Avec son nouvel album « Ears », l’Américaine prouve qu’on peut prendre la pose comme dans un tutoriel pour synthés suédois de 1967, chanter comme sur un deuxième album de Fever Ray qui ne sortira jamais et malgré tout proposer quelque chose d’original. Très.

Dire qu’on était un peu passé à côté de son précédent essai (‘’Euclid’’, 2015) est un doux euphémisme. À notre décharge, Kaitlyn Aurelia Smith [TROUVER UN ARGUMENT POURRI POUR JUSTIFIER CET OUBLI], ce qui ne l’a pas empêché d’être repérée par nos confrères de The Drone. Un an plus tard, celle qui arbore un look à mi-chemin entre la mère de famille idéale et la professeure en musicologie de Julliard (genre gros cerveau comme celui de Nadia Boulanger, mais en plus instinctif sûrement) revient avec ce qui pourrait le plus s’approcher du disque printanier ; à la fois exigeant, tortueux, psychédélique (le mot est en vogue dans les salons) et si ce n’est pop, du moins accessible à plus de trente zouaves perdus sur le forum claviers analogiques de Synthés & Catogan magazine.

L’histoire, pour la faire courte : après un passé folk, Kaitlyn Aurelia Smith se fait prêter un synthé modulaire Buchla, concurrent direct du Moog mais tellement plus complexe en réglages qu’il perdra finalement la bataille du marketing. Cinquante ans après sa création, le synthé trouve néanmoins une utilisation nouvelle sous les doigts de la musicienne. Encore une fois, impossible de parler de ‘’Ears’’ comme un chirurgien ; impossible à écouter en pièces démontées et tu repasseras pour le track by track commenté avec des adjectifs savants. C’est une suite de huit morceaux tout en sinusoïdes qui vont et viennent comme des vagues avec le chant d’une sirène à pull brodé flottant par-dessus ; un disque d’ondes parcouru de lignes vocales hypnotiques qui, comme dit plus haut, rappellent évidemment les mantras nordiques de Karin Dreijer [bientôt dans un Que sais-je Qu’est-elle devenue?]. Et tout cela avec une simplicité qui fait penser aux jouets en bois vintage tant l’exercice semble maîtrisé, artisanal ; en bref, d’un autre temps. Tout du long, on oscillera donc entre dépaysement et confort ; l’Inde de Terry Riley, la répétition new-yorkaise de Glass ; le quart-monde fantasmé du Brian Eno du début des années 1980 et tout ce que St Vincent n’osera jamais mettre en pratique, soit un disque absolument extrême, mais dans la douceur.

Allez, osons le dire, c’est un disque maritime. À la fois à contre-courant, bleu, pas vraiment chanté (glou-glouté ?) et loin, très loin, des préoccupations terrestres. Si l’on pouvait encore utiliser ce mot devenu tabou à force d’être utilisé dès qu’on entend un hautbois et deux trompettes, on parlerait d’une avant-garde extrêmement bien digérée. À la place, on conclura ce papier en disant de « Ears » que c’est un disque [PLACER L’ADJECTIF POSITIF DE TON CHOIX].

Kaitlyn Aurelia Smith // Ears // Western Vinyl

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