Un ami qui vous trahit, une maitresse qui vous dénie, et le vide qui s'installe, brutalement. C'est un peu ça la fin des séries. Les conclusions sont plus ou moin

Un ami qui vous trahit, une maitresse qui vous dénie, et le vide qui s’installe, brutalement. C’est un peu ça la fin des séries. Les conclusions sont plus ou moins heureuses, mais le manque, lui, persiste à faire saigner notre dépendance sans limite : bouffer chaque semaine des heures de bandes pour un plaisir si vite oublié qu’il doit, dès la semaine suivante, être assouvi. Mais aujourd’hui, c’est fini. Entre conclusions majestueuses et « plantades » de débutants, voici un aperçu de ce que vous deviez – ou non – rater cette année, bulletins de notes à la clé.

Le fiasco des nouveaux entrants

J’étais le premier à y croire. Je me persuadais qu’un prêtre mannequin à mono-expression faciale, prêt à foutre une mandale au premier venu, à torturer son prochain, ce n’était pas bien grave. Car la mélancolie de l’original V (pour Visitors) persistait. Mais le coup était trop rude, irrattrapable. Un panel d’acteurs horripilants et sans talents, des dialogues pathétiques qui ne laissent malheureusement même pas place à de l’actions bourrines tant les effets spéciaux s’effondrent dès l’apparition de vaisseaux en cartons, à des années lumières d’un Battlestar Galactica, tant la crédibilité de l’histoire est inexistante. Un fiasco tonitruant qui se répercute évidemment sur des audiences bien moroses (moins de 6 millions pour le dernier épisode). Tentant de se rattraper avec un épisode final bien gratiné, il était déjà trop tard. Visitors out.
L’après Band of Brothers bien mal assuré, Pacific s’avère anecdotique malgré sa sur-production Hanks-Spielberg. Dès le deuxième épisode, on décroche. Aucune originalité, les vieux clichés américains du «ce n’était pas notre guerre» ressurgissent. Dégoûtant.
Blockbuster annoncé, Flashforward sévit d’entrée par un pitch du feu de dieu. Le monde entier s’effondre un 6 octobre, voyant ainsi défiler sous ses yeux son propre futur. Ou pas, car certains n’ont pas eu de flash et s’attendent donc à une mort future. Mais rapidement, l’idée lumineuse s’essouffle, les pseudos-révélations («Oh l’agent double !») et autres histoires de coucheries font bien maigres face au projet initial. L’intrigue s’effondre rapidement. Les épisodes bâclés du milieu de saison mettent en exergue l’impasse des scénaristes et le célèbre phénomène des 22 épisodes à combler. Dommage, on ne retiendra qu’un pilote d’envergure cinématographique et quelques scènes de tensions très puissantes. La série n’est pas reconduite, comme une évidence.

La confirmation du premier rang

Clairement la plus grande et la plus belle des saisons de Dexter avec ce duel fantastique de deux psychopathes meurtriers et bien dérangés. John Lithgow dans le rôle d’Arthur Mitchell, récompensé à juste titre aux Golden globes, s’empare de la série dès son lancement pour ne plus la lâcher et nous pousser, dès que son regard globuleux daigne s’élever, dans un malaise jouissif et prenant. La fin est d’une élégance dramatique jamais égalée, on reste cul à terre de très, très longues minutes.

Ce n’est que sa deuxième saison mais True Blood a déjà créé un univers singulier et propre à sa vision vampirique de l’Amérique profonde. Le jeune Jason est grand, d’un humour «dumbesque» idéal, Sookie s’est raffermie et les scénaristes eux, se sont enfin lâchés : ce dixième épisode déjà culte où Jason part en croisade contre des zombies forniqueurs, pistolet à clou vissé à la ceinture. Une parodie plagiaire des plus grandes références de l’horror-survivor.
The Big Bang Theory
continue son chemin, Sheldon monte en puissance et porte à bras le corps la série qui, il est vrai, délaisse volontiers les autres protagonistes pour ce très grand monsieur, geek refroidi, insensible asocial et totalement délirant. Des fous rires inaltérables (Sheldon en costume, Sheldon dans la piscine à boules, Sheldon et son chant diphonique) et un final qui annonce une prochaine saison dantesque. Car oui, il y aura bien une «Sheldonette» (la même, mais avec des seins). Hâte de découvrir ce futur duo.

