Comme tous les presque trentenaires, ceux de ma génération du moins, j’ai souvent la crainte de tomber pou

Comme tous les presque trentenaires, ceux de ma génération du moins, j’ai souvent la crainte de tomber pour un rien. Un rhume, un cancer, et me voilà terrassé pour une semaine à m’auto-palper la grosseur à la recherche d’un lymphome qui bien sûr n’existe pas.

Entre deux introspections du ganglion, j’écoute certains groupes de divertissement dans l’unique but de me dire que je suis encore vivant, et que oui, je réagis encore à l’électrochoc. Le dernier en date, c’était Jil is Lucky. Une bande de baltringue saltimbanque mené par le sosie de Mouloud Achour et quatre power rangers même pas crédibles dans le rôle des super-héros débarqués du Pakistan. Pour des raisons que j’ignore, ces groupes font subitement la Une des journaux. En l’espace de trois semaines, ils envahissent la sphère médiatique comme un gros cancer généralisé qui engloutirait d’un coup d’un seul tous les neurones des patients. Ils se revendiquent pour la plupart de Jonathan Richman, Ravi Shankar ou Dylan mais m’inspirent Achille Zavatta, Leon Zitrone ou Bouli (les plus vieux percuteront sur cette dernière référence).

Ils sont ce que j’appelle communément l’happy névrose, une musique qui fonctionne sur la formule mathématique matraquage médiatique + carte bleue + consommateur = déficience neuronale collective.

En général, des requins de studio nagent en eaux troubles, accompagnant les clowns avec des solos parfaits et des accords en Ré majeur pour saupoudrer le tout d’un peu de bonheur. Des types tels que Renaud Letang, le Guy Marchand de la production made in France, jonglent tellement bien avec le pathos variété que l’envie de m’amputer des oreilles quelques fois me titille. Peut-être est-ce l’hypocondrie génitale, mais le bon goût collectif m’a toujours refroidi.

Le prochain super album de Phoenix n’échappe pas à la règle. L’idée que ce groupe papier glacé puisse tout autant conquérir la fange crypto-gay du 1er arrondissement que les bons pères de famille de Tourcoing… Cette idée me terrifie. Propres, bien sur eux, maqués avec l’intelligence artificielle qui fait des travellings de soleils couchants (Sofia Coppola), bon clients du Network US (le Saturday Night live en avril), Phoenix c’est l’artifice en facial, le PlayMobil universel, les cigarettes en chocolat, le Coca Zéro, la pop au plus faible degré de subversion et l’assurance d’une retraite à 55 ans pour les fonctionnaires du divertissement.

Je n’ai pas écouté le nouvel album, mais décrète ici bas qu’il faudra bien m’intuber sec pour prendre du plaisir à écouter la perfection. Phoenix, Strokes, même combat ? Vous aimez les concerts qui reproduisent à la perfection le son d’un album, la splendeur des chemises repassées et les mélodies putes en vitrine qui vous font de l’œil en warning ? Comme d’habitude, tout le monde votera pour le palliatif avec des 4 étoiles pour un disque qui n’en vaut même pas une. Parce que le conglomérat du festif vous a dicté qu’il valait mieux aimer Phoenix que de vous débrancher avant la mort. Deux synthés (les mêmes que depuis le premier album), une ligne de guitare à la manière des Jackson 5 et la voix en jean slim et chemise coton qui colporte un message équivalent à celui de l’autiste qui s’éveille à la vie et vous obtenez la puissance d’un single qui clignote comme un hôtel de passe.

En toute sobriété, leur prochain album s’intitule Wolfgang Amadeus Phoenix. Peut-être le prochain Strokes se nommera-t-il Martin Luther Strokes, toujours est-il que je sens comme une grosseur au fond de la gorge. C’est la notion de plaisir qui a du mal à passer. Vivement qu’on trouve un vaccin.

http://www.myspace.com/wearephoenix

 

 

 

30 commentaires

  1. Phoenix, hédoniste, moderne, grands songwriters.
    Le rôle de la musique n’est pas forcément d’être subversif, et il ne faut pas écouter la musique qu’avec la tête. En outre, d’un point de vue de la composition, ce disque est unique dans son mélange d’ingrédients. Aussi faut t il s’initier aux genres contemporains.

