Quoi, un groupe de filles sur Gonzaï ? Et qui joue du rock ? Et du bien en plus ? Une fois passée l’émotion d’un événement qui devrait ravir toutes les supportrices de l’amicale Najat Vallaud-Belkacem, le deuxième EP de la Sofia Bolt, « Strange Reactions », renvoie à la cuisine une bonne partie des productions françaises, souvent pileuses et gueulardes. Ecoute en exclu sans discrimination positive, quelques jours après une inutile journée de la femme.
(C) Soraya Hocine
(C) Soraya Hocine

« C’est bien tous les groupes dont vous parlez toutes les semaines sur Gonzaï, mais une amie, féministe mais pas chienne de garde, m’a récemment fait remarquer qu’il n’y avait jamais de groupes de nanas ». La scène date d’il y a quelques semaines. La personne me fait remarquer ce que je sais déjà ; à savoir que sciemment ou pas, la femme n’a pas souvent droit de cité dans ces colonnes. N’allez pas croire qu’on soit machiste ou obnubilé par l’image d’Epinal du rockeur préhistorique (barbe de trois jours, perfecto élimé, clope coincé sur le manche à guitare à la Ron Wood, merci les poncifs) mais il est des vérités qu’on préfère taire. Comme par exemple le fait que les groupes de rock féminin restent dans leur grand ensemble inintéressants. Il y a celles qui, tentées par le grand challenge contemporain consistant à devenir l’égal de l’homme quitte à faire encore pire en enfonçant la porte ouverte du mouvement éculé Riot grrrl, n’hésitent pas à tomber dans tous les travers du genre (cheveux courts, revendications à la Clémentine Autain, rock au ras des pâquerettes). Bâillements. Il y a les autres, qui croient toucher juste parce qu’elles font l’extrême inverse avec d’insignifiantes comptines jouées avec une barrette dans les cheveux parce qu’elles croient que l’esprit Mon petit poney peut aller de pair avec la rébellion, puis qui s’étonnent que les fans de Motorhead aient envie de les souiller dans le caniveau. Au milieu de cet amoncellements de chromosomes XX, il y a aussi parfois des surprises, certes pas nombreuses, qui permettent d’écouter la musique sans penser au tour de poitrine. C’est précisément le cas du nouvel EP de Sofia Bolt.

Maintenant que nous sommes tombés d’accord sur le fait que dans le rock les femmes n’occupent souvent que la position du pot de fleur, abordons le cas Sofia Bolt pour ce qu’il est : un EP imparfait qui le rend mille fois plus attachant que toutes les conneries militantes de Savages.

sofiabolt-artwork-by-MARGOT-HOLTMAN-&-KATE-KORNBERGDerrière une pochette dont la photo semble avoir été prise depuis un TGV roulant à 45km/h, il y a d’abord la franco-américaine Amélie Rousseaux, fille d’une ex-chanteuse d’opéra et d’un père fan des Rolling Stones, David Bowie ou Television ; cette dernière référence expliquant certainement les guitares tendues comme un string (pardon) du premier titre Fight Me Off où les cordes saillantes font l’effet d’un cutter perdu dans le Big Apple de la fin des 70’s, quand la criminalité urbaine permettait à des groupes comme celui de Tom Verlaine, Talking Heads ou même Polyrock de voir le jour. C’est la première grande surprise de « Strange Reactions », l’accent anglais d’Amélie est imparfait, l’ensemble est parfois bancal, on écoute la tirade avec un air dubitatif et pourtant la magie opère. Puis dès le deuxième titre, Wind, on tombe dans le panneau. On oublie tout le mal qu’on a pu penser de ces féministes castratrices qui ont fait du mâle moderne une mauviette à peine capable d’aller faire les courses avec sa clope électronique, et l’on se prend d’affection pour Sofia Bolt, un groupe qui ressuscite les grandes heures de Polly Jean Harvey ou Scout Niblett. Une production sans artifice avec de vrais solos (des solos !) à l’intérieur, avec le couteau suisse Kim Giani à la batterie et Clémentine March (binôme d’Amélie dans son autre groupe Water Babies) à la basse. On ne va pas vous faire le coup du coup de foudre (« bolt » en Anglais) mais voilà aux côtés de La Féline l’une de ces rares exceptions françaises qui infirme la règle. Au moins chez Sofia Bolt, elles ne sont pas bleues comme dans les pubs pour serviettes hygiéniques.

Sofia Bolt // EP Strange Reactions
https://www.facebook.com/sofiaboltmusic

En concert avec Cléa Vincent à l’Eglise Saint Eustache le 26 mars

5 commentaires

  1. Vous êtes machistes et vous n’avez même pas le courage de l’assumer. Lâches et hypocrites, si encore vos critiques était bien écrite…

    1. Au contraire je trouve qu’il faut beaucoup de courage pour oser écrire autant de clichés machistes dans un seul et même papier; à défaut d’être intelligent ça dénote au moins d’une transparence dans ma connerie de mec primaire.

      1. Remarquez j’aurais peut-être du me contenter de 5 lignes copiées-collées de la biographie auréolées d’un « on aime on adore » pour coller au ton des féminins et autres succursales du divertissement, ça nous aurait généré 10 likes, une indifférence générale et puis on serait tous passé à autre chose sans réfléchir.

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