A quoi bon les triplants ?

Desperate Housewives, tentant en vain de relancer l’attention de ses téléspectateurs à coup de décès, crash d’avion ou meurtres de gamines, n’aura pas séduit cette année. Rien n’y fait, on ne regarde que d’un oeil, les nouveaux habitants de Wisteria Lane (la famille Bolen) n’apporte rien à la mayonnaise périmée à part une intrigue bidon dont le sort s’avère un foireux happy end. L’autre grande déception cette année, c’est Entourage qui vient de gâcher une saison entière à satisfaire sa prétention mondaine et oublier l’essentiel, nous faire marrer.
Il est vrai, qu’à part deux ou trois épisodes exceptionnels (notamment le Playbook de Barney), How I met your mother pâtit d’un manque flagrant de régularité et d’imagination. Là où Sheldon a grandi, Barney lui s’épuise dans des vannes calculées et déjà entendues. Et comment les scénaristes ont pu le faire tomber amoureux ? Erreur fatale, ça nous coûte une bonne dizaines d’épisodes : fatigants et bien nian-nian, visualisés en accéléré.

Les génies en herbe

Préquel de la plus grande série de science-fiction jamais tournée depuis Battlestar Galactica, Caprica était attendue au tournant. Dans une ambiance futuriste pesante, les scénaristes dévoilent un univers sombre et malsain dès ses premières minutes. Sans jamais tomber dans le ridicule – et pourtant l’analogie adolescente-cylon était plutôt casse-gueule, Caprica arrive à se démarquer par son originalité incongrue et sa force imaginative, si caractéristique de son ainée. Neuf épisodes d’une beauté intellectuelle et spirituelle profonde, Caprica n’en fait pas trop, efficace et sans fioritures.
On le sent clairement, Bored to death est encore au stade foetal, test grandeur nature et mise en place des protagonistes. Et pourtant, d’entrée l’alchimie est divine entre Jonathan  écrivain perdu et bobo de Brooklyn, et Ray, loseur éternel, donneur de sperme raté et dessinateur en berne. À déguster comme un Rushmore télévisé, un brin plus sucré, un zeste acidifié. Une première synonyme de réussite et un univers très ouvert aux infinies possibilités. Que dire de Kenny Powers, le baseballeur raté, macho, raciste, xénophobe, inculte et bôf de Eastbound & down? Rarement un con délabré ne m’avait fait autant marrer. Une merveille d’auto-dérision et de provocation avec en bonus, la blonditude d’un Will Ferrel en promoteur automobile. Tout est bon, à bouffer sans modération.

Le bonnet d’âne

Après une septième saison remuante mais marquant clairement la fin d’un cycle, Jack Bauer et 24 reviennent à moitié endormis dans une première intrigue bateau et quelque peu épuisante. Mais dès  que l’ex-président Charles Logan débarque dans la série, c’est une tout autre affaire. On découvre un Jack Bauer prétentieux, suicidaire, fou, perdant toute lucidité et dirigé par la vengeance qu’il veut sanglante. Un bonheur un peu honteux de voir Jack éviscérer, tuer et torturer comme jamais. Mais le final est une terrible déception. On aurait aimé une mort pleine de dignité, conclusion idéale d’une vie plus que chargée. Et non, c’est un simple adieu foiré, sans l’ombre d’une émotion alors que notre héros – qu’on suit depuis tout de même 8 ans – disparait de nos écrans. Une conclusion ratée qui laisse un goût amer à cette dernière saison, sans même un pincement au coeur.

Le major, à jamais gravé, quasi canonisé

Soyons clair, Lost est la plus belle création audiovisuelle à ce jour. Certains pinailleront sur la fin sans réponses. Certes, mais si je puis me permettre, ils n’ont rien compris. L’ile est un prétexte. Les voyages dans le temps, les activités électromagnétiques irréalistes de l’ile, les initiatives Dharma ne sont là que par pure gourmandise. Lost une série humaniste basée sur les relations entre ses personnages, qu’elles soient amoureuses, amicales ou haineuses. La puissance symbolique du bien, du mal ; la beauté d’un baisé volé, d’une mort prématurée. La moitié des fans qui ont détesté cette sixième et dernière saison sont des geeks passionnés, ne voyant en Lost que son aspect scientifico-fantastique. Ils n’ont pas eu leurs réponses. Ils pleurent, crient au scandale. L’autre moitié (dont je fais partie) s’émoustille face au génie humaniste de cette saison finale, apothéose de la plus grande des séries. Les deux dernières heures, entre les flash-sideways d’une beauté chialante et la conclusion finale atteignent une puissance émotive inégalée, entre déchire-coeur d’une série culte qui s’arrête brutalement et le sourire en coin d’une aventure parfaitement ficelée et à jamais ancrée dans l’histoire de la télévision. Elle laisse ainsi un vide si profond que l’on a encore du mal, des jours après la diffusion, à accepter cet oeil fermé et  «laisser aller» : Let it go.

