Fillon pianiste chantant dans un vocodeur ? Hollande en jazzman expérimental habillé en martien ? Tapie en perruque blonde derrière un banjo ? Non, vous ne rêvez pas. Et c’est garanti sans trucage.

Mieux qu’un montage Photoshop, c’est l’un des petits miracles de la vie : des parents inconscients ayant mis au monde nos dirigeants politiques ont parfois réussi à se rattraper en accouchant également de musiciens. La nature étant bien faite, je vous présente donc les frères jazzmen de Dominique Fillon (frère de) et Philippe Hollande (frère de aussi).

Le frère de François Hollande dans Urban Sax

Dans une fratrie lambda, si tu t’appelles François, tu fais de la politique, sinon tu essaies autre chose. Ça se vérifie au moins avec trois familles : les Fillon, les Hollande et les Léotard. Rappelons que ces derniers se sont illustrés dans les années 90 par une opposition digne des frères Gallagher. D’un côté, François le politicien, maire, député, puis ministre de la Défense; de l’autre, Philippe, comédien reconnu pour sa filmographie presque aussi longue que la moitié de celle de Gérard Depardieu (autant dire que le gars n’a pas chômé), son César du meilleur acteur en 83 et sa sympathie pour les stupéfiants.

Les frères Leotard, pourtant, c’est un peu l’arbre qui cache la forêt hollandaise. Pendant que le petit François affutait ses armes pour tenter de conquérir le monde, le grand frère Philippe, lui, travaillait ses gammes. On sait très peu de choses sur lui si ce n’est qu’il a longtemps fait partie du groupe de musique expérimentale Urban Sax dans lequel il assurait au saxophone alto. Créé par Gilbert Artman dans les années 70, le groupe a traversé les années 80 et 90 en participant à de gigantesques évènements et inaugurations dans le monde entier. Les vidéos qu’on peut trouver sur le net valent le détour, à la frontière entre les énormes shows de Jean-Michel Jarre et les cérémonies d’ouverture des JO. Niveau costumes, on se situe entre les Daft Punk et La Soupe au choux, avec même parfois un petit coté Fantômas (les films avec De Funès bien sûr, pas le groupe de Mike Patton). Bref, des mecs masqués et enroulés dans du papier d’alu. Le concept était de travailler autour du « son continu » et de la « spatialisation architecturale ». Jugez plutôt.

Le frère de François Fillon est un jazzman

À droite toute. 1981. François Fillon, 27 ans au compteur, est élu député de la Sarthe et devient le benjamin de l’Assemblée Nationale. Il regarde encore en cachette Albator sur Récré A2, et s’astique le drapeau en pensant à Margaret Thatcher. L’histoire ne dit pas s’il partage l’une ou l’autre de ses passions avec son petit frère de 13 ans, Dominique. On sait par contre qu’il lui a refilé ses disques des Pink Floyd et ça, c’est quand même super sympa. Le jeune Dominique se met alors au piano et se lance dans le jazz et la variété. Il accompagnera Bernard Lavilliers et Michel Fugain, et s’essaiera même à la production en réalisant notamment les trois premiers albums de Sanseverino. Mais sa passion c’est le jazz, et il a donc sorti sous son nom quatre albums entre 2007 et 2014. Le dernier en date : « Born in 68 » ! Bruce Springsteen et Daniel Cohn-Bendit n’ont qu’à se bien se tenir. On retiendra surtout l’usage sacrément couillu du Vocodeur.

Et puis il y a les fils de…

Bernard Tapie n’est jamais là où on l’attend. On le connaît homme d’affaires, hop il se transforme en ministre. On le voit sur les bancs de l’OM, et paf derrière les barreaux. Il fait un film avec Lelouch, bim le voilà patron du journal La Provence. On ne sait plus très bien si le busineman est millionnaire ou sur la paille, et puis un jour, tadaaa, on apprend qu’il a une fille, Sophie, qui lui ressemble sévèrement, le coté DSK en moins, et qu’elle fait de la musique. Alors attention, être « fille de » n’enlève rien à ses nombreuses qualités et ses expériences. Prenons le temps de les passer en revue…

Voilà, c’était rapide. On savait déjà que papa Bernard avait essayé de pousser la chansonnette dans les années 60 sous le nom élégant de Bernard Tapy; et c’est peut-être ce qui a poussé sa fille à se lancer à son tour, cinquante ans plus tard. Si l’on en croit sa page Wikipédia, le premier album de Sophie Tapie, « Sauvage » (2015) se classe dans la catégorie « musique country ». Il y a certes un banjo un peu sous-mixé dans le refrain et on peut apercevoir un chapeau de cowboy dans la vidéo. À part ça, aucun lien.

Finissons maintenant avec le plus beau, Pierre, fils ainé de Nicolas Sarkozy, jeune poupon à la chevelure dorée qui parcourt depuis quelques années les boîtes de nuit du monde entier sous le nom de DJ Mosey. Son vrai fait d’arme, celui qui lui vaut toute mon estime, c’est d’avoir réussi à définitivment couler la carrière de Doc Gynéco (dont on se souvient d’ailleurs du duo avec Bernard Tapie) en produisant « Peace Maker » en 2008. L’album se serait selon la légende écoulé à 2000 exemplaires seulement. La faute aux backing tracks de Mosey ou à la mauvaise idée du Doc de s’afficher publiquement au bras de Sarkozy père ? Les deux options se valent. Ce qui est sûr, c’est que l’échec commercial du disque nous a tous fait passer à coté d’une belle pépite, le titre La rue, en featuring avec Johnny Halliday. Johnny qui rappe ? Et ouais gros, ne me remercie pas.

Les fans du King français auront noté que le titre est un remix d’un vieux morceau du même Johnny, Je suis né dans la rue, datant de 1969. Mais bref, aussi sûr qu’on choisit ses copains mais rarement sa famille, on pourrait se dire que ces frères ou enfants musiciens sont un poids pour nos chers politiques cherchant à lisser leurs images. Mais ce serait comme n’écouter que la face A de « Let It Bleed » : tellement dommage. En vérité, c’est avoir un homme politique dans sa famille qui est un putain de fardeau. Et ce n’est pas Benoit « Orgue » Hamon qui dira le contraire.

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