On connaissait les dylanologues, les stonologues, bien sûr, les springsteenologues ou encore les beatlesologues. Mais qu'en est-il des stoogeologues ? Qu'est-ce que c'est que cette espèce-là ? Partir à la recherche du stoogeologue aux États-Unis relevant de la grande aventure, du Camel Trophy en quelque sorte, ça sera pour une prochaine fois. Aujourd'hui, intéressons-nous à un cas très spécial : the True European Stoogeologist.

Bienvenue dans le royaume magique et ô combien périlleux des maniaques, les amis. Vous savez, ces nombreux mâles et ces quelques femelles qui éprouvent des sensations fortes au contact des disques et des trucs du même genre, qu’il s’agisse d’un pressage français de « Raw Power » ou d’une chaussette sale ayant appartenu à Ron Asheton. Si le groupe d’Iggy s’avère dès ses débuts très proche de Paris, de prime abord et d’après les quelques sources que j’ai pu trouver, on peut fixer l’apparition du stoogeologue européen chez nos amis d’outre-Rhin. Peut-être que l’environnement d’une Allemagne qui se reconstruit (même au milieu des années 70, il devait bien rester quelques trucs à reconstruire) était plus propice au développement du stoogeologue que tout autre en Europe.
Les premières traces laissées par le stoogeologue teuton datent de 1976 et prennent la forme d’un petit magazine appelé Honey, That Ain’t No Romance. C’est à Braunschweig que ça se passe, dans le Land Niedersachsen (Basse-Saxe). Honey, That Ain’t No Romance a vécu le temps de deux numéros, puis a disparu. Ces deux traces ont été laissées par une certaine Metchild Hoppe et un certain Harald Inhulsen (ou Harald In Hülsen, selon les époques). Metchild Hoppe était connue pour rôder à fond autour d’Iggy Pop. Sa ligne de conduite — « I am his one true fan and I’ll do anything ! » — atteste la légitimité de son ambition. D’après quelques informations forumesques, il est possible qu’elle ait même été sa girlfriend. De son côté, Harald Inhulsen était journaliste pour le magazine Musik Express. De la fin des années 70 au milieu des années 80, il a rencontré Père Ubu, John Cale, Tom Waits, Marianne Faithfull, et a couché ces entrevues sur des bouts de papier. Dans Honey, That Ain’t No Romance, Harald a fait en quelque sorte ses premières armes. Plus tard, il fera des films, organisera des festivals et louchera vers l’enseignement supérieur.

Comme tous les détraqués qui se respectent, ces premiers stoogeologues européens ont laissé une empreinte maniaque, une trace sur la scène du crime : sur l’un des pressages du disque « Metallic KO », de couleur bleue, on retrouve l’adresse de leur fan club. C’était pour se faire des sous ? Parce que leur pressage demeure relativement contemporain du pressage d’origine, fait par le label français Skydog. Bon, à la limite, on s’en fout de tout ça. Revenons plutôt à cette ville, Braunschweig, et à cette question : pourquoi cela me semble-t-il logique et imparable que les premiers stoogeologues fassent leur apparition là-bas plutôt qu’ailleurs ? Hein, pourquoi ?
C’est un peu comme lorsque l’on traverse l’Allemagne à bord d’un Regionalbahn avec V2 Schneider de David Bowie dans les oreilles. Ça prend tout son sens. Ce n’est pas à cause de la consonnance germanique de la chanson, c’est à cause du décor formé par le train, les friches industrielles, les voies ferrées. C’est simple, mais ça marche. V2 Schneider dans le métro parisien, ça marche moins bien. Et V2 Schneider dans un tram de n’importe quelle ville de France et de Navarre, ça marche encore moins. Je pense que Braunschweig et les stoogeologues, ça va dans le même sens. J’ai été une fois à Braunschweig et ça m’a frappé l’esprit.

