Alors qu’on pouvait croire que Bracco avait été emporté par la pandémie, il ressurgit brusquement du rebut de l’industrie musicale, plus déterminé que jamais à danser en sous-vêtements sur tout le territoire, voire au-delà.
À l’origine, on connaissait surtout Bracco pour ses performances scéniques barrées. Quel que soit le lieu ou la saison, on se délectait d’observer le chanteur, double maléfique de Mr Propre, en plus chétif, qui se trémousse en slip, en train de se fourrer le micro bien profond dans la bouche et cravachant de temps à autres sa guitare avec une baguette. Pourtant, malgré le divertissement occasionné par leurs spectacles, le tandem ne se réduisait déjà pas à de simples bêtes. De scène ou de foire.
L’expérience proposée en concert par Loren, coincé entre percus, synthés et autres machines rythmiques, accompagné par Baptiste, au chant et guitare, en a résolument laissé certains perplexes, les autres sûrement adeptes. Mais aujourd’hui, trois ans après leur dernier album (« Grave », Le Turc Mécanique, 2019), sans n’avoir rien perdu de leur jeu dérangeant, c’est avec une série de titres peaufinés jusqu’à la moelle qu’ils réapparaissent sur « Dromonia ».
Vraisemblablement lié à la dromomanie, considérée comme une envie irrépressible de se déplacer, cet intitulé image habilement autant les titres de l’album que sa pochette signée Jesse Kanda. Dont l’illustration, un personnage grotesque désarticulé sur fond rouge, semble avoir été pensée comme une caricature du duo lui-même.
Musicalement, ce qui distingue cette nouvelle sortie discographique de la précédente est certainement sa démarche davantage commerciale. En même temps ça peut se comprendre. Signé sur Born Bad pour l’occasion, on imagine bien qu’à l’approche des fêtes, le label a dû mettre la pression pour pouvoir quand même vendre quelques exemplaires, et pas qu’aux amateurs de lingerie.
À l’écoute de ce disque, on y flaire sans se méprendre des inspirations dérivées de l’indie dance Madchester, approche qui semble à nouveau captiver groupes et auditeurs. Une démarche à la New Order fin années 80 se profile sur Cobra Music 4, un léger néo-psyché façon Stone Roses sur Wrap Your Lips around my neck, le tout agrémenté d’une pointe de subversion de junkie qu’on peut rapprocher des Happy Mondays. Sauf qu’au lieu de sortir des chansons anachroniques et passées de mode, à l’instar de nombreux groupes de la scène indé actuelle, les nappes de synthés claustrophobiques, les pulsations entêtantes et la dimension électro façon Moïse Turizer, font d’emblée la différence sur ces neuf titres.
D’ailleurs, puisqu’ils se sont vus composés dans le cadre d’une résidence à la Station – Gare des Mines et ont été enregistrés au studio La Seine par Marc Portheau (qui a notamment produit Vacuum Sealed), il ne semble ainsi nullement surprenant d’entendre se joindre sous l’alias Claire Dance, Lauriane, bassiste et seconde voix de Bryan Magic Tears, sur le lascif Be a Boy.
Avec ses sonorités parfois proches de l’indus, ses riffs de guitare sur lesquels la voix plaintive et comminatoire vient baver ses textes, ce n’est pas le sentiment d’être acculé mais l’envie de bouger qui opère au fil des chansons. Une atmosphère d’une noirceur attractive s’en dégage, familière, similaire à celle des Love Songs With a Kick de David Shaw & The Beat, par exemple sur Sunshine.
La rengaine « I Love you so much because you’re trash », clamée sur I Love You pourrait finalement assez bien décrire la manière dont son public le perçoit. Mais avec cet album, Bracco prouve que derrière ses performances ostentatoires se cachent des morceaux solides. Ils collent au marché actuel et ne sentent pas tant le réchauffé ni tellement l’opportunisme. Sans trop de concessions, le duo se fond désormais aisément dans l’écurie Born Bad.
Bracco // Dromonia // Born Bad
https://bracco.bandcamp.com
6 commentaires
chauufe la pelouze!
‘pampers’ dans ta crêche?
jaune derrierre, marron devant portez le slOOOp cfranck!
sous la pluie les crs poussent FORT!
Ouaip ça claque
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