  2. Le mieux dans tout ça monsieur Bester, c’est que de votre propre aveu vous n’avez même pas écouté le disque.

    Et ça se croit subversif …

  3. Tout ça pour dire que votre article parle de tout, sauf de musique. Ah si. De vagues reproches (basés, donc, sur pas grand chose, puisque vous n’avez écouté l’album): ces pauvres Phoenix seraient trop proprets. Propret, Elvis l’était aussi en comparaison avec Screamin’ Jay ou Hasil Adkins… il est temps d’en finir avec cette vision presque mythologique du rock’n roll « sauvage »: à de rares exceptions près, ça reste un buisness, du divertissement de masse: de l’entertrainement, comme vous le dites dans votre titre alléchant. C’est prendre cette vaste mascarade qu’est le rock bien trop au sérieux que d’ouvrir le feu de la sorte sur Phoenix – tirer sur l’ambulance, en somme.

    Je comprend pas trop votre démarche.
    Si vous voulez vraiment être subvsersif, tapez sur des cibles un peu plus innatendues; Phoenix et les Strokes, c’est du réchauffé, nimporte quel blogger grincheux peut en faire autant.
    Et si vous voulez vraiment parler musique, alors écoutez l’album avant de prendre votre plume.

  4. Propret comme tu y va vite!!!
    Ils sont pas très bien coiffés et mal rasés!!! Et le respect du public!!!

    Charles Trenet par exemple ne se serait jamais montré de manière aussi débraillée en public!!

    De plus pourquoi donc ces jeunes gens tirent ils des tronches d’enterrement?? Y’a t’il eu un décès pendant le tournage du clip!! De dynamisme, de la joie de vivre, là encore j’en appelle à la mémoire du fou chantant ou plus récemment des Télétubbies qui eux n’engendrent pas la mélancolie. L’autre jour j’ai vu le fantaisiste Gad Elmahlet et bien il était visiblement heureux d’apporter du bonheur au public!!

    Les jeunes membres de cet orchestre Phoenix devraient en faire de même!!

    Sourire et respect du public!!

  5. cher henry
    donc si je comprends bien on ne peut pas avoir une opinion sur un groupe si il a déjà été taillé par …combien de personnes ?
    c’est bien ce que je pensais il y a une hype des groupes à descendre qui me fait autant gerber que la hype officielle
    alors c’est quoi la nouvelle mauvaise herbe qui s’est infiltré chez les hommes de bons goût ? dis moi sur qui taper je peux le faire …
    un groupe qui fait de la soupe mon cher c’est intemporel

    et le fou chantant souriait beaucoup aux jeunes garçons …

  6. Cher Serlach,

    comme vous je déplore l’existence d’une « hype des groupes à descendre »; et justement, pour moi Phoenix en fait partie. D’ou mon message, que vous avez de toute évidence très mal interprété.

  7. Houé !!! Cool ! Comme les grands, les Nazrocks, Rock et Foutre, pas de besoin d’écouter pour faire la critique. Non seulement vous avez de l’avenir mais en plus c’est déjà votre présent !
    @ Jean-Emmanuel Troll De Luxe : c’est quoi de juger quelqu’un sans l’entendre, juste sur son apparence, son origine ? Je suis partout et bien évidemment déjà ici ?
    Blague à part, cher bstr, c’est juste un peu décevant de votre part et vos attaques prennent plus de places que vos coup de coeurs (c’est dangereux pour votre santé !)

  8. Cher Pietro & Serlach

    Que de lourdeurs

    Ma réflexion citant Charles Trenet était teintée d’humour!!! Je ne croyais vraiment pas être pris au premier degré!!!

    Sinon Phoenix je connais merci
    C’est franchement supportable mais pas excessivement passionnant.

    Voilà j’espère que tout est clarifié!!

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