Oh La La !, cela aurait dû être le nom d’un groupe anglo-saxon dont les membres auraient participé à un séjour linguistique parisien l’année de leurs treize ans. Mais en fait non, Oh La La ! c’est Natasha – ex-meneuse d’A.S Dragon – et deux acolytes qui revendiquent une sensualité qui se voudrait sauvage et des textes qui se voudraient extrêmes. Autant vous dire que le résultat est aussi ébouriffant que la B.O d’une campagne Zadig et Voltaire.

Avant de me rendre au Nouveau Casino pour assister à leur concert, il me paraît nécessaire de jeter une oreille à ce que font ces gens. Ah, tiens ! Un single – Un poing c’est tout – évoquant le fist-fucking sur fond de jeu de mots – et Dieu sait combien j’aime les jeux de mots. Afin de ne pas saper ce qu’il pourrait me rester de motivation, je décide de ne pas poursuivre plus loin l’investigation.
Le soir venu, je ne parviens pas à esquiver l’intégralité de leur première partie. J’arrive donc à deux titres de la fin du set d’Air Bag One mené par un tout jeune clone de Xavier Dolan. Par chance, leur dernier morceau, très efficace, me permet d’envisager presque sereinement l’arrivée de Natasha.

Entre les deux sets, trop paresseuse pour chercher à me sentir à ma place, je m’incruste dans le mur et laisse mon regard divaguer. A vue de nez, les trois quarts de la salle sont invités, et devant moi un groupe de quadra-arty-amateurs-de-pop-française rie très fort en parlant montage de clips. Au milieu d’eux, irradie le sosie de Farrah Fawcett époque Drôles de Dames, dont le brushing impeccable me cache le tiers de la scène. Annonçant le début du set, un Monsieur Loyal trash interpelle la « bandes de fils de pute » du public annonçant une ambiance « Oh la la ! » à base de « doigts dans le cul ». Je suis séduite. Venue de nulle part, retentit alors l’intro du It’s Like That de Run DMC. Natasha, son t-shirt blanc en coton – transparent ce qu’il faut et porté sans soutif – et son pantalon en cuir vernis arrivent. Tu la sens bien l’ambivalence entre la pureté de l’enfance et le vice de la femme libérée ?

« Qui est-il ? C’est elle. Qui est-elle ? C’est il.» (Nu dans ton jean)

De sa jolie voix grave, elle susurre des paroles dont la poésie pourrait parfois rappeler l’univers d’Indochine. Natasha se trémousse, se jette dans la fosse et hâlette sensuellement dans le micro entre les morceaux. Extrême, on t’a dit.

Étrangement, je n’ai d’yeux que pour ce couple à ma gauche qui a visiblement senti l’occasion de s’encanailler. Lui, expert comptable, elle, secrétaire médicale : « Chérie, sors ton perfecto Promod, ce soir je t’emmène à un concert de rock français ». Ils s’embrassent avec passion et leurs larges mouvements de mâchoires reflétant admirablement bien la lumière, provoquent en moi la nausée. Tentant de détourner mon attention, je tends l’oreille pour me concentrer sur les paroles du groupe. Hein ? Quoi ? « Il baille Superman » ? Humm, trop de je-ne-sais-quoi a dû me rendre sourde. Emporté par le rythme, le petit couple continue de se dandiner nerveusement, collés l’un à l’autre, en m’éclaboussant de leurs phéromones.

Les titres s’enchaînent, je ne relève ni faux pas ni moment de grâce, et le set se clôt sur Rendez-vous avec un salaud « parce que rendez-vous avec une salope, ça marche moins bien, hein ? » Aucun élément ne m’a été apporté ce soir pour en juger. Rendez-vous manqué, un poing c’est tout.

http://www.myspace.com/natashaband


5 commentaires

  1. Assez rigolo, la Natasha qui clame à longueur d’interviews que Oh La La ! est un groupe, une vraie démocratie… Et l’adresse du Myspace c’est « natashaband ».

    Merci pour ce très bon article, Ismène.

  2. Article drôle mais tellement vrai, je l’avais vu à la Flèche d’or l’année et déjà j’avais trouvais ça ultra chiant mais j’avais mis ça sur le compte du manque de rodage du groupe..en fait non c’est les chansons 🙁

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