Depuis Chicago, les gilets jaunes de Mutant Beat Dance nous offrent un monumental album composé de 25 titres : entre funk démoniaque et new-wave angoissée. Gloire à Satan !

Quand avez-vous pris conscience de l’existence du Grand Satan ? Quel effet cela fait-il de perdre pied pour la première fois devant la présence de l’invisible ? Prendre conscience d’un autre monde, d’une autre réalité : moins tangible, plus floue, plus maligne. Je vous parle de la rencontre avec le monde de l’au-delà, un simple aperçu – à peine effleuré – du royaume de l’antique Serpent, chef des pouvoirs occultes.

Personnellement, je me souviens de ma confrontation avec le diable, à l’âge pré-adolescent. Jusqu’alors, j’envisageais Belzébuth et ses supports comme un concept vague issus d’un dessin animé vaguement gothique du genre Taram Et Le Chaudron Magique.

Aussi bizarrement, cette révélation occulte s’est manifestée pour moi sous les traits d’un objet aussi anodin qu’une vieille K7 VHS : celle du film Trois Hommes Et Un Bébé de 1987 réalisé par Leonard Nimoy – oui, le Dr Spock -. Et starring Tom Selleck. On avait loué cette K7 entre copains un samedi après-midi de perdition, on devait avoir douze ans. Pourquoi cette comédie à la con et pas un blockbuster type Predator ou Robocop ? Parce que ce film nous faisait beaucoup plus flipper que Hellraiser et qu’une une légende tenace courait dans la cour d’école : le diable – ou du moins les satyres du monde invisible – avait choisi ce médium pour communiquer avec nous, les humains de descendance adamique, afin de nous ouvrir les yeux et nous faire prendre conscience de son existence menaçante. Et Satan avait choisi un film avec Tom Selleck pour cela.

La légende racontait que dans la maison qui avait été le lieu de tournage de Trois Hommes Et Un Couffin, un jeune enfant s’était défenestré et que, depuis, la maison était hantée. On parle là d’un fait autour du tournage et qui n’a absolument AUCUN rapport avec le propos du film. En effet, sur deux ou trois plans du film – à la soixantième minute précisément – on distingue parfaitement en arrière-plan de l’action le spectre d’un enfant blond devant la fenêtre qui regarde fixement la caméra. QUI NOUS REGARDE. Hail Satan ! On se passait ces scènes au ralenti avec moult arrêts sur image pour en comprendre le sens. Quel était le message du Malin dans ce regard imprimé dans le celluloïd ? Pourquoi avoir choisi un film avec Tom Selleck ? Si la moustache était le lien ?

Black Devil Disco Club

Près de 30 ans après la vision maléfique derrière la moustache de l’interprète de Magnum, le combo Mutant Beat Dance sort ce disque incroyable. Lui aussi est gorgé d’ambiances occultes sur des sonorités dégueulasses enregistrées sur VHS. Une oeuvre ténébreuse de plus de 200 minutes, 25 titres qui sonnent comme un concept fou de disco-black métal. La vingtaine de morceaux sonne comme des squelettes de funk putréfié, allié à une esthétique post-punk et un hommage à l’âge d’or de la house music des grands-pères fondateurs de Chicago. D’ailleurs, les nouveaux punks qui forment Mutant Beat Dance viennent de Chicago et sont composés de  Beau Wanzer – bien connu de nos services , Oliphant c et le dernier arrivé, Steve Summer. En solo, ils ont chacun une carrière reconnue des « initiés » et ont sorti différents projets au format K7 monochrome ou EP vinyle pressé à peu d’exemplaires sur des labels « oune-deur-ground ». Mais n’ayez pas peur : derrière l’esthétique arty Bandcamp se cache un projet très pop. Ce n’est pas du drone expérimental chiant, mais une collection de chansons flippées. La majorité des pistes sont chantées, même si le mot « chanté » n’est pas le meilleur adjectif qui vienne à l’esprit : telles les expérimentations sous héroïne d’Al Jourgenstein de Ministry, on ne sait pas s’il s’agit d’un être humain ou de Satan qui se prend pour MC Hammer.

Nous sommes donc en face d’un projet ambitieux réalisé par une team de quadra DJ producteurs érudits à laquelle il faut ajouter des collaborations avec des musiciens de LCD Soundsystem. On y trouve par exemple une reprise de Feed You Enemy du groupe Magazine.

Beau Wanzer est branché musique industrielle européenne et collectionne les films gores des années 80 en VHS. Oliphant est, lui, orienté house et post punk agressif. Ils avaient sorti auparavant deux ou trois maxi devenu cultes sous le nom de Mutant Beat Dance mais, là, ces 25 morceaux dépassent l’entendement : c’est un véritable Sabbat noir érotomane et morphinomane et les natifs de Chicago nous invitent au congrès de l’occultisme où se joue de la vieille funk 80 aux mocassins usés avec énorme boucs aux cornes dorées, équipage baroque, sorciers riches et princes à la barbe mal peignée sur les chevaux de l’Apocalypse. Gloire à Lucifer ! Gloire à Tom Selleck !

Mutant Beat Dance // Rush Hour Records // 2018
https://mutantbeatdance.bandcamp.com

6 commentaires

  1. yo, disquaire rebel du 11£ paname corrige des fautes de temps et chronologiques sinon tu fait bassse-tringle apres 20HRS

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