Qu’on soit révérend ou pas et quand on a déjà sorti deux très bons albums solo (« Plaisir solitaire » et « Sous la ceinture », merci Google Translate) on n’a pas le droit, comme ça, de se pointer la queue entre les jambes avec un nouvel album nommé « Du Sang sur les touches ». C’est petit. Ou alors il y a un sens caché vraiment très sale que je n’ai pas saisi.

On s’attendait au minimum à un titre dostoïevskien «Onanisme et Téquila» et on rêvait même d’une escapade ibérique avec « Branlette Espagnole » en double LP. Bref un disque qu’on aurait pu offrir en société ou accrocher au-dessus de son lit. Et là, on tombe presque aussi bas qu’un Miossec qui partait pourtant bien avec « Boire » et « Baiser » et qui a poignardé froidement ses fans avec son troisième disque, lâchement intitulé « A prendre ».

Mais revenons à notre mouton moustachu : John Wesley Myers aka Reverend James Leg, ancien membre des Black Diamond Heavy et des Immortal Lee County Killers, né au Texas et fils de prédicateur selon la légende. Le boulot du paternel lui aurait inculqué dès l’âge de six ans l’amour du gospel et du piano. Crise d’ado et 45 tours d’Eddy Mitchell lui auraient par la suite fait découvrir le boogie, le whisky et le rock’n’roll. Petit doute pour Eddy, c’était peut être plutôt Howling Wolf mais on ne va pas pinailler.

L’animal trimbale sa carcasse sur les routes depuis pas mal d’années, à deux dans un van, Fender Rhodes et Fender Bass dans le coffre, à coté de la batterie. Pourquoi s’emmerder avec un bassiste et un guitariste quand on a une main droite et une main gauche ? Concernant le bonhomme derrière les baguettes, il a changé au fil des années mais depuis quelques temps on le voit principalement avec le français Mat Gaz, également batteur de Mars Red Sky.

« Blood on the keys » sort comme les précédents LP du révérend sur le label Alive Records. Le disque a été enregistré dans un ancien temple maçonnique reconverti en studio : The Lodge à Dayton dans le Kentucky. De quoi réalimenter les théories du complot. Et même si c’est sûrement psychologique, le son de l’album est imprégné de ce grand espace ésotérique et résonnant, on imagine déjà le micro à l’autre bout de la pièce captant les morceaux mi-divin mi-satanistes joués à 120dB. Certains diront qu’ils ont juste mis la dose de slapback et de reverb au mixage et ceux-là manqueront cruellement de poésie.

Mettre le disque sur sa platine, c’est plonger dans l’âme tourmentée du Texan et passer en revue ses désirs, ses peurs et ses exutoires. Du slow torturé façon Screamin’ Jay Hawkins au boogie endiablé presque heavy. Du rock le plus païen et décadent à la complainte la plus sacrée avec une voix qui ferait passer la moitié des chanteurs de la planète pour des ados prépubères.

Et pour ceux que la question taraude depuis le début, à savoir si le révérend James Leg est vraiment révérend, et bien c’est un peu comme se demander si les Beach Boys étaient réellement capables de tenir debout sur un surf ou si le Captain Beefheart était vraiment capitaine… probablement bien entendu, mais dans le doute mieux vaut ne pas savoir.

James Leg // Blood on the Keys // Alive Records
http://www.alive-records.com/artist/james-leg

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