"Ca s’écoute au casque, ça !" m’avait dit l’autre con. Il m’aurait sorti qu’il n’y avait plus de saisons que cela m’aurait fait le même effet. Le genre de phrase toute faite qu’on lâ

« Ca s’écoute au casque, ça ! » m’avait dit l’autre con. Il m’aurait sorti qu’il n’y avait plus de saisons que cela m’aurait fait le même effet. Le genre de phrase toute faite qu’on lâche lorsque le niveau de conversation est en-dessous de zéro et que, franchement, si je n’avais pas vu ta gueule ce matin je ne me serais pas porté plus mal. Alors forcément, quand il a rajouté là-dessus, cet autre con, que « fallait pousser le son à fond surtout ! », l’annotation dans la marge à côté de son visage était sans appel : «Gros Blaireau» (souligné trois fois).

Se détruire les tympans pour apprécier de la musique, c’est un peu se dire qu’on écoute l’album ultime et que ce qui suit ne lui arrivera jamais à la cheville. Le jeu en vaut-il la chandelle ? On n’est jamais vraiment à l’abri d’un album du siècle; il ferait bien de se grouiller d’ailleurs, ça va bientôt être froid.

L’autre con, donc, tout en bavant sa variation de pluie et de beau temps, me tendait la chose à écouter bruyamment. Si le faux départ de la pochette ne m’avait pas découragé, en revanche, le nom ornant discrétement la  tranche du boîtier ne manqua pas de conforter ma méfiance envers ce type.

«Damned, TORTOISE» ! éructai-je tel le badaud face au malin. Ou moins pompeusement, comme lorsqu’on se revoit nez à nez avec une connaissance pas revue depuis que ce connard avait foutu la merde… Bref, j’avais les poils. Toute l’iconographie post-rock en kaléidoscope et en mondovision.

Car, ne nous y trompons pas, le post-rock fut au rock’n’roll ce que le troisième reich fut à l’humanité : un fossoyeur.

Croyant dur comme fer à leur supériorité intellectuelle, ils étaient plus beaux, mieux peignés, mieux habillés, sans une seule éraflure sur leur instrument et pensaient que le post-rock était la musique «élue». Pour faire plus simple : des gros branleurs.

Sans vouloir refaire ici l’histoire du post-rock pour les nuls, c’était quand même une sacrée soupe, cette musique, où seuls quelques croûtons avaient du goût dont Tortoise ou Lambchop. Pour rempiler sur l’analogie nauséeuse développée ci-dessus, hélas, tout empire connaît un jour le déclin.

Tortoise, ce fut TNT, apopgée du genre et du groupe. Je les avais, après cela, regardé du haut de mon piedestal (celui de l’auditeur) et avoir le regard condescendant («je t’l’avais dit, mec») s’enfoncer sur le chemin du jazz rock chiant, celui qui fait nous prescrire le Xanax et le Lexomil. Si j’avais pu leur coller des coups de savate pour qu’ils tombent plus vite ces tocards, je l’aurais fait.

«Du passé, faisons table rase.» m’avait sorti cet idiot.

Bien que d’une extrême mauvaise foi en général, et même en tête-à-tête, d’ailleurs, je dois reconnaître que mes idées arrêtées sur la rédemption ont pris une bonne dose de plomb dans l’aile, ces derniers temps. Et ne fréquentant qu’assez peu régulèrement les lieux de culte, je ne suis pas de ceux prompts à la repentance, c’est donc avec très peu d’entrain que je me vautre dans la reconnaissance de mes jugements calomnieux. Pourtant, l’an passé, Portishead m’avait poussé dans mes retranchements en collant une grosse claque avec leur Third, me renvoyant par la même occasion à la gueule tous les crachats que je leur avais assénés dix ans plus tôt.

Place de la Bourse, intérieur nuit. Un homme assis près de sa platine disque. Un gros casque Hifi  sur la tête. le regard absent. Il est comme happé par ce qu’il entend.

L’acteur de cette scène à la Hornby, ce n’est pas John Cusack préparant ses top five, non. Cet acteur c’est l’auteur. MOI.

Plongé dans l’abyssal Beacons of Ancestorship de Tortoise, au casque donc, le son à fond, selon, finalement la prescription de l’autre con (il mériterait d’étre médecin, celui-là, tiens ou alors médium; soit l’un soit l’autre). Un tsunami sonore. Un révolte Post-rock. Enfin Post, j’en suis sûr, Rock un peu moins car il s’agit bien un après. Une idée musicale du matin qui suivrait le fameux grand soir donc ils nous rabattent les esgourdes depuis un demi-siècle et qu’on aurait pas vu passé. Ou alors une symphonie post apocalypse. Toujours est-il que je vivais un de ces trop rares orgasmes sonores. Mazette, que c’était bon !

«LES GUITARES N’ONT JAMAIS EXISTÉ!» m’avait jeté à la face ce con de négationniste.

