Le sextet le plus diabolique de Londres a enfin accouché d’un premier long format après avoir traîné ses savates dans tous les coins à pisse au sud de la Tamise. Et franchement ça valait le coup d’attendre.

Après toutes ces années, la vieille Angleterre arrive encore à surprendre. Phobophobes, groupe originaire du sud de Londres est arrivé avec un tout nouveau LP qui rend hommage à l’atmosphère détendue, bien que complètement névrosée de la zone. On doit notamment à cette scène locale des bras cassés comme les Fat White Family, Warmduscher, Moonlandingz, Childhood et donc par voie de fait, les Insecure Men. Je vous laisse imaginer la gueule du repas dominical. Qu’importe, Phobophobes sortait le 23 février dernier un album épique, une odyssée sous Xanax contant la vie de ceux qui battent le pavé londonien et ça vaut vraiment le coup d’oreille.

Where Is My Owner’entame la bande, morceau déjà sorti postérieurement sur un EP, une track exceptionnelle qui pose les bases de tout l’album en moins de 30 secondes : un rock’n roll psychédélique, sombre et apocalyptique. Une musique décomplexée, moderne, armée de boites à rythmes et synthétiseurs, asservie sous le joug de l’imparable guitare, basse, batterie. Cela donne des morceaux magiques comme Free The Naked Rambler, noyés dans les delays analogiques, une voix sous méthadone, nick-cavienne, et toujours ce même swing toxique. Les gars ne lâchent rien. Ils veulent tout. La joie, les pleurs, l’extase, la transe, la mort, la haine. Tout à la fois, rien en même temps.

Phobophobes est un groupe hanté par l’expérience dramatique de la mort de leur guitariste, Georges Russel – rappelant, par ailleurs que l’automédication par l’héroïne n’est pas une solution viable sur le long terme – dont les parties de guitares ont été récupérées sur des enregistreurs de mauvaise qualité. A l’origine prévues pour être des démos, elles influencent immanquablement le son du groupe, avec des délires lo-fi sauvages à l’image de ‘Child Star’. Tandis que d’autres pistes passent, elles, pour des tentatives d’exorcisme, du vaudou de comptoir avec des relents de Doors. Des chansons à boire en somme, comme Human Baby, transcendant notre condition de merde à coup de gin-tonic.

Publié sur Ra Ra Rok Records, le LP a été enregistré aux fameux studios Abbey Road, QG de la crème musicale anglaise depuis des décennies. Et hormis l’enregistrement pur et simple effectué par Ken Scott (Pink Floyd, The Beatles), le matériel mis à leur disposition a été utilisé d’une manière inédite. Afin d’avoir un visuel inimitable, le groupe s’est lancé dans un ‘chasse et pêche’ à la bactérie sur des vieux microphones d’Abbey Road. S’ensuit, culture des bactéries susnommées, mélange des échantillons bactériologiques des membres du groupe et donc clichés photo. Résultat, une pochette d’album en mode DIY level 10. L’idée (et sa genèse) impose immanquablement un certain respect.

Quant à « Miniature World », c’est un disque comme peu de groupes savent en faire, C’est si beau, ça respire la brique rouge et le chicken tikka, la Doc Martens claquant sur un trottoir de Peckham, le gris, la poudre, la luxure, le quarantenaire aviné, bidonnant, cherchant l’amitié d’un poteau sur les coups de 17h30. C’est donc ça l’Angleterre, il fait moche, les drogues sont hors de prix mais putain que ça sonne.

“I do not sink, I do not fall,
The ground is a friend to all”

Georges Russel

Phobophobes // Miniature World // Ra Ra Rok
https://www.facebook.com/Phobophobes/

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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