24 commentaires

  1. C’est marrant, j’ai commencé Breaking Bad. Ca m’a fait chier, j’ai arrêté. Vraiment en plus, même en me forçant, j’ai pas accroché. Peut être une faute de goût mais bon…

  2. faut être super patient avec breaking bad mais le jeu en vaut la chandelle, vraiment
    après c’est clair qu’il y a des moments plutôt down assez dur à supporter mais à partir de la deuxième saison il y a de plus en plus d’humour noir pour contre balancer. Et sans côté Sal l’avocat véreux qui arrive tardivement mais qui est un chef d’oeuvre et qui en soi vaut de tenir

  3. faut être super patient avec breaking bad mais le jeu en vaut la chandelle, vraiment
    après c’est clair qu’il y a des moments plutôt down assez dur à supporter mais à partir de la deuxième saison il y a de plus en plus d’humour noir pour contre balancer. Et sans côté Sal l’avocat véreux qui arrive tardivement mais qui est un chef d’oeuvre et qui en soi vaut de tenir

  4. Bester : faisant suite à ton commentaire, tu trouveras ma démission sur ton bureau avant midi pour incompatibilité d’ambition.

  5. Je comprends pas en fait. D’accord avec le premier commentaire, il y a du vrai, entouré de tellement de merde qu’on l’oublie. Tu parle de rock and roll, de hype, de sincérité , je ne comprends pas… ca ne va pas ensemble tout ca. De plus a travers ton article on sent bine ton style « ravageur » travaillé, ca aussi si tu veux c’est du déja vu et revu, et au final en ton jeune age et je soupconne ton peu de culture ( je n’nedoute pas que tu en as un minimum à force de lire les inrocks, télérama, étapes, beaux arts magazine, tracks)te font entrer dans le meme jeux que les dijonnais, tu es aussi fake qu’eux. Tu entre dans un épsece de combat de qui avait fait quoi avant, qui ets plus hype que qui, c’est quoi le rock and roll… The Who c’était du rock n roll? et pourtant c’était aussi des fashion victims a l’epoque ou ils étaient mods… pourquoi écrire des articles sur de telles choses… t’es musicien toi? t’es un programateur de salle? peut etre je sais pas je ne te connais, en totu cas t’écris vraimetnd es articles de merde j’espere que tu ne compte pas gagner ta vie avec ca…

  6. Arrêtez vous avec vos « oh mais quel article de merde, vous avez oublié breaking bad » ; « oh il est ou hung? abusé! »

    Il ne s’agit pas de présenter un absolu, c’est un article évidemment subjectif, et chaque article de type liste/récapitulatif va toujours omettre des choses importantes, il suffit de se contenter de juger les séries dont on parle ici, au lieu de s’étendre sur les absents.

    C’est d’ailleurs un article que je trouve intéressant (la montée en puissance de true blood grâce à son côté décomplexé, la chute libre de how i met due à sa prévisibilité), mais j’avoue que je ne comprends qu’à moitié l’engouement pour Lost. Je suis, ou du moins j’étais un grand fan des débuts de la série, mais ne trouves-tu pas que la série s’enferme dans son shéma pourtant original à cause de sa longueur? en d’autre termes, tu penses pas que Lost aurait été mille fois mieux s’il avait duré 3 saisons?

  7. D’où une troisième saison catastrophique car les scénaristes ne savaient pas la durée de la série et brodait…Dès lors que ces mêmes scénaristes ont été changé et qu’ils avaient un contrat pour 6 saisons, ils ont pu mettre en place une histoire cohérente. Sur 6 saisons, se chier sur une seule (la troisième), ça me semble compréhensible. Mais non, je pense que ces six saisons étaient indispensables pour la mise en place des personnages et des intrigues.