Le célèbre instrument à cordes pincées qui fit les beaux jours du genre même qu’à construit Tortoise ne trouve que très peu le droit de citer sur Beacons.. Tortoise a décidé de ne pas périr par là où ils ont péchés. Après TNT, les guitares ont salement flirté avec Mark Knöffler (je sais je pousse un peu là), attrapant la même affection que tous les musiciens de conservatoires : la performance. L’intérêt dans Beacons… est de minimiser le son de la guitare pour mieux la sublimer, ces apparitions reprennent pour le coup toute la saveur de l’instrument oublié, négligé, maltraité. C’est un peu comme revoir un vieil ami : on boit un coup, on taille le bout de gras et puis on se quitte à nouveau sans s’être enchangé nos numéro, de toutes façons on se rappelerait pas, alors… comme sur Charteroak Foundation ou Gigantes.

L’important chez Tortoise est rythmique. La batterie et la basse pose les bases et le style de chaque morceau le reste est parfois à la limite de la bouillie sonore tellement les distortions sont imposantes ; c’est cette puissance sonore qui a touché mon point G: «Yinxianghechengqi» / «High Class Slim Came Floatin’ In» / «Northern Something» morceau dirty south booty incroyable où les grosses blacks en poom-poom short sont apparus dans mon salon…

Tortoise applique quand même sa recette qui avait déjà fait ses preuves aupparavant :Manger à tous les rateliers. Ce disque, comme l’était TNT, est une véritable bouillabaisse de saveurs et d’influences habilement délayée dans une marmite de disto. Kraut, Ragga, Raï, World Music, electro, Pop, un vrai shaker, tiens, je me taperais bien un Mojito moi en parlant de ça. Et bien, laissez moi vous dire que ce n’est même pas écoeurant et que j’ai même repris deux fois du dessert. Après ça une claque sur le pissou et au lit.

J’ai donc reposé le casque sur la table du salon, récuré mes oreilles quelque peu endolories par la violence du choc. J’ai décroché mon téléphone et j’ai appelé l’autre con.

«-Allo?»

«-C’est moi, je suis désolé.»

Je me suis repenti. Parce que c’est bien vrai qu’au casque avec le volume à fond c’est meilleur. Mais ça ne fonctionne qu’avec des disques hors normes et inattendus comme ce Beacons of Ancestorship, des disques du siècle.

J’aurais voulu faire une digression sur le nouveau Dirty Projectors, élèves des Tortoises dont le premier Rise Above m’avait emballé mais ce serait gâché le plaisir que d’enchaîner sur ce tortoise.

J’oubliais:

C’est vraiment très agréable les groupes qui ferment leur gueule pendant les morceaux.

http://www.myspace.com/tortoise

 

21 commentaires

  1. Bon va pas se taper l’abécédaire de la nostalgie post-rock et du j’aime-j’aime-pas. « Brûlons le passé pour construire un monde nouveau » : Tortoise l’a fait, je lui en rend grâce. Après Tout ça est très subjectif.

  2. Hello,
    Perso, je viens de débarquer sur Gonzai. Connaissais pas…(mauvais point pour moi).
    Je me penche un peu sur cette kro de Tortoise, où d’ailleurs je n’ai pas appris grand chose, mis à part la vraisemblable rancœur de l’auteur contre un certain gros con.
    Franchement, si je n’avais pas connu le groupe, je n’aurai meme pas pris la peine d’écouter. Ce que tu dis est faux, archi-faux, incompréhensible, insensé. Dire que Tortoise a laissé tomber le rock…pffff. Tu as écouté l’album ou bien ?
    Juste un conseil, baisse le volume du casque la prochaine fois…

  3. Cher Anonyme,
    Dieu que vous êtes une grande famille,
    il faut également lire les petits caractères
    pour une meilleure compréhension.

    cordialement
    Terreur

  4. Affreuse chronique d’un superbe album…je suis d’accord avec Anonyme…, ……dans le genre désagréable à lire , on fait pas pire.

    Bêtisier de la chronique :
    « Tortoise applique quand même sa recette qui avait déjà fait ses preuves aupparavant :Manger à tous les rateliers » (sic!)
    « La batterie et la basse pose les bases et le style de chaque morceau le reste est parfois à la limite de la bouillie sonore. » (re-sic!!)

    et le meilleur pour la fin :
    ’…influences habilement délayée dans une marmite de disto. Kraut, Ragga, Raï, World Music, electro, Pop, un vrai shaker, tiens, je me taperais bien un Mojito moi en parlant de ça. Et bien, laissez moi vous dire que ce n’est même pas écoeurant et que j’ai même repris deux fois du dessert. Après ça une claque sur le pissou et au lit. » …trop fort Terreur…!!! Mais qu’est ce que tu racontes là???

    .Bon après, c’est dur d’écrire sur la zic et peut être particulièrement sur Tortoise. Tiens pour t’inspirer la prochaine fois peut – être Terreur, voilà une chronique qui tient la route :

    http://www.90bpm.org/chronique/album/tortoise-beacons-of-ancestorship.htm

    Cordialement

    Perigo

  5. Monsieur Périgo,

    je vous remercie pour votre enthousiasme à l’égard de mon article.

    je vous prie donc bien vouloir excuser ma maladresse qui a égratigné votre rétine.

    voilà.

    des bisous

  6. il y a donc un style, une manière, une structure à respecter pour écrire des chroniques d’albums. on me n’avait transmis ni le réglementintérieur ni la convention collective.
    je fonce donc m’acheter de ce pas un paquet de papier calque afin de pas vous décevoir la prochaine fois.

    par contre,j’ai bien peur de déborder un peu des cases quand je colorie

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