À l’occasion de leur passage au festival parisien Villette Sonique, on a tapé causette avec le quintet Peter Cat Recording Co., tout juste auteur d’un nouveau disque, « Bismillah ». Un album rythmé par l’amour et la liberté.

La planète est décidément une petite chose. C’est de cette observation que notre histoire avec Peter Cat Recording Co. — une fanfare à cinq têtes tout droit venue de New Delhi — a commencé, un soir d’octobre 2018. Comme à chaque fois en fin de journée, quand l’envie de boire un café se transforme en volonté de s’envoyer une bière, nous nous mettons à tapoter frénétiquement sur les petites lettres de nos smartphones, en quête d’amis et de concerts. Et comme souvent (pour ne pas dire toujours), ce sont les mêmes qui répondent : l’une de nos (très) proches qui bosse aussi dans la musique. Ce soir là, elle nous propose de la rejoindre au New Morning, pour découvrir ce groupe, que Panache (label de l’agence où elle officie) produit. Bien vu, le show est top et les types sont sympas. L’aftershow en petit comité et l’alcool ne feront qu’arranger les choses.

Désormais rentré dans notre playlist avec leur essai « Portrait of a Time: 2010-2016 » (mars 2018), un quasi 10 titres qui regroupe certaines de leurs chansons phares (Love Demons et son solo hypnotique de synthé, par exemple), Peter Cat Recording Co. ne nous quittera plus. Alors quand on a appris qu’ils sortaient un nouveau disque, autant vous dire qu’on s’est tout de suite positionné pour une interview du groupe à l’Hotel Grand Amour, à Paris, à une heure matinale qui pique les yeux.

Pas de limite

Comme Peter Cat Recording Co. existe depuis un bout maintenant, la formation a connu plusieurs mues. Avec le temps, seule une chose est restée immuable : la volonté inflexible de Suryakant Sawhney (leader, chanteur et créateur du groupe), de s’imposer comme un acteur majeur de la scène internationale. Depuis deux ans, ce petit monde semble avoir trouvé un équilibre à cinq — avec Karan Singh (batteur) ; Dhruv Bhola (basse et sample) ; Rohit Gupta (trompette et claviers) ; Kartik Sundareshan Pillai (claviers, guitare, machines électroniques et trompette) —, ou « chacun fait tout, que ça soit en termes d’écriture et de composition » comme nous explique Suryakant. Puisque le sujet du processus créatif est sur la table — comme les cadavres de cannettes de bière de la veille —, le leader se lance : « on ne réfléchit pas trop à notre musique En fait nous faisons tout, tout seuls ».

Résultat de recherche d'images pour "Peter Cat Recording Co Suryakant Sawhney"Arrive dès lors le moment aussi difficile qu’ingrat de la description du style de Peter Cat Recording Co… Autant dire que beaucoup de nos collègues, même les plumes les plus affûtées, s’y sont cassés les dents. Alors plutôt que de partir dans un résumé invoquant le jazz, le disco, la musique électronique and co, prenons plutôt « Bismillah » comme une fête totale ou les idées de mouvements (Freezing / Heera) et de musique à l’image sont reines, et où les sentiments d’amour et de célébration (Floated By / Memory Box) agissent comme un guide. Suryakant valide : « Notre musique s’articule effectivement autour de ce que tu viens de dire : la communauté, la famille, les amis, tous ces trucs… Je crois que c’est ce qui est beau dans nos compositions. Elles n’ont pas été faites uniquement pour nous. Ce qui est d’ailleurs tout nouveau. C’est pour ça que mon mariage représentait l’occasion parfaite pour l’imagerie. Il y a des gens qui crient, qui pleurent, qui rient… Tout ce qui se passe dans la vie peut avoir lieu dans un évènement comme celui-là ».

Et quoi de mieux pour illustrer tout cela, que de tourner le clip de Floated By pendant ledit mariage ?

« Party » pris et inflexion

Si cette notion de fête s’impose au fur et à mesure des pistes de « Bismillah », pour toucher son point culminant avec Memory Box (« la composition la plus ancienne »), le disque s’ouvre pourtant sur une note au demeurant plus amère. Avec Where the Money Flows, Peter Cat Recording Co. se fend d’une critique « philosophique » de la politique de démonétisation indienne entreprise en 2016 — Le monde flatte l’éléphant et piétine la fourmi comme on dit ! Plus que de s’octroyer un caractère dissident, ce morceau permet surtout de « donner un contexte à une idée, de se connecter avec le plus de gens possible ». Tout le monde est invité à la fête, en somme.

«  Je trouvais intéressant de réfléchir à ce que représente le fait de chanter comme un crooner”.

Même s’ils font tout ensemble, c’est la voix seule de Suryakant que l’on entend sur tous les morceaux, toujours. Parfois grave, solennelle ou puissante, le crooner s’inspire de la façon de chanter des maîtres/esses du genre : « Je trouvais intéressant de réfléchir à ce que représente le fait de “chanter comme un crooner”. Si tu prends Billie Holiday, ou Aretha Franklin par exemple, elles avaient vraiment un style unique. Elles l’ont affiné avec le temps. Cette idée d’inflexion de la voix est donc cruciale ». Pour aller encore plus loin, et malgré qu’il n’y ait strictement aucun rapport entre eux, laissons notre Brassens national justifier cette dernière prise de parole : « [Mais,] sans technique, un don, n’est rien qu’une sale manie».

Après tout ça, on espère que vous l’aurez compris : la musique du quintet se veut changeante et précise, instinctive et habile, à la fois des villes et d’ailleurs, mais surtout pas Deschamps.

Peter Cat Recording Co. // « Bismillah » // Panache

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