concert une fois circa 2012 ,une purge un vrai magma sonore ,j’ai quitté la salle au bout de 20 minutes sa jouer encore plus fort que mbv periode loveless , un vrai calvaire ,ce groupe c’est de la MERDE EN BARRE 78 CARATS ,ils sont épouvantables

    1. ahhh MBV on le pompon du sourd …. mais ce constat , on vas dire est a 75pour cent vrai … vu deux fois … dans une grande salle , ca avait de la gueule… dans l’esprit noise a 2 notes sic (Noise) …mais apres 2 heures on quite le bar …. pour ce qui est du club … épouvantable …. on cherche les subtilitées de cowboy , çà existe ,<? ahh c'est un autre titre ? je cherche les chromatiques, les interférences …
      Mogwai, ou limite le dernier Liminanas.. c'est la famille bebeé….et il y a plein de de cousins qui dance le mia du chiant verser je vous branle le cerveau , et sa rends sourd pour de vrai : on attends les coupables éclairés ici ,

  2. Article plein d’auto-centrisme et de mauvaise fois. Rappelez moi de ne plus jamais lire des articles de Gonzai.

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