  8. Il y a, à mon sens, un paradoxe à trouver ce genre d’article dans ce blog, au vu du projet esthétique et intellectuel qu’il semble promouvoir. Que vient faire un papier en forme de recensement de la culture télévisuelle la plus mainstream dans Gonzaï, censé défendre une certaine idée (haute, à en juger par la hauteur hautaine du style des rédacteurs les plus chevronnés)de la culture, de la contre-culture même, et de l’individualité critique ? Peut-on s’annoncer fin gastronome et faire la chronique des derniers bons fast-foods? Le minimum quand on consomme de la sous-culture en grande quantité, c’est d’en avoir honte, s’il on veut encore pouvoir parler de bon goût sans se couvrir de ridicule. A moins de tomber dans le relativisme, dans le « tout est bon », grand ennemi de la distinction, et donc de la culture, quelle que soit sa forme.

    Alors merde, qu’on m’explique, n’avez vous donc pas de politique? Et qu’on ne me serve pas la vielle rengaine de l’éclectisme et de l’ouverture d’esprit façon « ici on parle de tout on accepte tous les points de vue sur tous les sujets », parce que là non merci, on la connait assez celle-là.

    Post-moderne ou pas, l’homme de goût se doit d’avoir ses valeurs, ses axiomes, pour ne pas se laisser cultiver à sa place. Quels sont les vôtres? En avez vous?

    Un lecteur désorienté.

  9. Cher Anonyme,

    Si vous considérez que les séries télé d’aujourd’hui sont de la « sous-culture », vous n’avez pas du en regardez une seule. La « culture télévisuelle » est j’imagine dans votre message un terme péjoratif, mais les séries d’aujourd’hui ne sont d’une part pas réellement liées à la télévision (du moins en France où il faut être assez masochiste pour attendre leur passage sur les chaînes hertziennes dans une VF affligeante), et surtout sont un nouveau domaine d’inventivité ou les contraintes (format, structure narrative accélérée, obligation de se renouveler tout en restant constante) amènent à un exercice très intéressant.

    Regardez donc un épisode de Mad Men, Bored to Death ou des Sopranos : si vous trouvez ça mainstream…

    Je pense que vous n’avez pas du voir autre chose que Desperate Housewives ou Dr House

  10. Cher « In bryanouze we trust »,

    Vous dites que « les séries d’aujourd’hui ne sont pas réellement liées à la télévision « . J’estime que quand un programme est financé par la chaîne de télévision qui le diffuse, et que sa forme est directement dictée par des normes lié à la manière dont il sera commercialisé, on peut dire qu’il est REELLEMENT lié à la télévision. On pourrait faire le même raisonnement avec la bande dessinée commerciale dont la format « album » et la structure narrative, plus ou moins proche du « feuilleton », est issue d’une logique industrielle de production, de diffusion, et de fidélisation de la clientèle. Et s’il existe une bande dessinée indépendante, produite en dehors des industries culturelles, ce n’est pas la cas pour les séries.

    Cela ne m’empêche pas, ne vous déplaise, de dévorer les épisodes de Dexter ou Breaking Bad, séries de grandes qualité. Je n’ai d’ailleurs pas dit qu’il n’y avais que de mauvaises séries, mais simplement que les conditions d’existence même de la série (de bonne ou de mauvaise qualité) interdisait de parler de « culture », sauf à vouloir tout niveler, tout confondre, et oublier que l’art doit son existence à l’autonomie du créateur et à l’indépendance du processus de création.

    Ne pas faire cette différence est pour moi le signe flagrant d’un manque de sens critique, et remet en partie en cause les intentions déclarées de Gonzai.

  11. Cher « aaaaaaaaaa » (j’ai le bon nombre de « a »?)

    merci pour la précision de votre pensée.
    nous touchons ici à un problème très vaste, puisque les concepts d' »art » et de « culture » sont très peu définis et connaissent beaucoup de sens différents.

    Je ne devrais pas relancer le débat mais je ne peux pas résister : Bach écrivait une cantate différente tous les dimanches pour l’église de la ville où il était domicilié, car il était un employé de cette église. Les cantates de Bach ne font pas partie de la « culture » selon vous? Le processus de création n’est clairement pas indépendant ici..

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