Down on the Braunschweig street

C’est en rendant visite à un ami qui habitait Gifhorn, une petite ville de Basse-Saxe parsemée des inévitables supermarchés flashy — Aldi, Lidl, Penny Markt… pour le coup, on monte en gamme dans l’aspect coloré avec ces magasins-là — que j’ai assimilé les règles à respecter pour se rendre à Braunschweig. Tout d’abord, il faut savoir qu’un voyage à Braunschweig ne se prépare pas. Ça surgit, comme ça, ça naît de l’imprévu. Ensuite, il faut se retrouver dans une voiture, toujours sous le joug du hasard. C’est sans encombre que la voiture est partie de Gifhorn. Mais, dès lors qu’un des quatre passagers a eu la mauvaise idée de décapsuler une bouteille de bière dans l’habitacle, tout est parti en vrille. La voiture a fait une embardée, suivie d’un dérapage dans le fossé. La conductrice, à l’origine de tout cela, justifiera son comportement par ces quelques mots : « J’avais dit pas dans la voiture ! » Mis à part ce léger incident, le reste du voyage se déroule sans heurts, dans un silence glacial.
La suite, c’est la prise de contact avec Braunschweig, la ville des pianos Steinway et Schimmel. L’endroit possède son lot de bâtiments historiques, c’est certain. Mais nous nous retrouvons dans un dédale de rues commerçantes, qui, de lui-même, nous expulse en périphérie. De là, nous traînons nos guêtres de supermarchés en supermarchés, de petites galeries commerçantes sombres en petites galeries commerçantes un peu moins sombres, de trottoirs en trottoirs. Je garde un fort souvenir d’endroits néonisés assez retirés de la vie, tout simplement. Mais dans tous les cas, l’ambiance est perceptible, ça sent le stoogeologue à plein nez. C’est le territoire idéal pour son développement. On imagine très facilement la déambulation d’un stoogeologue dans ce milieu-là. Il sort de chez lui, d’un bloc, il est down on the street, il se balade, il y a les petits centres commerciaux, les néons, les univers vides. On pourrait même dire que l’on peut sentir les fantômes des stoogeologues du passé, tellement l’atmosphère en est imprégnée. Tout concorde pour favoriser la prolifération du stoogeologue dans un tel milieu, c’est l’endroit rêvé.

Si l’on en croit les flux migratoires, le stoogeologue s’est ensuite pas mal déplacé, il est au moins descendu jusqu’en Espagne après avoir transité par la Belgique, la France, la Suisse. En peu de temps, on peut aussi remarquer que le stoogeologue a muté au fil de ses pérégrinations. Comme l’affirment certains témoins, le génome du stoogeologue a muté au contact de milieux naturels différents : à Rouen, par exemple, lors du concert des Stooges à la Grande Armada, on a pu apprécier le déplacement d’une petite espèce bien délicate, très discrète, l’ashetonologue. Cette espèce-là est bien plus vicieuse, et pour l’étudier, c’est coton. Il ne suffit pas de se trimballer en voiture et de se balader à pieds pour en apercevoir, c’est beaucoup plus difficile et cela demande beaucoup plus de temps. Mais nous verrons tout cela dans un prochain cours d’histoire naturelle. C’est promis.

6 commentaires

  1. Récement le iggy popologue s’est transformé en joe dassinologue voir en henrisalvadorlogue… On remarque un changement au niveau de la taille de son rectum qui entraine de nombreux désagréments. Il paraitrait que certains se masturbent même en pensant aux nombreuses pub de l’homme à la peau d’écailles

  2. Je reviens de mes vacances en Italie, où j’ai vu le concert de Radiohead à Florence et jeudi soir par pur hasard j’ai réussi à voir son concert gratuit à Florence pour le Hard Rock Café. Mouais, c’est un vieux qui devrait se rendre et arreter de monter sur scène. Torse nu pantalon moulant, sa gestuelle d’iguane, et puis…et puis rien il a évité de donner ce que le public voulait: ses classiques…Bordel, ses classiques sont cultes, c’est l’histoire du rock…puis rien…ah si, il se jette dans la foule une fois, puis deux…puis rien. Le show sera l’image de la fan et en plus bonasse (désolé de la vulgarité, mais la miss était vulgaire) torse nue elle aussi, la concurrence d’Iggy….bref
    Quel est le groupe ou qui mérite d’etre vu en live aujourd’hui?

  3. « Post Pop Depression » est un excellent album ! Un vrai plaisir cette collaboration Josh Homme/Iggy ! Je suis fan depuis 20 ans, mais là quelle réussite ! Je suis tellement content que j’ai essayé de faire une vidéo sur une des chansons. C’est « American Valhalla », vous pouvez la voir ici. En espérant que ça vous plaira !

    https://www.youtube.com/watch?v=ppenr-cgMBk

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